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ACCOSTER, verbe trans.
(S')approcher de quelqu'un ou de quelque chose.
A.− Emploi trans. gén. fam. et péj. S'approcher de quelqu'un avec l'intention de lui parler, de lier commerce avec lui :
1. J'aperçus une jeune fille qui se hâtait, je crus reconnaître son erre, je m'approchai, c'était Dina! Cependant, je n'osais me l'affirmer, ni l'accoster cavalièrement. Je la suivis à quelques pas en arrière et l'appelant plusieurs fois, à demi-voix, Dina! Dina! elle se retourna et me salua sans me reconnaître, je l'abordai tremblant : ... P. Borel, Champavert,Dina la belle juive, 1833, p. 126.
2. De Maistre, qui a intitulé un de ses chapitres : Analogie de Hobbes et de Jansénius, aurait pu l'intituler aussi bien : Analogie de Hobbes et de Pascal, et sans plus de justice; car, pour accoster Hobbes et ses adhérents, le chrétien ne se confond pas avec eux. Ch.-A. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 361.
3. C'était un brave et gros garçon, finaud pourtant, peu élégiaque (...). Caractère entier, brusque et brutal. Vous accostant d'un coup de poing et d'une poignée de main cordiale. E. et J. de Goncourt, Journal,août 1855, p. 196.
4. ... pendant qu'il cherchait ce canot, un homme l'accosta et lui fit pousser un cri de surprise. P.-A. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 3, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 505.
5. Certains soirs d'attente, au milieu du boulevard Saint-Germain, quand il marchait, l'œil au guet, et à petits pas, il était accosté par une ambulante, une blonde triste, qui errait, les mains dans un manchon et la tête nue. Elle lui disait : bonjour, beau blond! − mais il continuait sa route sans l'écouter. J.-K. Huysmans, Les Sœurs Vatard,1879, p. 271.
6. ... lorsque, petite fille, elle allait à l'école ou en revenait, grand garçon déjà, il l'accostait pour l'escorter, lui porter son panier, plein de vivres le matin et de commissions le soir,... J. de Pesquidoux, Le Livre de raison,t. 1, 1925, p. 22.
7. Peu à peu je m'enhardis. Je me laissai accoster dans les rues, j'allai boire au bistrot avec des inconnus. Un soir, je montai dans une automobile qui m'avait suivie le long des grands boulevards. S. De Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 271.
P. méton. [Avec un suj. inanimé] :
8. ... cette musique que nous entendions − arrangements de valses, d'opérettes allemandes, de chansons de cafés-concerts, toutes nouvelles pour moi − était elle-même comme un lieu de plaisir aérien superposé à l'autre et plus grisant que lui. Car chaque motif, particulier comme une femme, ne réservait pas, comme elle eût fait, pour quelque privilégié le secret de volupté qu'il recélait : il me le proposait, me reluquait, venait à moi d'une allure capricieuse ou canaille, m'accostait, me caressait, comme si j'étais devenu tout d'un coup plus séduisant, plus puissant ou plus riche;... M. Proust, À la recherche du temps perdu,À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 812.
Rem. 1. Emploi rare du verbe avec une caractérisation circ. (cf. ex. 3). 2. On lit ds Besch. 1845 : ,,Appuyer sur. Plus tard, il fallut compliquer le nom de race pour le rendre individuel. On l'accosta d'un nom d'alliance, d'un nom de patronage, d'un nom de profession (Ch. Nodier). Omission des dict.`` Il s'agit sans doute d'une forme active reconstruite par Nodier à partir du part. passé passif accosté*, qui en hérald. signifie « qui a à ses côtés, flanqué de » (cf. aussi inf. B s'accoster de).
B.− Emploi pronom., fam.
1. Gén. [Le verbe étant employé absol.] :
9. Les messes dites, tout le monde sort en tumulte. On se hèle, on s'accoste, on se pourchasse; c'est la détente du long recueillement. Les rires jaillissent, les propos sonnent. J. de Pesquidoux, Chez nous,t. 2, 1923, p. 126.
2. Vx. S'accoster de qqn.Le prendre pour compagnon, le fréquenter :
10. Je m'accoste volontiers du capitaine Radichi... Stendhal, Rome, Naples et Florence,t. 1, 1817, p. 228.
Rem. Dans cet emploi, Ac. 1835, 1878 et 1932 disent que le verbe ,,est familier et ne se dit guère qu'en mauvaise part.``
C.− Emplois techn.
1. MARINE
a) [Le suj. désigne un bateau] Venir se placer le long et à côté de. Accoster un quai, une côte, un vaisseau. ,,On leur cria d'accoster.`` (Ac. 1835, 1878, 1932) :
11. ... les deux côtés de la côte sont bordés de rochers élevés, qui offrent un débarquement facile, les vaisseaux pouvant les accoster de si près, qu'il est possible de communiquer avec une échelle, de la terre aux bâtimens. Voyage de La Pérouse autour du monde,t. 1, 1797, p. 127.
