| ACHOPPER(S'),(ACHOPPER, ACHOPPERS) verbe intrans. et pronom. Heurter contre quelque chose. I.− Emploi intrans. [Gén. suivi d'un compl. de lieu introd. par à, sur] A.− Rare. Trébucher en heurtant du pied : 1. Au-dessus de lui, Lecouvreur entendait un pas lourd achopper sur les marches de l'escalier.
E. Dabit, L'Hôtel du Nord,1929, p. 44. Rem. Sous cet emploi, très littér., se perçoit la loc. plus commune trébucher sur (un obstacle); achopper insiste sur le heurt préalable au trébuchement. B.− Au fig. Achopper à, y achopper, achopper là.Se heurter à une difficulté comme à un obstacle qui arrête : 2. À la limite il y aurait le problème auquel on devine que Rivière achoppa, dont Isabelle du reste dit elle-même que ce fut sa tragédie...
Ch. Du Bos, Journal,août 1926, p. 88. 3. Qu'un adulte instruit, lettré même, achoppe là où il n'y a pas ombre de difficulté, c'est un phénomène d'inhibition, explicable par la terreur que des éducateurs malaisés se plaisent à entretenir autour de la fameuse règle du participe. (Lancelot).
Défense de la langue française, Le Temps,20 oct. 1938. II.− Emploi pronom. S'achopper à A.− Rare. Se heurter à un obstacle physique. − P. métaph. : 4. aliki. − Je me suis tapé le pied à une pierre.
nada. − Quelle pierre?
aliki. − Une pierre dans l'herbe, une pierre par terre, une pierre que je ne voyais pas, ainsi qu'une épitaphe, la voici! Elle prend par terre, examine, tourne et retourne quelque chose qui est censé être un panneau de pierre.
nada. − Quel nom dessus? Quoi d'écrit?
aliki. − Aucun nom, mais je la reconnais. C'est cette pierre de la destinée à quoi le pied tout à coup s'achoppe. Eh oui, comme dans un miroir, il nous est commandé d'apprendre à regarder.
P. Claudel, Le Jet de pierre,1949, p. 1305. B.− Au fig. Se heurter à une difficulté, comme à un obstacle qui arrête : 5. Il faut, lorsqu'on travaille, que l'idée où l'on s'achoppe vous soit unique. Il faut croire que c'est dans l'absolu que l'on travaille.
A. Gide, Journal,1890, p. 17. 6. Olivier, cependant, revenait lentement à la vie. Édouard s'était assis à son chevet, près du divan. Il contemplait ce visage clos et s'achoppait à son énigme. Pourquoi? Pourquoi? On peut agir inconsidérément le soir, dans l'ivresse; mais les résolutions du petit matin portent leur plein chargement de vertu. Il renonçait à rien comprendre, en attendant le moment où Olivier pourrait enfin lui parler.
A. Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 1180. 7. Je disais hier soir à Z que la difficulté à laquelle je m'achoppe pour l'instant, c'est de trouver le ton qui convient :...
Ch. Du Bos, Journal,oct. 1927, p. 351. Prononc. − 1. Forme phon. : [aʃ
ɔpe], j'achoppe [ʒaʃ
ɔp]. Enq. : /aʃo2p/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : achoppement. Cf. chopper. Étymol. ET HIST. − 1. XIes. judéo-fr., açoper, Raschi ds Lévy, Trésor 1964 s.v.; ca 1178 « heurter du pied contre un obstacle » açoaper, açoper [-ts-] (Roman de Renart, éd. M. Roques t. 1, branche 1, vers 1211 : Diex! com la mule Grinbert amble; mais li chevax Renart acoupe [Méon : acope], li flans li bat desoz la croupe); 2. xiiies. « id » achouper, forme isolée (Merlin, I, 84 ds DG : Ses palefrois achoupa et cheï); 1376 « empêcher » achoper (Lit. remiss. ann. 1376 ex Reg. 109, ch. 350 ds Du Cange s.v. assopire : Comme Gerardin de Roncourt escuier eust plevie par mariage une jeune demoiselle, appelée Mariette, de l'aage de dix ans ou environ; et sur ce pour Achoper ledit mariage... eust empetré une commission, ... par vertu de laquelle main fu mise par deux sergens à icelle demoiselle).
Dér. de chopper*; préf. a-*. STAT. − Fréq. abs. litt. : 33. BBG. − Bailly (R.) 1969. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. |