| AFFLIGEANT, ANTE, part. prés. et adj. I.− Part. prés. de affliger*. II.− Adjectif A.− Qui cause de l'affliction, un grand chagrin. 1. [Qualifie un inanimé] Nouvelle bien affligeante (Ac. 1798-1932) : 1. Le lendemain, nous quittâmes ce jeune misanthrope qui, quoique paroissant jouir de tout ce que la vie a de plus attrayant, santé, activité, aisance, avoit cependant conçu de la nature humaine des idées bien lugubres et bien affligeantes. Peut-être n'avoit-il considéré que le revers du tableau!
J. de Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'État de New-York,t. 1, 1801, p. 168. 2. ... si ce monde est affligeant comme énigme, il est encore assez divertissant comme spectacle.
J. Lemaître, Les Contemporains,1885, p. 208. 3. MmePolant arriva à ce moment-là, avec son instinct sûr, sentant bien qu'une mise à la retraite était un événement aussi affligeant qu'un décès. Elle n'apparaissait que dans les circonstances où on l'appelait : « ma pauvre Polant ».
M. Druon, Les Grandes familles,t. 1, 1948, p. 176. 2. Rare. [Qualifie une pers. et son comportement] :
4. Je connais tant de femmes affligeantes, tant d'enfants propres à désoler, que je n'ose espérer être du nombre des biens partagés. Ici, comme toujours, je préfère renoncer au bon lot que de courir la chance des mauvais.
H.-F. Amiel, Journal intime,janv. 1866, p. 53. B.− Pénible, difficilement supportable (en raison de l'origine modeste, du faible niveau, etc.) : 5. − Ah! Citoyenne, s'écria le militaire, vous venez de voir nos législateurs aux Tuileries. Quel spectacle affligeant! Les représentants d'un peuple libre devraient-ils siéger sous les lambris d'un despote? Les mêmes lustres allumés naguère sur les complots de Capet et les orgies d'Antoinette éclairent aujourd'hui les veilles de nos législateurs. Cela fait frémir la nature.
A. France, Les Dieux ont soif,1912, p. 104. ♦ Il est affligeant de (+ inf.), que (+ subj.), loc. impers. : 6. Évidemment, on nous répète avec beaucoup de constance qu'il est tout à fait affligeant pour lui d'avoir un père prolétaire, et que sa grandeur d'âme se reconnaît à la façon dont il supporte la « honte » de cette naissance.
R. Brasillach, Pierre Corneille,1938, p. 270. ♦ L'affligeant est de + inf. : 7. L'affligeant était de voir de braves gens et de vrais artistes, des hommes qui jouissaient dans les lettres françaises d'une juste notoriété, s'évertuer à ce métier pour lequel ils n'étaient point doués.
R. Rolland, Jean-Christophe,La Foire sur la place, 1908, p. 704. − Synon. expr. de décevant, mauvais (cf. styl. de affliger) : un film affligeant, des propos affligeants. Prononc. : [afliʒ
ɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. STAT. − Fréq. abs. litt. : 174. |