| ADMIRABLEMENT, adv. A.− D'une manière admirable, qui suscite ou mérite l'admiration. 1. [En parlant de la manière d'être d'une pers., état ou résultat d'une action difficile, etc.] :
1. On trouva généralement que Maxime était admirablement fait. Dans son geste de refus, il développait sa hanche gauche, qu'on remarqua beaucoup.
É. Zola, La Curée,1872, p. 545. 2. Elle était debout, un porte-plume derrière l'oreille, donnant des ordres à deux garçons de magasin qui rangeaient des pièces d'étoffe dans des cases; et elle lui apparut si grande, si admirablement belle avec son visage régulier et ses bandeaux unis, si gravement souriante dans sa robe noire, sur laquelle tranchaient un col plat et une petite cravate d'homme, qu'Octave, peu timide de sa nature pourtant, balbutia.
É. Zola, Pot-Bouille,1882, pp. 15-16. 3. Mmede Mortsauf consent bien vite, semble-t-il, à parler le langage de l'adultère; la transition n'est pas ménagée. Stendhal l'eût admirablement réussie. Et il y a des paragraphes ridicules d'enflure et d'outrance.
J. Green, Journal,1934, p. 207. 2. [Plus partic. en parlant d'une manière de s'exprimer par la parole, le chant, les arts plast., etc.] :
4. Aussi la vraie secte d'Épicure faisait-elle consister la sagesse à savoir trouver un profond repos, à couvert de tous les vents et de toutes les vagues du monde. C'est ce que Lucrèce a si admirablement exprimé, lorsqu'il parle de ce retour sur nous-mêmes et de ce plaisir égoïste que nous éprouvons quand, du haut d'un rocher, nous considérons la mer en furie et des vaisseaux prêts à s'engloutir : ...
P. Leroux, De l'Humanité,t. 1, 1840, p. 73. 5. Relu Les Confessions de saint Augustin. La frénésie des sens, il semble l'avoir vaincue d'un coup, après sa conversion. Il parle admirablement de cette chaîne terrible qu'il traînait après lui avec délices.
J. Green, Journal,1943, p. 7. B.− Lang. parlée ou peu soutenue. [Notamment avec un verbe d'état] Superl. de très bien : 6. Nous sommes ici admirablement, si bien que nous ne savons guère quand nous en partirons : ma femme est ravie, gaie, émerveillée, heureuse, bien portante. C'est une charmante hospitalité.
V. Hugo, Correspondance,1831, p. 493. 7. En certains jours, ils ne parlaient pas. Quelquefois ils causaient; mais ils s'entendaient admirablement sans rien dire, ayant des goûts semblables et des sensations identiques.
G. De Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Deux amis, 1883, p. 187. Rem. Avec être l'adv. s'emploie aussi directement apr. le verbe : 8. L'abbé souleva contre elle l'une de ses pantoufles, s'appuyant, pour l'équilibre, à un fauteuil de paille dont le coussin gardait la forme de son dos. − Vous êtes admirablement, ici, pour travailler, fit Augustin. Vous êtes un heureux.
J. Malègue, Augustin ou Le Maître est là,t. 1, 1933, p. 263. Prononc. : [admiʀabləmɑ
̃]. Enq. : /admiʀabləmã/. Étymol. ET HIST. − 1422 (Courcy, Hist. Grèce, Ars., fo253a ds Gdf. Compl. : admirablement pource qu'ils estoient ennemis de la loy); 1468 (Chastellain, Chron., Advertissement au duc Charles, VII, 306, éd. Kervyn ds Quem. t. 1 1959 : Admirablement grande).
Dér. de admirable* 2; suff. -ment2*. STAT. − Fréq. abs. litt. : 999. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 1 460, b) 1 937; xxes. : a) 1 243, b) 1 216. BBG. − Bél. 1957. − Lav. Diffic. 1846. |