| AFFRIOLER, verbe trans. A.− Emploi trans., fam. 1. Sens propre. [Le compl. est un nom de pers., un nom d'animal ou le nom d'une chose en rapp. avec un être hum. ou un animal] Exciter le désir de manger ou de boire des choses délicates; attirer par de menues choses agréables à manger ou à boire : 1. On trouvait dans le choix des mets exquis dont on couvrit la table tout ce qui pouvait affrioler le goût le plus délicat.
S. Mercier, Néologie ou Vocabulaire de mots nouveaux, t. 1, 1801, p. 16. 2. XIII. Petit chien je t'affriolais Avec du sucre et mes mollets.
S. Mallarmé, Vers de circonstance,Sur des galets d'Honfleur, 1898, p. 174. 2. Au fig. [Le compl. du verbe est un nom de pers. ou un nom de chose propre à une pers.] Attirer, mettre en appétit par de menues choses agréables : 3. Moi, des sujets polissons Le ton m'affriole.
P.-J. de Béranger, Chansons.t. 1, La Gaudriole, 1829, p. 14. 4. Pierre maintenant ne cessait pas de faire danser la Renaude. Une fille qui avait mauvaise réputation et dont la mère passait pour un peu folle. Pas jolie, mais ayant un certain charme agaçant qui affriolait les hommes, avec ses gros yeux ronds et jaunes, son nez trop court et ses cheveux luisants. Et mise avec un goût tapageur : des étoffes voyantes à carreaux qui lui donnaient l'air d'une enseigne enluminée.
É. Moselly, Terres lorraines,1907, p. 88. 5. Un jour d'avril 1942 notre ami M., l'un des anciens d'Oberwesel, affriolé par la réputation de cette veuve ardente, demanda à prendre son tour. Il nous revint une semaine plus tard, les sens apaisés, mais encore terrifié par les dangers qu'il avait courus.
F. Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 203. − P. ext. Intéresser vivement, exciter : 6. La guérison de cette névrose affriolait le génie de Bianchon.
H. de Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 393. 7. D'ailleurs, tout l'équipage de la petite goëlette y mettait du zèle. La prime affriolait ces braves gens. Aussi, pas une écoute qui ne fût consciencieusement raidie! Pas une voile qui ne fût vigoureusement étarquée! Pas une embardée que l'on pût reprocher à l'homme de barre! On n'eût pas manœuvré plus sévèrement dans une régate du Royal-Yacht-Club.
J. Verne, Le Tour du monde en quatre-vingts jours,1873, pp. 116-117. Rem. 1. Affrioler ,,se dit familièrement pour affriander`` (Besch. 1845); il est noté comme ,,familier`` ds Ac. 1798-1932. 2. Il s'emploie volontiers dans un cont. qq. peu léger ou frivole ou péj. B.− Emploi pronom., au propre et au fig., fam. Se mettre en goût, en appétit. Se laisser prendre à ou par... Rem. Attesté ds Besch. 1845. Prononc. − 1. Forme phon. : [afʀiɔle] ou [afʀijɔle], j'affriole [ʒafʀiɔl] ou [ʒafʀijɔl]. Passy 1914, Harrap's 1963, Warn. 1968, Pt Rob. transcrivent le mot sans yod. Dub. et Pt Lar. 1968 le transcrivent avec yod. Enq. : /afʀiol/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : affriolage, affriolant, affriolement. − Rem. Les dict. du xixes. ne notent pas yod à l'exception du DG. Étymol. ET HIST. − 1530 « attirer par des friandises » (Palsgrave, Esclarcissements de la lang. fr., p. 483 ds Gdf. Compl. : Vous affriollez cest enfant tant que vous le gastez).
Dér. du m. fr. frioler propr. « frire » (1393, Ménagier ds Gdf.), fig. « brûler de désir, être avide » (Jehan des Preis, Geste de Liege, 12 686, Scheler, Gloss. philol., ibid. : fils al duc de Borgongne qui de bonteit friolle); préf. a-1*. Frioler (dér. de frire*, d'apr. un processus difficile à expliquer) est bien attesté dans les dial. du Nord-ouest (FEW t. 3, p. 789 b) spéc. le norm. (Moisy 1885 : Frioler. Avoir grand envie, brûler de désir [...] aussi usité activement avec le sens d'affrioler : V'là du fricot qui m'friole); cf. l'adj. m. fr. friolet « (d'une pers.) friand », xives. ds Gdf. STAT. − Fréq. abs. litt. : 14. BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Dup. 1961. − Gall. 1955, p. 468. − Laf. 1878. − Le Roux 1752. − Mont. 1967. − Regula (M.). Etymologica. In : [Mélanges Gamillscheg (E.)]. München, 1968, p. 484. |