| ACROSTICHE, subst. masc. et adj. A.− Subst. masc., STYL. Pièce dont les vers sont disposés de telle manière que la lecture des premières lettres de chacun d'eux, effectuée de haut en bas, révèle un nom, une devise, une sentence, en rapport avec l'auteur, le dédicataire, le sujet du poème, etc. : 1. − Ah! vous êtes poète aussi? − Je puis me vanter d'avoir un assortiment complet de chansons de fêtes, de complimens de bonne année, d'acrostiches simples et doubles, d'épithalames et d'épitaphes, le tout arrangé avec des variations applicables aux circonstances.
V. de Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 4, 1813, p. 77. 2. Maintenant nous allons retourner aux petits amusements des anciens jésuites, à l'acrostiche, aux poèmes sur le café ou le jeu d'échecs, aux choses ingénieuses, au suicide.
G. Flaubert, Correspondance,1852, p. 40. 3. Le Carmen apologeticum, écrit en 259, est un recueil d'instructions, tortillées en acrostiches, dans des hexamètres populaires, césurés selon le mode du vers héroïque, composés sans égard à la quantité et à l'hiatus et souvent accompagnés de rimes telles que le latin d'église en fournira plus tard de nombreux exemples.
J.-K. Huysmans, À rebours,1884, p. 45. 4. L'acrostiche était au Moyen-âge le moyen employé pour signer son nom ou désigner discrètement les personnes auxquelles on voulait montrer de la sympathie ou qu'on désirait honorer. C'est ainsi que dans la ballade pour Robert d'Estouville (Test. 1378 et suiv.), Villon, sous le voile de l'acrostiche, célébrera l'épouse du prévôt de Paris; indépendamment des pièces où Villon se nomme sous cette forme. Deschamps avait fait de même (cf. Œuvres, t. XI, p. 137). Au xiiiesiècle, Adenet le Roi dans son roman de Cleomadès avait dissimulé sous un acrostiche le nom de ses deux collaboratrices, la Royne de France Marie, Madame Blanche.
L. Thuasne, François Villon,Commentaires et notes, Paris, Picard, t. 2, 1923, p. 271. − Syntagmes usuels : acrostiche simple (voir déf. et ex. 1); - double, acrostiche dans lequel le même mot se lit à la fois à l'initiale et à la finale des mots (ex. 1); -quintuple ou pentacrostiche, acrostiche dans lequel le mot se lit cinq fois de suite à l'initiale des vers; - à l'envers, acrostiche dans lequel la lecture des lettres initiales s'effectue de bas en haut; - à l'hémistiche, acrostiche où les lettres qui composent le nom à lire, se trouvent à l'initiale de l'hémistiche. B.− Adj., STYL. Qui entre dans la composition de la pièce de vers appelée acrostiche : 5. Question des « synthèses » c'était on peut le dire sans bobard, un inégalable joyau... une pharamineuse réussite... « L'œuvre complète d'Auguste Comte, ramenée au strict format d'une « prière positive » en vingt-deux versets acrostiches »! ... Pour cette inouïe performance, il avait été fêté, presque immédiatement, à travers toute l'Amérique... la latine...
L.-F. Céline, Mort à crédit,1936, p. 407. Prononc. : [akʀ
ɔstiʃ]. Étymol. ET HIST. − 1. Adj. 1582 « composé d'autant de vers qu'il y a de lettres dans le nom constituant le sujet de la pièce, chacun d'eux commençant par une des lettres de ce nom » (Filb. Bretin, Poésies amoureuses, p. 38 ds Gdf. Compl. : chanson acrostique); 2. subst. 1585 « pièce composée d'autant de vers qu'il y a de lettres dans le nom constituant son sujet et dont chacun commence par une des lettres de ce nom » (Bullandre, Le lièvre, 46 ds DG : Acrostiches féminins).
Empr. du gr. α
̓
κ
ρ
ο
σ
τ
ι
χ
ι
́
ς « pièce où les initiales de chaque vers réunies forment un sens » (attesté chez Denys d'Halicarnasse) composé de α
́
κ
ρ
ο
ς adj. « extrême » et de σ
τ
ι
́
χ
ο
ς « vers ». STAT. − Fréq. abs. litt. : 22. BBG. − Alleau 1964. − Bél. 1957. − Bible 1912. − Bouillet 1859. − Daire 1759. − Dem. 1802. − Fér. 1768. − Gramm. t. 1 1789. − Hanse 1949. − Morier 1961. − Springh. 1962. − Thomas 1956. |