| ADDITION, subst. fém. A.− Première des quatre opérations arithmétiques. Action d'ajouter un ou plusieurs éléments numériques ou nombrables à un ou plusieurs autres de manière à en obtenir le total; résultat de cette opération : 1. Certes, il est possible d'apercevoir dans le temps, et dans le temps seulement, une succession pure et simple, mais non pas une addition, c'est-à-dire une succession qui aboutisse à une somme.
H. Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience,1889, p. 69. 2. ... « Tout acte, a-t-il écrit, n'est qu'une addition. Dire qu'il est libre, c'est dire qu'il y a dans un total plus qu'il n'y a dans les éléments additionnés. Cela est aussi absurde en psychologie qu'en arithmétique ».
P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 24. Rem. Syntagmes rencontrés. a) nom + adj. ou compl. déterminatif : addition arithmétique; - juste, simple, algébrique, de deux chiffres, des nombres complexes, suivant les règles; barre, colonnes d'-; - sans faute. b) verbe + nom : faire, retourner, poser, finir une -; refaire, vérifier, réduire l'-; se tromper dans l'-. − Spéc., COMM. Note détaillant la somme due par un client pour ses consommations dans un restaurant, un café, etc.; plus rarement, pour les frais d'hôtel : 3. Addition, s. f. Ce que nos pères appelaient la carte à payer, ce que les paysans appellent le compte, et les savants en goguette le quantum.
A. Delvau, Dict. de la langue verte,1866, p. 4. Rem. 1. Pour Littré, l'emploi en comm. est une ,,assez mauvaise locution.`` DG l'enregistre comme un néol., Lar. 20esans commentaire. Pour Ac. t. 1 1932, Rob. et Lar. encyclop., il est fam. À quoi il faut ajouter qu'il s'agit d'une familiarité très répandue, au point que l'on se rendrait ridicule en employant un autre mot. 2. Syntagmes rencontrés : apporter, demander, enfler, envoyer, payer, régler l'addition. B.− Réunion d'éléments de même nature morale ou psychologique qui s'ajoutent les uns aux autres. 1. Le résultat est une totalité : 4. Un pays n'est pas la simple addition des individus qui le composent; c'est une âme, une conscience, une personne, une résultante vivante.
E. Renan, La Réforme intellectuelle et morale,1871, p. 47. 5. Tout le sang répandu sur la terre depuis celui d'Abel ne le fut que par les passions des hommes; l'addition d'innombrables convoitises individuelles crée ces grandes fureurs collectives des peuples et précipite les empires.
F. Mauriac, Journal du temps de l'occupation,1944, p. 334. 2. Le résultat est un accroissement qui modifie la situation : 6. Il y a toujours accumulation lente de petits effets, dont l'addition finit par faire pencher la balance, vers un nouvel équilibre provisoire et une nouvelle phase.
R. Ruyer, Esquisse d'une philosophie de la structure,1930, p. 40. 7. ... les habitudes ne progressent pas par simple addition d'éléments, mais par remaniement de structure, par analyse et par synthèse...
P. Ricœur, Philosophie de la volonté,1949, p. 286-287. 8. Mais que signifient-ils au juste, et qu'entraînent-ils, ces mots, en apparence tout simples, d'« addition de conscience »? À entendre parler les disciples de Marx, il semblerait que ce fût assez à l'humanité, pour grandir et pour justifier les renoncements qu'elle nous impose, de recueillir les acquisitions successives que, en mourant, nous lui abandonnons chacun : nos idées, nos découvertes, nos créations d'art, notre exemple. Tout cet impérissable n'est-il pas le meilleur de notre être?
P. Teilhard de Chardin, Le Phénomène humain,1955, p. 290. Rem. 1. Syntagmes rencontrés : addition de deux sensations, de pr babilités, de raisons, d'états psychologiques, de faits de conscience. 2. Assoc. paradigm. fréq. : omission, retranchement, amendement. C.− Action d'ajouter des éléments nombrables (sing. ou plur.) ou quantifiables (sing.) à d'autres de même nature, de manière à compléter ou à modifier un ensemble. Ce que l'on ajoute. − ARCHIT. Addition d'une nef à une église. − BIOL., CHIM., MÉD. Addition de sérum, d'oxygène, de cuivre; additions moléculaires. − ÉD. Additions verbales; addition d'information ou de texte; addition d'un mot, dans les notes, pour la seconde édition (en dehors de ce qui est ajouté dans l'addenda*) : 9. N'est-ce point assez de travail pour un éditeur d'avoir à choisir entre les variantes, à découvrir et marquer les altérations du texte, les fautes de copistes qui sont de tant d'espèces, erreurs, omissions, additions, corrections, etc.?