12. La chaloupe accoste le vaisseau : tous ceux qui étoient dans cette chaloupe montent à bord; la chaloupe elle-même est enlevée et suspendue à la poupe du bâtiment. F.-R. de Chateaubriand, Les Natchez,1826, p. 369.
13. Le beau navire s'est accosté... Il a bordé contre la cale, criblé de filins... Au bout de tous les efforts, la dernière voilure lui est retombée de la misaine... étalée comme un goéland... L.-F. Céline, Mort à crédit,1936, p. 140.
b) P. méton. [Le suj. désigne des pers. et le verbe est employé absol. ou à la forme trans.]
14. ... en quelques coups d'avirons, ils accostèrent le navire mouillé à deux encablures du quai. J. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 3, 1868, p. 8.
15. ... Le grand pont, si grouillant tantôt, apparaît quasi désert, sa masse irrégulière et confuse démesurément grandie dans l'obscurité. On accoste, on débarque. Et je m'arrête toujours alors, et je m'accoude au garde-fou du pont, et je contemple longtemps la prodigieuse vision de Stamboul nocturne. C. Farrère, L'homme qui assassina,1907, p. 32.
P. ext. métaph.
Emploi trans. :
16. ... j'ai envie de visiter aujourd'hui cette petite chapelle, au bout du parc, dont vous m'avez parlé, l'autre jour. Quel est le chemin le plus court pour l'accoster? J.-K. Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 247.
Emploi abs.
Avec un suj. inanimé :
17. ... il espérait confusément qu'il allait se produire quelque chose, qu'on allait peut-être l'oublier, et quand la voiturette accostait tout de même le long de son lit, il laissait éclater sa colère impuissante,... R. Dorgelès, Les Croix de bois,1919, p. 301.
Avec un suj. pers. :
18. ... la plupart des amis de mes vingt ans sont morts ou mourants, les moins tourmentés ont accosté dans les studios de cinéma, producteurs, metteurs en scène, scénaristes, dialoguistes, maquilleurs,... R. Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 16.
2. TECHNOL. ,,Approcher deux pièces jusqu'au contact.`` (Lar. encyclop. et Lar. 3).
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [akɔste], j'accoste [ʒakɔst]. Enq. : /ako2st/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : accostable, accostage, accostant, accoste subst. fém. 3. Hist. − Littré se prononce pour la simplification de la consonne double c : ,,On remarquera que nos anciens auteurs écrivaient généralement par un seul c acoster et les mots composés semblablement. Cela prouve qu'ils n'en prononçaient qu'un seul. Nous n'en prononçons qu'un seul non plus; pourquoi ne faisons-nous pas comme eux? C'est une simplification digne d'être recommandée à l'Académie.``
Étymol. ET HIST. I.− Pronom. 1. 1155 s'acoster à « se placer à côté de (qqn) » 1155 s'acoster a (Wace, Brut, éd. Arnold, 4951 ds Keller, Et. vocab. Wace, 358a : Al rei Wider s'est acostez, E juste lui fu lez a lez), 1250 s'acoster de (Atre perilleux, éd. Schirmer, 2336 ds T.-L. : Lors s'est d'Escanor acosté). − 1680 (Rich. t. 1 : s'acoster v. r. je m'acoste, je me suis acosté, je m'acosterai : s'aprocher de quelqu'un [on n'eût osé parler ensemble, ni s'être acosté de personne. Vaugelas, Quinte-Curce lib. X]); 2. apr. 1160 (rare à l'époque mod.) « se lier à (qqn) » (Wace, Rou, éd. Andresen, 3593 ds Keller, op. cit., 122a : Tiebalt requist le rei e od lui s'acosta) emploi qualifié de fam. par les lexicogr. dep. Ac. 1762; 1556 s'accoster à « aborder » (Le Caron, Dialogues, I, 2, 44 rods Hug. : J'avois grand desir ce matin de m'accoster à vous, pour estre participant de vos devis); 3. 1174 s'acoster à (à l'époque mod. qq. ex. accidentels) « s'appuyer à » (G. de Pont Ste Maxence, St Thomas le Martyr, éd. Hippeau, 5437 ds T.-L. : E a un piler s'est tenuz et acostez). − 1934 (G. Duhamel, La Chronique des Pasquier. Le Jardin des Bêtes sauvages, p. 42 : Il s'était accosté distraitement au chambranle de la porte...). II.− Trans. A.− 1. 