| ABOUCHEMENT, subst. masc. Action d'aboucher. A.− [En parlant d'animés (cf. forme pronom. du verbe)] Mise face à face par ou en vue d'un entretien : 1. ... mais Arnaud, si disputeur la plume à la main, avait une telle horreur et une telle méfiance des Jésuites, qu'il se refusa absolument à toute conversation et abouchement, seul moyen pourtant de se connaître et de s'apprivoiser.
Ch. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 4, 1859, p. 63. 2. On m'a conté, ces jours-ci, la façon dont le gouvernement achète les savants. Cela n'est pas long. Je m'étais laissé dire que pour corrompre les hommes, il fallait des tâtonnements, des ménagements, un abouchement par des tiers, enfin un peu de temps et quelques façons.
E. et J. de Goncourt, Journal,juill. 1860, p. 772. Rem. 1. Dans l'ex. 2, l'idée d'entretien a souvent une valeur péj. Deux ou plusieurs pers. sont mises face à face pour réduire une oppos. ou trouver une solution de compromis. Cf. l'emploi des Goncourt signalé par Max Fuchs (Lexique du Journal des Goncourt, 1912, p. 1) : ,,tentatives d'abouchement qui n'ont pas réussi``. 2. Ac. 1798 dit à propos de ce sens : ,,Il vieillit``. Ac. 1835 fait la même rem. Ac. 1878 note : ,,Il a vieilli``. B.− Emplois techn. [En parlant d'inanimés (cf. forme active du verbe)] Jonction de choses creuses, qu'elles soient de même nature ou que l'une soit le réceptacle de l'autre. − MÉDECINE : 3. ... il [le bord droit du cœur] comprend : l'abouchement ultime de la veine cave inférieure ...
G. Gérard, Manuel d'anatomie humaine,1912, p. 231. 4. Ainsi s'explique la fréquence de leur abouchement dans l'espace périvésiculaire ...
Dévé ds(F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouveau traité de médecine,1920-1924, fasc. 5, p. 315). Rem. Dans l'ex. 4, abouchement est empl. dans un sens voisin de débouchement, ,,arrivée d'un conduit dans un autre plus large`` (Littré-Robin 1865. Cf. aussi aboucher I A 2, rem.). − TECHNOL. ,,L'abouchement de deux tubes, de deux tuyaux.`` (DG; Ac. 1932). − ZOOLOGIE : 5. La plupart des oiseaux n'ont qu'une papille vasculeuse, située à la paroi inférieure de leur cloaque, et qui est souvent à peine sensible hors du temps de l'érection. Il ne peut se produire d'autre irritation dans le coït, que celle qui doit résulter de l'abouchement de leur cloaque et de l'attouchement de cette papille.
G. Cuvier, Leçon d'anatomie comparée,t. 5, 1805, p. 107. Prononc. : [abuʃmɑ
̃]. Enq. : /abuʃmã/. Étymol. ET HIST. − 1. xvies. et sqq. « conversation, entrevue » (Rabelais, IV, à Odet de Chastillon ds Hug. : Les autheurs susdictz ont au medicin baillé advertissement particulier des parolles, profons abouchemens, et confabulations, qu'il doibt tenir avecque les malades); ce sens est actuell. vieilli; 2. a) 1680 et sqq. terme d'anat. « rencontre de deux vaisseaux » (Rich. s.v. : abouchement, ce mot se dit en parlant d'anatomie, et veut dire rencontre et union. Abouchement des veines et des arteres dans la matrice); b) 1835 et sqq. terme des arts et métiers ds Ac., ibid. : On dit également dans les arts, l'abouchement de deux tubes, de deux tuyaux.
Dér. de aboucher* : 1, de aboucher 1 c; 2, de aboucher 2. STAT. − Fréq. abs. litt. : 5. BBG. − Jossier 1881. − Littré-Robin 1865. − Nysten 1814-20. |