| ABSTERGER, verbe trans. I. Emploi trans., MÉD. Nettoyer un organe, une plaie, un ulcère avec un abstergent : 1. La membrane de l'uvée est si fine dans les ciseaux, que, lorsqu'on en a abstergé le vernis, elle est absolument transparente, et que l'iris paroît de la même couleur des deux côtés.
G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,t. 2, 1805, p. 407. II. Emploi pronom. − Propr. Se nettoyer : 2. La face interne de la choroïde est tapissée dans l'homme d'une mucosité noirâtre, ou même absolument noire et terne, qui peut se détacher ou s'absterger avec le doigt ou avec un pinceau, ...
G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,t. 2, 1805p. 397. − Au fig. Se purifier : 3. Moyses (...) se mit à la recherche d'un endroit nouveau et s'arrêta à l'avenue Pierre-Ier-de-Serbie, où fréquentent, me dit-on, des snobs en rupture de smoking, toujours un peu en extase devant les métèques du cinéma qui hantent les hôtels voisins et se hasardent parfois à venir prendre un verre au « bœuf », avec le sentiment de s'encanailler et de frôler le vice parisien, et dont Moyses saura bien s'absterger.
L.-P. Fargue, Le Piéton de Paris,1939, p. 55. Rem. Absterger est actuell. un arch., même dans la lang. méd. Les abstergents, en effet, sont remplacés, en méd., en chir. et en pharm. par les détergents (détergents de synthèse); à la différence de détergent, abstergent est resté limité au domaine de la méd. Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. − Dernière transcription ds DG : àb'-stèr-jé. 2. Dér. et composés : abstergent, abstersif (-ive), abstersion. 3. Conjug. : J'absterge, nous abstergeons, j'abstergeais : pour les verbes en -ger, cf. abroger (prononc. et orth. 4 et 5). 4. Hist. − Ce mot d'orig. sav. est attesté sous sa forme actuelle dès le xives. (cf. ex. étymol.), mais il n'est reçu dans les dict. que dep. Fur. 1690 et ds Ac. dep. l'éd. de 1762. Étymol. ET HIST. − 2emoitié xives. terme de méd. « enlever en essuyant (la sanie d'une plaie) » (Brun de Long Borg, Cyrurgie, fo18e: Que il n'i ait pas trop grant abstertion mais tele qui absterge l'ordure sanz mordication). Absterger n'est guère passé dans la lang. commune (pas d'attest., sinon dans les ouvrages spécialisés ou encyclop.). L'emploi au fig. n'apparaît pas non plus (à l'exception d'un ex. unique et tardif, cf. ex. 3).
Empr. au lat. abstergere (dep. Plaute, Asin., 797 ds TLL s.v., 190, 10 « essuyer [une partie du corps, une blessure] »), dep. Cicéron, Philipp., 14, 34 ibid., 189, 46 « essuyer la saleté, une secrétion du corps hum. : pleurs, sang, sueur », terme de méd. dep. Pline, Nat. hist., 17, 252 ibid., 189, 50 : defluens ex amygdala pituita abstergeatur; cf. 1252 Brunus Longoburgensis, Chirurg. Magna, 1, 5 ds Mittelat. W. s.v., 58, 18 : Sanies abstergatur cum coto. STAT. − Fréq. abs. litt. : 3. BBG. − Mots rares 1965. |