| AFFLEUREMENT, subst. masc. I.− Correspond à affleurer I. A.− Au propre 1. (Cf. affleurer I A).Fait d'affleurer, état de ce qui affleure, de ce qui est ou arrive à niveau : 1. Je m'efforçai de faire sentir dans chaque renflement du torse ou des membres l'affleurement d'un muscle ou d'un os...
A. Rodin, L'Art,1911, pp. 64-65. 2. ... j'amuse mon mal en évoquant l'herbe défoncée sous les pas des bœufs, et les affleurements d'eau dans la trace de leurs pas qui seront, pour un jour, les abreuvoirs des mésanges...
J. Bousquet, Traduit du silence,1935-1936, p. 84. 2. Ce qui affleure : 3. Affleurement (Arch.) − Murailles juxtaposées dont les parements sont de même niveau. Nivellement de deux surfaces.
J. Adeline, Lexique des termes d'art,1884. − En partic. ♦ Ce qui affleure au niveau du sol (couches géologiques, roches, etc.) : 4. Si l'affleurement subit des ondulations, de petites sources en marquent les points les plus bas.
A. de Lapparent, Abrégé de géologie,1886, p. 36. 5. ... des veines d'une roche pourrie, que des efflorescences jaunâtres font reconnaître pour des têtes d'affleurement de filons à minéraux sulfurés.
A. de Lapparent, Abrégé de géologie,1886p. 105. 6. ... le rôle du stratigraphe, c'est-à-dire de celui qui cherche à suivre les strates (...) et à tracer leurs affleurements, autrement dit leurs intersections avec la surface du sol.
A. de Lapparent, Abrégé de géologie,1886p. 135. 7. Les affleurements précambriens sont nombreux dans le Cotentin et la Bretagne, ...
A. de Lapparent, Abrégé de géologie,1886p. 151. 8. Oh! Le ciel n'était pas parfaitement pur, mais la lumière était chaude et plus abondante que jamais. Est-ce seulement à cause d'elle que le pays m'a paru beaucoup plus beau? Je ne crois pas. Des affleurements de roche donnaient par instants un dessin plus marqué; ...
A. Gide, Voyage au Congo,1927p. 785. 9. Mais nous voici livrés plus nus à ce parfum d'humus et de benjoin où s'éveille la terre au goût de vierge noire.
... C'est la terre plus fraîche au cœur des fougeraies, l'affleurement des grands fossiles aux marnes ruisselantes,
Et dans la chair navrée des roses après l'orage, la terre, la terre encore au goût de femme faite femme.
Saint-John Perse, Exil,Pluies, 1942, p. 258. ♦ Ce qui affleure à la surface de l'eau : 10. Du reste, à mer basse, et c'était l'instant où Gilliatt observait, ces deux rangées de bas-fonds montraient leurs affleurements, quelques-uns à sec, tous visibles, et se coordonnant sans interruption.
V. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 252. 11. Réveil d'une victime inachevée... Et seuil Si doux... Si clair, que flatte, affleurement d'écueil, L'onde basse, et que lave une houle amortie!...
P. Valéry, La Jeune Parque,1917, p. 106. 3. Point où une chose affleure : 12. ... il tira la scie de sa poche, et commença à scier le pêne à l'affleurement de la gâche.
J. Verne, Les Cinq cents millions de la Bégum,1879, p. 148. 13. Il se produit aux inflexions de pente, aux intersections de plans diversement inclinés, une tendance visible au rapprochement et même à la concentration des lieux habités. On peut vérifier en divers pays cette loi naturelle, même en ceux où la disette d'eau ne relègue pas, comme en certains plateaux calcaires, les villages aux affleurements latéraux de sources ou au voisinage de rivières.
P. Vidal de La Blache, Principes de géographie humaine,1921, p. 176. − MÉTROL. Point d'affleurement. Point d'intersection d'un appareil de mesure avec le niveau d'un liquide : 14. Le saccharomètre de Balling (...) est gradué à 17o5 et il donne directement, au point d'affleurement de sa tige dans un liquide la quantité d'extrait contenue dans 100 grammes de ce liquide.
Boullanger, Malterie, brasserie,1934, p. 581. B.− Au fig. (cf. affleurer I B) : 15. ... y a-t-il un attrait plus vif? Les timidités, les rougeurs, les mouvements involontaires comprimés par la bienséance exquise et continue, l'imperceptible affleurement de la pensée et de la passion, qui, pour la première fois, vont s'échapper, la transformation de l'enfant qui, en un jour, sur un mot, devient femme; ...
H. Taine, Notes sur Paris,Vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge, 1867, p. 200. 16. Notre conscience n'est qu'un « ordre d'affleurement », son « épigénèse » lui reste à elle-même obscure [Poirier]...
R. Ruyer, La Conscience et le corps,1937, p. 138. 17. La part que prit l'esprit à ces choses insignes, nous l'ignorons. Nul n'a surpris, nul n'a connu, au plus haut front de pierre, le premier affleurement de cette heure soyeuse, le premier attouchement de cette chose fragile et très futile, comme un frôlement de cils.
Saint-John Perse, Exil,Neiges, 1942, p. 266. 18. Au risque de disperser notre démonstration, nous avons essayé d'indiquer tous les points d'affleurement où dans l'œuvre de Baudelaire apparaît cet étrange adjectif, étrange parce qu'il confère la grandeur à des impressions qui n'ont entre elles rien de commun.
G. Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, pp. 176-177. II.− Correspond à affleurer II. ,,Action d'affleurer, de mettre à niveau.`` (Littré). Synon. moins usité de affleurage I. Prononc. ET ORTH. : [aflœ
ʀmɑ
̃]. Enq. : /afløʀmã/. − Rem. Ne pas confondre avec effleurement (cf. Ortho-vert 1966). Étymol. ET HIST. − 1593 « action de mettre de niveau; état de ce qui est au même niveau » (De Lurbe, Statuts de Bordeaux, 108, édit. 1612, d'apr. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr. t. 1, p. 492 : Ne leur sera loisible ne permis mettre saillie de bois ou muraille, sinon a affleurement des murailles anciennes); 1776 mines « extrémité d'une veine de houille, partie d'une couche qui émerge à fleur de sol » (Morand, L'Art d'exploiter les mines de Charbon de terre, I, 781 ds Brunot t. 6, p. 398 : [l'extrémité d'une veine est appelée par les houilleurs du Hainaut français] affleurement).
Dér. de affleurer*; suff. -ment1*. STAT. − Fréq. abs. litt. : 33. BBG. − Barb.-Cad. 1963. − Baulig 1956. − Bél. 1957. − Boiss.8. − Plais.-Caill. 1958. − Privat-Foc. 1870. |