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ABORIGÈNE, adj. et subst.
I.− Emploi adj. [En parlant de pers. ou de plantes] Qui est originaire du pays où il vit :
1. ... il y avoit alors un autre peuple, soit aborigène, soit venu de quelqu'autre partie de l'Amérique méridionale... Crèvecœur, Voyage dans la Haute-Pensylvanie et dans l'État de New-York,t. 3, 1801, p. 207.
2. Les premiers Italiens doivent avoir été les opici, hommes de la terre (ops), autochtones, aborigènes. J. Michelet, Histoire romaine,t. 1, Introd. 1831, p. 24.
3. Loin de partager l'opinion de Crozet touchant l'origine de ces deux races [de la Nouvelle Zélande], je crois au contraire que la race des individus plus foncés en couleur est celle des véritables aborigènes (α υ ̓ τ ο ́ χ θ ο ν ε ς) du pays, de ceux au moins qui y ont paru les premiers. J. Dumont-d'Urville, Voyage autour du monde et à la recherche de La Pérouse,t. 2, 1832, p. 388.
4. Aborigène. Nom donné aux êtres qu'on suppose originaires du pays où on les rencontre. On dit aussi autochthone [sic]. En parlant des plantes on dit le plus souvent indigène. E.-A. Carrière, Encyclopédie horticole,1862, p. 2.
5. C'est là que les indigènes ont été brutalement repoussés par les colons. On leur a laissé, dans les plaines éloignées, sous les bois inaccessibles, quelques places déterminées, où la race aborigène achèvera peu à peu de s'éteindre. Tout homme blanc, colon, émigrant, squatter, bushman, peut franchir les limites de ces réserves. J. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 2, 1868, p. 168.
6. Les Anglais, on le voit, au début de leur conquête, appelèrent le meurtre en aide à la colonisation. Leurs cruautés furent atroces. (...) Aussi la population aborigène, décimée par les mauvais traitements et l'ivrognerie, tend-elle à disparaître du continent devant une civilisation homicide. J. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 2, 1868p. 169.
II.− Emploi subst. [Généralement au plur.] Les aborigènes.Habitants originaires du pays où ils vivent :
7. Son esprit d'observation s'amusait à l'étude de cette société composite, au travail de fusion qui faisait de tous ces disparates une agglomération chaque jour plus cohérente : faune nouvelle en harmonie avec la flore du jardin qu'on apercevait sous les fenêtres, avec ces massifs d'arbustes indigènes et d'essences exotiques où l'œil accoutumé ne distingue plus les espèces acclimatées des aborigènes. E.-M. de Vogüé, Les Morts qui parlent,1899, p. 55.
8. Maintes fois, avec dom Granger, j'ai étudié cette formidable épopée où l'on voit les aborigènes tenir tête aux conquérants arabes. P. Benoit, L'Atlantide,1919, p. 73.
9. Je promis aux nouveaux venus quels qu'ils soient, les mêmes droits que les aborigènes et que les citoyens précédemment établis dans la ville, reportant toute discrimination à plus tard et selon les preuves. A. Gide, Thésée,1946, p. 1447.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [abɔ ʀiʒen]. Passy 1914 note encore une durée longue pour [ε] ouvert. Cf. aussi Harrap's 1963 qui signale également cette possibilité. 2. Le mot apparaît sous sa forme graph. actuelle au xves. (cf. étymol.). Cette forme est concurrencée, par la forme aborigines, calquée sur le lat. au xvies. (cf. étymol.), au xviies. (cf. Quem.), aux xviiieet xixes. (cf. Trév. 1752, 1771 et Ac. Compl. 1842 qui ont comme vedette : Aborigine(s) ou Aborigène(s). Ac. préconise la forme mod. dans l'éd. de 1762 mais cette forme ne l'emporte définitivement dans les dict. qu'à partir de Besch. 1845). − Rem. Trév... 1752, 1771, Ac. 1702, 1798, 1835 traitent le mot en tant que subst masc. plur. Ac. Compl. 1842 a pour vedette le subst. au sing. Besch. 1845, Littré, DG et Ac. 1932 distinguent sous une même vedette aborigène, l'adj. et le subst. empl. uniquement au plur. Ac. 1878 réserve 2 entrées au mot, l'une au sing. pour l'adj., l'autre au plur. pour le subst.
Étymol. − Corresp. rom. : esp., roum. aborìgen; cat. aborìgens; ital. aborígeno, aborígine. 1. 1488 « habitant primitif de l'Italie », terme hist., trad. (La Mer des Histoires, I, 185d, éd. 1491, Vaganay ds Rom. Forsch. XXXII, p. 3 : iceulx Romains estoient aborigènes rustiques et estrangers); 2. 1570 (Aborigenes, nom des premiers habitants du Latium), terme hist., trad. (G. Hervet, Cité de Dieu 2, 174 ds Quem. : Laurentinum [ville du Latium, à XVI M. de Rome, aujourd'hui Torri di Paterno, dans la Comarque de Rome] esté une cité fort ancienne, laquelle tindrent les Aborigenes »); 3. 1582 « habitants primitifs d'un pays » (L. Guicciardin, Description du Pays-Bas, trad. de l'ital. F. de Belle-Forest 265, Vaganay ds Rom. Forsch., XXXII, p. 3 : Et pour ce sont ils nommez Aborigines ou originaires du lieu). Empr. au lat. aborīgĭnes, subst. plur., attesté comme n. ethnique des premiers habitants du Latium (dep. Caton, Hist., 7 ds TLL s.v., 125, 20; cf. Salluste, Catil., 6, 1, ibid., 22 : urbem Roman... condidere... Troiani... cumque eis Aborigenes, genus hominum agreste, sine legibus, sine imperio, liberum atque solutum), prob. déformation par étymol. pop. (ab-origine) d'un n. ethnique de peuple anc. (Ern.-Meillet), d'où 2. Au sens 3 dep. Pline, Hist., nat., 4, 120 ds TLL s.v., 125, 31 : Erythea dicta est quoniam Tyri, aborigenes earum...; cf. xiies. Vita Altmanni, episc. Pataviensis 28 ds Mittellat. W. s.v., 37, 16 : expulsis aboriginibus, pro eis habitaverunt. Un emploi du n. ethnique comme subst. mais limité à l'Italie. Formes en -gène, peut-être d'apr. lat. indigena. HIST. − Subst. relativement anc. qui entre dans la lang. à la fin du xves. comme n. ethnique limité à l'Italie, pouvant désigner plus spéc., comme terme d'hist. anc., au plur., les 1ershabitants du Latium (cf. étymol. 1 et 2). Des hyp. ont été émises sur l'orig. du peuple ainsi dénommé et par-là même sur l'orig. de son n. (cf. Trév. 1752). Dès la fin du xvies., il a un sens moins restrictif (cf. étymol. 3) qui se maintient jusqu'à nos jours (cf. sém.). Dep. le mil. du xixes., aborigène s'emploie également à la forme adj. comme épithète propre à l'orig. aux seuls animaux et plantes (cf. Besch. 1845), puis étendue aux humains. A l'époque actuelle, adj. ou subst., il semble être usité moins couramment que ses synon. indigène ou autochtone (cf. Dub.).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 19.
BBG. − Husson 1964. − Littré-Robin 1865. − Mots rares 1965. − Perraud 1963. − Spr. 1967.