| ACCUSATEUR, TRICE, adj. et subst. I.− Emploi adj. Qui porte une accusation (cf. accuser) : 1. Songez qu'il y va de votre vie et de la mienne : si nous ne sommes pas assez forts pour proscrire nos ennemis, nous serons proscrits par eux. Tôt ou tard quelque voix accusatrice révèlera le secret de la mort du soleil, et au lieu de monter au pouvoir, nous serons traînés au supplice.
F.-R. de Chateaubriand, Les Natchez,1826, p. 319. 2. Aussitôt je sortis du salon, mécontente envers tous de n'avoir trouvé que des visages sévères et accusateurs, lorsque le bonheur de ma vie venait d'être brisé.
F. Soulié, Les Mémoires du diable,t. 1, 1837, p. 317. 3. Celui qu'il craignait le plus était le vieux M. Roux, aux palmes académiques, lui, il ne disait rien, mais il pointait vers la boîte un doigt accusateur.
E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 151. Rem. Cf. aussi inf. ex. 5 : pièce accusatrice. II.− Emploi subst. masc. et fém. (cf. accuser1). Celui, celle qui porte une accusation devant un tribunal, dans les relations humaines : 4. Parmi les accusatrices d'Hélène, l'une des plus acharnées et des plus dangereuses fut Madame Grandfief. Elle ne l'accablait pas ouvertement, mais elle avait une façon terrible de chercher à la disculper.
A. Theuriet, Le Mariage de Gérard,1875, p. 172. 5. Par bonne chance, aujourd'hui, le colonel Picquart ayant été rejeté de l'ordre militaire dans la tourbe civile, comme indigne, on ne peut pas le juger sans lui montrer la pièce accusatrice, et, comme elle est fausse, c'est lui qui prend l'offensive en accusant ses accusateurs.
G. Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 354. 6. ... ces témoins que Maxence invoque, ils se retournent contre lui, ils portent condamnation contre lui, et eux-mêmes, plus encore que Sidia, ils le confondent. Eux-mêmes se dressent en accusateurs, et ils se tiennent devant lui avec le vivant reproche de leur visage de douleur...
E. Psichari, Le Voyage du centurion,1914, pp. 142-143. − DR. Accusateur public. ,,Magistrat chargé de la fonction du ministère public près un tribunal révolutionnaire.`` (Barr. 1967) : 7. Quelques jours après, ces thermidoriens, ces girondins, ces royalistes envoyèrent à la guillotine le terrible Fouquier-Tinville, ancien accusateur public, et quinze juges du Tribunal révolutionnaire.
Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 2, 1870, p. 359. − PSYCHOL. [En parlant d'un complexe] :
8. La première fois qu'il s'impose à la conscience, le vieillissement y jette le désarroi et la détresse. Puis une adaptation se fait : le vieillard vit dans un présent sans propulsion, qui se fige peu à peu sur lui-même, et statufie ses souvenirs dans une sorte d'allégorie idéalisée et dressée en accusatrice maussade contre le présent qui se refuse.
E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 315. ♦ Auto-accusateur. Cf. auto-accusation (accusation1, Psychol.) : 9. Vaniteux entre tous, aimant parler de soi (on trouve dans leurs derniers rangs la plupart des auto-accusateurs), avides de considération et d'honneurs, ils sont attentifs surtout au miroir que leur offre autrui : leur inactivité les détourne de l'esprit de domination et de la vie publique.
E. Mounier, Traité du caractère,1946p. 252. Prononc. ET ORTH. : [akyzatœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Wartb. Évol. 1967, p. 138 fait la rem. suiv. : ,,L'ancien français avait le mot accuseur, qui était parfaitement clair, pourquoi l'a-t-on remplacé par le latinisme accusateur?`` Ac. Compl. 1842 enregistre la vedette accusère qui sert de renvoi à ,,accuseur s. m. (V. lang.) accusateur.`` Enq. : /akyzaø2
ʀ, akyzatʀis/. Étymol. ET HIST.
I.− Subst. masc. 1327 accusateur de « celui qui dénonce (qqn) comme coupable » dans trad. (Jean de Vignay, Mir. Hist. 8, 118 (éd. 1531) ds Quem. t. 1 1959 : Celluy qui la se tapissoit soubz figure de singe estoit l'ennemy accusateur des gens); 1351 dr. « celui qui porte accusation (en justice) » emploi abs. (Ordonn. du 30 janvier 1351 ds R. Hist. litt. Fr. 1, 487 : Et aura l'accusateur la quarte partie de l'amende).
II.− Subst. fém. 1572 dr. « celle qui porte accusation (en justice) » emploi abs. (cité ds Joubert, Misères de l'Anjou aux 15eet 16es., 335 ds R. Hist. litt. Fr. 1, 487 : Demanderesse accusatrice pour l'homicide commis en la personne dudit deffunt le Paige).
I empr. au lat. accusator « id. » : + génit. de pers. dep. Cicéron, Verr., 3, 113 ds TLL, 348, 60; emploi abs. dep. Varron, Menippearum frag., 337 ibid., 347, 83; fréq. en lat. médiév. jur. : cf. xiies. Otto Frising., Chron. 8, 19, p. 418, 6 ds Mittellat. W., 106, 12 : in rei causa, qua accusator impetit. II fém. de accusateur; lat. accusatrix « celle qui accuse » dep. Plaute, Asinaria, 513 ds TLL, 349, 61 non attesté en lat. jur. STAT. − Fréq. abs. litt. : 332. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 483, b) 269; xxes. : a) 932, b) 293. BBG. − Bar 1960. − Barr. 1967. − Bénac 1956. − Bible 1912. − Bonnaire 1835. − Gougenheim (G.). La Relatinisation du vocabulaire français. A. de l'Univ. de Paris. 1959, t. 29, no1, p. 8. − Gramm. t. 1 1789. − Lacr. 1963. − Lavedan 1964. − Marcel 1938. − Pol. 1868. − St-Edme t. 1 1824. |