| ACCORTISE, subst. fém. Vx, rare. Amabilité, gentillesse : 1. ... au détour de la sombre et majestueuse cathédrale de Saint-Jean, j'aperçus une jeune fille qui se hâtait, je crus reconnaître son erre, je m'approchai, c'était Dina! (...), je l'abordai tremblant : − noble damoiselle, vous rappelez-vous, lui dis-je, ce jeune homme qui à Avignon sur le rempart, un soir de sérénade, adressa la parole à messire votre père et que vous remerciâtes de son accortise?
P. Borel, Champavert,Dina, la belle juive, 1833, p. 126. 2. ... article aimable et rempli d'accortise...
A. Pommier, Crâneries et dettes de cœur,1842, p. 165. Rem. Ac. Compl. 1842 et Besch. 1845 mentionnent encore accortesse; mais selon le 1ercette forme appartient au vx lang., et le second indique qu'on emploie de préférence accortise. Prononc. : [akɔ
ʀti:z]. Étymol. ET HIST. − 1578 [sans indication de sens] (H. Estienne, Deux dialogues du nouveau langage françois italianisé, I, 129 ds Hug. : Je sçay aussi fort mauvais gré à ceux qui ne se contentent d'user de quelques mots italiens, qui en la fin en ont été rendus familiers au langage François : mais de ceux-la font venir d'autres, qui lui sont aussi estranges, comme ceux-la luy sont familiers. Pour exemple, ceux qui ne se contentent pas de dire Accort et Accortement, mais disent aussi Accortise et Accortesse); 1. Nicot 1606 s.v. Accortesse : (...) on dit aussi accortise ... subtilité d'esprit, solertia, acumen ingenii; 1611 « id. » Cotgr.; semble disparu jusqu'à 1860 Dochez, Nouv. dict. lang. fr. ds Journet-Petit t. 1 1966 : accortise (...) adresse; 2. 1619 « manières courtoises, amabilité » (Chapelain, Gueux ds Hunter, Lex. Chapelain, s.v. : Son accortise est affeterie) qualifié de vieilli et de peu d'usage ds Rich. 1680, Ac. 1718. Encore début xviiies. Saint-Simon ds Littré, et par recherche, appliqué à un Italien; 1751, Voltaire, Siècle de Louis XIV, éd. Ch. Louandres, chap. XXVII, 506 : Mais, lorsque tout était en feu pour savoir si les cinq propositions étaient ou n'étaient pas dans Jansénius, Rospigliosi, devenu pape sous le nom de Clément IX, pacifia tout pour quelque temps... l'accortise italienne calma la vivacité française. Contrairement à l'affirmation de Nodier rapportée ds Besch. 1845, cet emploi par Voltaire n'a en rien renouvelé le terme, toujours qualifié de vieux ds Trév. 1771, Ac. 1878, 1932, Lar. encyclop., Rob.; de familier ds Ac. 1798, 1835, Besch. 1845. Même évolution sém. que pour accort*.
Formé à partir de accortesse par substitution de suff. − Vidos ds Arch. rom. XIV, 139; Tracc. 1907, 99, 100. Accortesse (dep. av. 1574 « qualité de ce qui est accort : habileté, sagacité », Jodelle, Les Amours, chanson, II, 78 ds
Œuvres, éd. La Mothe ds Hug. : Si est-ce que vivre ainsi, Ce leur semble, c'est d'ici [à la cour] La vertu seule, l'honneur, L'accortesse et le bonheur), prob. dér. de accort* (suff. -esse*), mais fréquemment rapproché de l'ital. accortezza (dér. de accorto « avisé, habile »), au sens de « sagacité, habileté » dep. xiiie-xives. (Bartolomeo da S. Concordio [1262-1347] ds Batt. t. 1 1961), cf. 1559 « id. », Bartolomeo Cavalcanti, La Retorica, 2, 122 ibid. : La quale similitudine sì l'accortezza, sì la diligente osservazione ci farà scorgere. STAT. − Fréq. abs. litt. : 1. BBG. − Breslin (M. S.). The Old French abstract suffix -ise. Studies in its rise, internal diffusion, external spread and retrenchment. Rom. Philol. 1969, t. 22. no4, p. 418. − Mots rares 1965. − Tracc. 1907, pp. 99-100. |