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ACCOUCHEUR, EUSE, subst. et adj.
I.− MÉDECINE
A.− Accoucheur,
1. subst. masc. Médecin, spécialiste ou non, présidant habituellement ou occasionnellement à des accouchements :
1. ... pareillement l'enfant ne saurait rester loin de sa mère; s'il ne la voit plus auprès de lui, il pleure, il s'agite; lui est-elle rendue, il est tranquille, ses mains encore faibles cherchent à s'étendre vers elle, son sourire enfantin décèle sa joie, et cette joie retentit dans le cœur de sa mère. Nous le demandons maintenant, malgré l'appareil fastueux des accoucheurs, des gardes, des nourrices, des gouvernantes, lequel, du fils d'un prince ou de cet enfant sauvage, lequel des deux est abandonné en naissant? P.-A.-F. de Laclos, De l'Éducation des femmes,1803, p. 433.
2. Interrogé sur le nombre d'enfants qu'il a supprimés ainsi au cours de sa carrière, il a répondu environ 70. Il arrive, malheureusement, que des monstres sont épargnés, mais cela ne se produit guère que dans les campagnes où d'ignorants carabins sont appelés à remplir l'office d'accoucheurs auprès des paysannes. Il ajoute que pas un accoucheur ne consentirait à dénoncer un collègue. J. Green, Journal,1936, p. 72.
Rem. Accoucheur a pour terme classificateur médecin, chirurgien. Il est associé aux n. désignant des pers. présentes à l'accouchement : gardes, nourrices (ex. 1). Syntagme : chirurgien-accoucheur (V. de Jouy, L'Hermite de la chaussée d'Antin, t. 3, 1813, p. 175).
2. Subst. et adj., ZOOL. Espèce de crapaud appelé également alyte* :
3. L'on connaît les soins du mâle du Crapaud accoucheur pour la ponte de ses femelles. Au cours de l'amplexus, il accouche véritablement celles-ci en comprimant énergiquement leurs flancs, provoquant ainsi une expulsion brusque et sonore des chapelets d'œufs. J. Guibé, Les Batraciens,1965, p. 72 (Rob. Suppl.).
B.− Accoucheuse, subst. fém. Femme qui habituellement aide à accoucher :
4. Une fois l'ordonnance indéfiniment suspendue, nous plaisanterons alors notre victime sur ses prétentions aristocratiques, nous parlerons de sa mère accoucheuse, de son père apothicaire. Lucien n'a qu'un courage d'épiderme, il succombera, nous le renverrons d'où il vient. H. de Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 505.
5. La bouche ouverte, elle crie; la couverture s'affaisse en rond entre ses genoux levés. La Bailleul, l'accoucheuse, est penchée vers le lit. Et tout à coup, dans la maison, il y a cette voix inconnue, cette plainte grêle et déjà vigoureuse. « Il a bonne voix, dit la mère Bailleul. C'est un beau gars. » M. Genevoix, Raboliot,1925, p. 228.
Rem. Accoucheuse est associé à nourrice, à ensevelisseuse; contrairement à accoucheur, il désigne une pers. ayant une expérience pratique, sans avoir nécessairement une qualification officielle à la différence de la sage-femme qui est auj. une infirmière diplômée.
II.− Au fig. [Gén. avec un compl. introd. par de] Celui qui (ou, p. anal., ce qui) aide quelqu'un à connaître ou à expliciter son savoir ou ses facultés inconscientes :
6. ... mais les petites âmes valent les grandes, et on peut sous la forme d'un amusement rendre les mêmes services que sous la forme d'un enseignement. Ainsi ne rougissons pas trop de ce métier de nourrice. Socrate ne se disait-il pas un accoucheur d'esprit? Et un plus grand que lui ne disait-il pas : laissez venir à moi les petits enfants? H.-F. Amiel, Journal intime,18 janv. 1866, p. 75.
7. Ah! Marre aussi de toi, de ton petit air tranquille de Monsieur Je-sais-tout, de tes éternelles questions à la Socrate-accoucheur-de-fausses-couches... R. Vailland, Drôle de jeu,avertissement, 1945, p. 93.
8. Quel que soit son argument ou sa thèse, la politique est avant tout une excellente accoucheuse de vocations fortes, une révélatrice de destins. De là vient sans doute qu'elle rassemble de véritables élites dans le domaine qui est le sien, celui de l'affirmation de soi par le risque... R. Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 95.
Rem. L'expr. un accoucheur d'esprits (cf. ex. 6) en réf. à la maïeutique de Socrate, désigne un maître appelé aussi accoucheur des intelligences (M. Blondel, L'Action, 1893, p. 244) ou encore accoucheur des âmes (Ch. Du Bos, Journal, janv. 1927, p. 142). Accoucheuse (cf. 8) est formé d'apr. le masc. et n'a qu'except. une nuance péj.
Vx, arg. mondain :
9. Accoucheur. Confesseur naturel d'une femme. Voyez médecin. Sticoti, Dict. des gens du monde,1818.
Prononc. : [akuʃ œ:ʀ], fém. [-ø:z]. Enq. : /akuʃø2 ʀ, akuʃø2z, D/.
Étymol. ET HIST. − 1. Accoucheur, 1677, D. Fournier ds Quem. t. 1 1959 : L'Accoucheur méthodique qui enseigne la manière d'opérer dans les accouchements naturels et artificiels. 2. Accoucheuse, 1671, F. Pomey, Dict. royal : accoucheuse, sage-femme; haec obstetrix. Dér. de accoucher* 2 b; suff. -eur*, -euse*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 61.
BBG. − Bénac 1956. − Blanche 1857. − Bouillet 1859. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Littré-Robin 1865. − Mét. 1955. − Nysten 1814-20. − Privat-Foc. 1870.