| ACCROCHE-CŒUR, subst. masc. 1. Gén. Dans la coiffure fém. Mèche de cheveux formant une boucle plate sur les tempes (Plur. : accroche-cœur, plus rarement accroche-cœurs) : 1. Une ligne de minces boucles contournées en accroche-cœur encadraient le front et frisaient à la racine d'une masse de cheveux ramenés en arrière vers le chignon, tandis que deux énormes touffes aérées, soufflées et crespées à coups de peigne nerveux et rapides, bouffaient le long des joues, qu'elles accompagnaient avec grâce. Une cocarde de rubans passementée de jayet étoffait la lourde boucle nouée sur la nuque. Les cheveux étaient une des beautés de la marquise...
T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 104. 2. Une rose rouge épanouie tachait de sa pourpre la splendeur lustrée de sa chevelure. Des boucles d'oreilles, en larges anneaux d'or, mettaient autour de ses joues ambrées une palpitation fauve, un scintillement continu de métal. Des accroche-cœur effilés, au coin de ses tempes, aiguisaient le regard de ses yeux noirs.
E. Moselly, Terres lorraines,1907, p. 222. 3. C'est ça qui a fait le mal : sa langue, et parce qu'il se coiffait avec des accroche-cœur en trempant ses cheveux dans la fontaine et qu'il se foutait du parfum sur la gueule comme une femme de peu.
J. Giono, Un de Baumugnes,1929, p. 14. − Syntagmes fréq. en accroche-cœur : cils en accroche-cœur (A. Daudet, Les Rois en exil, 1879, p. 183-184); cheveux enroulés en accroche-cœur(L. Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 263); mèche aiguisée en accroche-cœur (T. Gautier, Le Roman de la momie, 1858, p. 206). 2. Arg. Dans la coiffure masc.Favoris (cf. étymol.). 3. Néol. d'aut. Employé par figure étymologique dans son sens littéral (à propos de Sarah Bernhardt) : 4. Sarah, un extraordinaire « accroche-cœurs », si l'on peut dire. Elle n'a peut-être pas de talent, mais, après sa journée qui est la nôtre à tous, où nous nous aimons, où nous nous adorons, on se sent renouvelé et grandi; et cet état de surexcitation est un bienfait, et si, le lendemain, on n'a pas de talent, on n'est qu'un crétin.
J. Renard, Journal,1896, p. 362. Prononc. ET ORTH. : [akʀ
ɔ
ʃkœ:ʀ]. − Rem. DG écrit accroche-cœurs. Étymol. ET HIST. − 1837 « favoris » arg. (Vidocq, II, 110 ds Sain. Sources Arg. t. 2 1912, p. 266).
Composé de accroche, du verbe accrocher* et de cœur*. STAT. − Fréq. abs. litt. : 34. BBG. − Cost. 1899. − Hanse 1949. − Leloir 1961. |