| ABOULIE, subst. fém. A.− PSYCHOPATHOLOGIE. Trouble mental caractérisé par la diminution ou la privation de la volonté, c'est-à-dire par l'incapacité d'orienter et de coordonner la pensée dans un projet d'action ou une conduite efficiente : 1. Le déficit, plus ou moins profond, de la volonté, représente l'aboulie; ...
H. Codet, Psychiatrie,1926, p. 26. 2. L'acte de repos, affirment les spécialistes, est un acte volontaire. Chez beaucoup de malades l'insomnie même n'est qu'une des mille formes de l'aboulie.
G. Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 254. 3. ... − l'aboulie caractérisée est accompagnée de phénomènes de dévitalisation − ...
E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 417. 4. Dans le cas extrême de l'aboulie interviennent un rétrécissement du champ de conscience et la pauvreté de l'idée, « simple, étroite, formée de peu d'éléments psychologiques » et par là même incapable d'étoffer une décision concrète.
E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 417. 5. ... le scrupuleux succombe à la maladie du doute et à ses conséquences, l'aboulie, l'asthénie et l'apraxie; ...
V. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 206. Rem. Le terme fonctionne souvent dans un syst. de synon. (cf. tous les ex. sauf 2 et 4), de nombreux troubles psychopathologiques présentant les mêmes symptômes et les mêmes effets que l'aboulie. B.− Au fig. Perte de vitalité d'un groupe social, d'une nation, etc. : Stylistique − Nuance gén. dépréc., plus accentuée dans les rares emplois métaph. (cont. soc. ou pol.). Dans ces ex. aboulie est renforcé par des adj. d'intens. (effroyable, profonde, cf. ex. 6, 7). Un emploi presque fam. :
8. Il inquiétait sa famille par ce qu'on appelait « son aboulie ».
S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 254.6. De l'éducation de la volonté dans l'instruction et dans la nation. Un beau sujet pour M. Buisson, à l'ouverture de son cours en Sorbonne. Un sujet trop actuel, hélas! dans l'effroyable crise d'aboulie que nous traversons.
G. Clemenceau, Vers la réparation,1899, p. 510. 7. Ce pays est peut-être absolument épuisé, disent-ils. Sa régression militaire et maritime n'exprime-t-elle pas un état d'anémie et d'aboulie sociales profondes?
Ch. Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 200. Prononc. − 1. Forme phon. : [abuli]. 2. Dér. et composés : aboulie, aboulique. Étymol. ET HIST. − Corresp. rom. : ital. abulia; esp., port. abulia; roum. abulie.
1883 terme méd. (Th. Ribot, Les Maladies de la volonté, p. 38 : Guislain a décrit en termes généraux cet affaiblissement que les médecins désignent sous le nom d'aboulie. Les malades savent vouloir intérieurement mentalement, selon les exigences de la raison... mais ils sont impuissants à faire convenablement).
Empr. au gr. α
̓
ϐ
ο
υ
λ
ι
́
α « irréflexion, imprudence » dont le sens a été modifié par β
ο
υ
́
λ
ε
σ
θ
α
ι « vouloir ». Α
ϐ
ο
υ
λ
ι
́
α formé du préf. privatif α
̓- et de β
ο
υ
λ
η
̀ « volonté ». STAT. − Fréq. abs. litt. : 15. BBG. − Foulq.-St-Jean 1962. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Goblot 1920. − Julia 1964. − Lafon 1963. − Lal. 1963. − Miq. 1967. − Moor 1966. − Piéron 1968. − Porot 1960. − Spitzer (L.). Prov. catal. avol « mauvais, vil ». Romania. 1939, t. 65, pp. 537-539. |