| AC(C)ON,(ACON, ACCON) subst. masc. MAR. Embarcation à fond plat, servant à divers usages. 1. ,,Il sert à aller sur les vases.`` (Baudr. Pêches 1827). Rem. Jal 1848 note que ce bateau est ,,utilisé en Anjou, Poitou, pays d'Aunis et Saintonge pour aller sur les vases à marée basse`` : Notre chasseur inventa alors l'acon, sorte de caisse en bois, large et profonde dont l'extrémité antérieure se relève en forme de proue.
H. Coupin, Animaux de nos pays, dict. pratique,1909, p. 415. − Spéc. Il est en usage pour la pêche des huîtres (Littré), dans les parcs à moules (Lar. 20e, Gruss 1952). 2. Il ,,sert principalement dans les Antilles, au chargement des navires de commerce.`` (Ac. 1835, Littré). Synon. allège. Rem. 1. Lar. 20edonne cet emploi comme gén. 2. Will. 1831 repris par Besch. 1845 note que l'accon sert aussi ,,à faire l'eau des vaisseaux de guerre``. Le Clère 1960 précise que l'accon désigne ,,un chaland portuaire en provençal``. 3. Rob. précise qu'on ,,l'appelle aussi pousse-pied``. Prononc. − 1. Forme phon. − Dernière transcription ds DG : à-kon = [akɔ
̃]. 2. Dér. et composés : ac(c)onage, acconier. Étymol. ET HIST. − 1650, Mén. : Acons. Les Poitevins appellent ainsi ces petits bateaux avec lesquels ils vont par les marais et que celui qui est dedans mène en poussant la terre avec le pied; 1776, Encyclop. Suppl. t. 1, s.v. : C'est un bateau ayant la forme d'un quarré long et à fond plat, dont on se sert dans différents pays (...) dont on se sert à Saint-Domingue pour faire l'eau des vaisseaux, et pour le transport des denrées du pays...; 1872 pêche aux huîtres, Littré; 1928 chargement des navires de commerce, Lar. 20e.
Le mot, poit. à l'orig. (cf. Mén. 1650) et localisé particulièrement dans l'ouest de la France, Anjou, Saintonge (cf. FEW t. 16, p. 592) a pris des sens légèrement différents suivant les régions ou pays où il s'est implanté et l'usage qui était fait de cette embarcation. Passé dans les pays coloniaux (cf. sup. Encyclop. Suppl.), il a atteint ensuite les ports de la Méditerranée où il est attesté en prov. (cf. Mistral : lacoun, acoun : espèce de ponton qui sert à décharger ou à charger les navires...). Ce sens est vraisemblablement à l'orig. du sens fr. le plus récent de ce mot (cf. sup. Lar. 20e). La localisation du mot à l'orig. et les circonstances hist. de la guerre de Cent ans permettent de supposer un empr. à l'angl. sax. naca « barque » (Behrens ds Z. rom. Philol. 14, 366, FEW, loc. cit.) mot très attesté dans les lang. germ. : a. nord. nokkvi « bateau, barque » (De Vries 1962) a. sax. nako (ibid.) a. h. all. nacho « barque » (Graff t. 2 1834-46, p. 1014) m. néerl. ake « chaland » (Verdam 1964) m. h. all. nache « barque » (Lexer 1963, p. 30) all. mod. Nachen. La chute du n initial est expliquée par Behrens, loc. cit. par la confusion de ce n avec celui de l'art. indéfini, déglutination fréq. (ex. ang. aufrage à côté de naufrage, de même que dans les lang. germ. m. néerl. ake à côté de naak ds Kluge 1963, p. 20). On aurait formé alors un dimin. en -on sur le modèle d'autres noms de bateau (ex. polacron, carraquon, frégaton). L'hyp. d'un frq. nako (Gam., Rom., t. 1 1934, p. 99; EWFS2) est peu vraisemblable étant donnée la date d'apparition tardive du mot et sa localisation géogr. L'hyp. de accon dimin. de aque < néerl. aak (Kemna 1902, p. 161; Falk, Altnordisches Seewesen ds Wörter und Sachen, Valk. 1931, pp. 47-48, Boulan 1934, p. 131), est improbable vu les dates d'apparition respectives de ces deux mots et la localisation géogr. de accon. BBG. − Baldinger (K.). Lexikalische Auswirkungen der englischen Herrschaft in Südwestfrankreich (1152-1453). In : [Mélanges Flasdieck (H. M.)]. Heidelberg, 1960, p. 39. − Barr. 1967. − Baudr. Pêches 1827. − Gruss 1952. − Jal 1848. − Le Clère 1960. − Math. 1967. − Mont. 1967. − Mots rares 1965. − Rey-Cottez 1968, t. 36, p. 140. − Will. 1831. |