P.-L. Courier, Lettres de France et d'Italie,1808, p. 776. − IMPR. Additions marginales; addition de régule. − MÉTALL., CÉRAM., GRAV. Produits d'addition; addition de chaux, de vernis. − MUS. Addition de notes, de la tonique, d'une octave. de mesures, de pistons; point d'addition. − PHYS., ÉLECTR. Addition de réchauffeurs d'eau; ondes d'addition. Rem. 1. Les syntagmes sont de 2 types. 1ertype : addition + de + subst. compl. désignant la chose ajoutée (addition de notes), avec éventuellement un compl. d'attrib. (addition d'une nef latérale à une église); 2etype : subst. désignant la chose ajoutée + de + addition (ondes d'addition); d'addition signifie « ajouté » ou « additif », le compl. d'attrib. reste dans ce cas gén. implicite. 2. Du type 1 relève aussi la loc. prépositive par addition de (p. ex. procéder par addition de...). Prononc. − 1. Forme phon. : [adisjɔ
̃]. Pour la possibilité d'une articulation géminée du groupe dd, Fouché Prononc. 1959, p. 305 recommande la prononc. [d] pour addition, additionner..., [dd] pour addenda, adduction ... (cf. aussi Rouss.-Lacl. 1927, p. 174). Kamm. 1964, p. 49 : ,,Le groupe dd se prononce normalement [d]. On peut faire entendre un [d] double dans les mots rares ou savants.`` Harrap's 1963 note une gémination facultative pour tous les mots de la famille de addition, à l'exception de addenda où, d'apr. ce dict., elle n'est pas tolérée. − Rem. Parmi les dict. du xixes., seuls Nod. 1844 et Fél. 1851 ne mentionnent pas la gémination. Enq. : /adisiõ/. 2. Homon. : adition, subst. fém. 3. Dér. et composés : addenda, additif, additionnable, additionnel, additionnellement, additionnement, additionner, additionneuse, additivement, additivité. Étymol. ET HIST. − 1. Av. 1275 « chose ajoutée » (Roman de la Rose, éd. E. Langlois, 17 321 : ... Set Deus quanqu'il en avendra E quel fin chascune tendra, Par une addition legiere, c'est a savoir en tel manière come eles sont a avenir); 2. xves. arithm. « opération par laquelle on réunit deux ou plusieurs nombres en un seul » (Chuquet, Triparty, 42 ds DG : addicion).
Empr. au lat. additio (au sens de « action d'ajouter » dep. Varron, Ling. 5, 6 ds TLL s.v., 579, 65), au sens 1 dep. St. Augustin, C. Iul. op. imp., 6, 17, ibid., 579, 74; au sens 2 seulement en lat. médiév. : xiiies., Anonymi algorismus salemensis, p. 3, 2 ds Mittellat. W. : additio, substractio. STAT. − Fréq. abs. litt. : 477. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 588, b) 595; xxes. : a) 742, b) 761. BBG. − Bader-Th. 1962. − Bailly (R.) 1969. − Bar 1960. − Battro 1966. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Bouillet 1859. − Chamb. 1970. − Chautard 1937. − Comte-Pern. 1963. − Daire 1759. − Éd. 1913. − Électron. 1963-64. − Fér. 1768. − Fromh.-King 1968. − Grand. 1962. − Kold. 1902. − Lacr. 1963. − Lal. 1968. − Larch. 1880. − Lav. Diffic. 1846. − Lemeunier 1969. − Littré-Robin 1865. − Piéron 1963. − Privat-Foc. 1870. − Sc. 1962. − Spr. 1967. − Thomas 1956. − Uv.-Chapman 1956. − Voyenne 1967. |