1155 [arch.] « (d'un navire) longer la côte (d'un pays) » mar. (Wace, Brut, éd. Arnold, 5116 ds Keller, op. cit., 226a : Le lunc de la mer ad siglé E le païs ad acosté). Qualifié d'arch. ds Jal2s.v.; 1835 « (d'un navire) se placer le long, à côté de qqc. » mar. (Ac. s.v. : ...se dit d'un bâtiment, d'une embarcation qui vient se placer le long et à côté d'un objet : accoster un vaisseau); 2. 1582 « être à côté de qqn, l'accompagner » (F. Bretin, trad. de Lucien, Du Cercheur de repue franche, 59 ds Hug. : Il n'y aura aucun qui temerairement attaque ce riche en debat : quand il appercevra cestuy cy qui l'accoste), attest. isolée; forme passive : 1556 (vieillie) être accosté de « (d'une pers.) avoir (qqn) près de soi » (Saliat, trad. d'Hérodote, IX, 28, ibid. : Aprés estoient ordonnez mil Trezeniens, acostez de deux cens Lepreates, que quatre cens Myceneens et Tirynthiens adossoient), emploi qualifié de vieilli ds DG; 3. 1606 « aborder qqn pour lui parler » (Nicot s.v. : ... ainsi l'on en use pour approcher et joindre aucun et Quelquefois pour prendre sa hantise et conversation : comme si tost Que je l'eus accosté), qualifié de fam., de Fur. 1701 à Besch. 1845. B.− 1. Apr. 1160 (arch.) acoster (+ obj.) à « placer (un vaisseau) côte à côte avec (un autre) » mar. (Wace, Rou, III, 6506 ds Keller, op. cit., 358a : Lor navie tot assenblerent, L'une nef a l'autre acosterent), attest. isolée; 1687 accoster une voile « la border à toucher la vergue ou le bord » mar. (Desroches ds Jal2: accoster les huniers ou les perroquets, c'est faire toucher les coins ou points des unes et des autres, à la poulie qui est mise exprès pour cela au haut des vergues), qualifié d'arch. ds Jal2; 2. 1177 « appuyer (qqc.) » (Chrét. de Troyes, Chevalier à la Charrette, éd. M. Roques, 3510 : A ses danz l'espee li oste Et sor un fust gisant l'acoste Et derriers a un tronc l'apuie); 3. 1575 (rare) accoster (+ obj. de pers. ou inanimé) de « placer (qqn ou qqc.) à côté de (qqn ou qqc.) » (Am. Jamyn, Poesies, L.V, 257 rods Hug. : Pour me guider en ces lieux inconnus Il m'accosta d'un homme de Lycie qui me servoit de seure compagnie) encore au xixes. dans la litt. (Ch. Nodier voir sup. A, rem. 2), en mauvaise part, dep. Ac. 1762. III.− Intrans. 1155 acoster a terre « atterrir, aborder », terme de mar. (Wace, Brut, 4301 ds Keller, op. cit., 222a : Les nefs fit a terre acoster); apr. 1160 « id. » (Id., Rou, III, 6495, ibid. : Les nés sunt a un port tornees, Totes sunt ensenble arivees, Totes sunt ensemble acostees). Dér. de a. fr. coste*; à partir du xiiies., où s intérieur devant consonne n'est plus que graph., contaminations fréq. avec acoter* (Herzog ds Z. rom. Philol., XL, 713; Vidos, Parole, 179 sq.), de sens apparenté, avec lequel il devient homophone; réintroduction du s dans prononc. (difficile à dater puisque st conservé dans graph. jusqu'à Ac. 1740) s'est prob. faite d'apr. processus suiv. : a) xvies. s réintroduit dans prononc. au sens « s'approcher, aborder (qqn) » sous l'influence de l'a. prov. acostar, réfl. (sens attesté dep. mil. xiies., Rayn., II, 501b) par auteurs tels que Monluc, Montaigne, Aubigné, Brantôme; b) de là, 2emoitié xviiies., prononc. st étendue au terme mar. : (cf. Fur. 1690 : accoster en terme de mar. l's ne se prononce point; Trév. 1740 : accoter, terme de mar. ... du lat. costa). Hyp. fr. mod. accoster xvies. « aborder (qqn) » (puis xviies. terme de mar.) empr. à l'ital. accostare, de même orig. « approcher de, aborder (qqn) » dep. xiiies., terme de mar. dep. xives. ds Tomm.-Bell 1929. et Batt. t. 1 1961 (Vidos, Parole, 179 sq.; Wind 1928, p. 150; Sar. 1920, p. 55; Nypop, I, 62; Sain. Lang. Rab., 137; Kohlm 1901, p. 27; REW3; DG; DEI; Dauzat 1968), est improbable, ces 2 sens étant plus anciennement attestés en a. fr., la transformation étant purement phonét. et plus prob. due à auteurs étroitement en contact avec lang. d'oc.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 184.
BBG. − Bar 1960. − Bénac 1956. − Bonnaire 1835. − Gruss 1952. − Guilb. Aviat. 1965. − Jal 1848. − Le Clère 1960. − Soé-Dup. 1906. − Thomas 1956. − Will. 1831.