| ABOLISSEMENT, subst. masc. Action d'abolir; fait d'être aboli. − DR. (Cf. hist.) : 1. Quelle gloire pour un siècle que l'abolissement de l'esclavage! Si un seul homme en était cause, il aurait fait plus de bien que jamais homme n'en a pu faire; ...
G. de Staël, Lettres de jeunesse,t. 1, 1786, p. 141. − Sens non jur. (Cf. hist.) : 2. Et c'est vrai que cette sorte de courage vous a des apparences de péché. Elle n'est pas qu'une forme de la curiosité de la vie, comme le goût du sacrifice n'est qu'une forme de la prodigalité de la vie : elle est l'envahissement de tout l'être par la tentation d'un acte, l'abolissement de tout ce qui pourrait y faire obstacle, et l'héroïsme n'est plus alors de voler à l'appel du péril mais d'y résister.
H. de Montherlant, Le Songe,1922, p. 77. Rem. 1. Dans cet ex. 2, abolissement semble être une création d'aut. à partir du verbe abolir, en vue d'éviter toute contamination avec les emplois jur. du synon. abolition. 2. Abolissement, comme abolition, est apparu dans la lang. jur., mais dans le vocab. du dr. institutionnel seulement. Très usité surtout au xvies. dans la lang. litt. commune où il fonctionne comme synon. de abolition, il cesse, après un regain de vitalité au xixes., d'être en usage au xxe. Prononc. : [abɔlismɑ
̃]. Étymol. − 1445 « action de supprimer (une institution, un fait jur.) ». Terme jur. (Cart. de Metz, BN L. 10027, fo88 rods Gdf. Compl. : Au regart de l'abolissement des proclamations est accordez que le dit abolissement se fera par les dis maistre eschevin).
Dér. du thème du part. prés. de abolir* 1; suff. -ment*.
HIST. − D'abord attesté dans la lang. jur. (xves., cf. étymol.) le mot prend une rapide ext. dans la lang. commune (xvies.) où il est très usité, indiquant indifféremment l'action ou l'état (8 ex. ds Hug.). Aux xviieet xviiies. il est surtout empl. en parlant des lois et des coutumes (cf. Ac. 1718 : ,,Il n'a d'usage qu'en parlant de loix et de coustumes``). Aux xixeet xxes., il vieillit (cf. DG), sans doute concurrencé par abolition; seuls demeurent qq. emplois litt. du mot. − Rem. Malgré les déf. analogues gén. données aux 2 subst. abolition et abolissement, on note que ce dernier n'est pas usité dans la lang. du dr. pénal : On a cherché une différence entre abolissement et abolition; mais il est impossible d'en trouver une qui soit fondée, si ce n'est que seul abolition se dit pour la remise d'un crime, d'une peine. Littré s.v. abolition.
I.− Pas de disparition av. 1789.
II.− Hist. de l'unique sens et des accept. attestés apr. 1789. − A.− Dans la lang. du dr. « institutionnel », 1reattest. 1445 (cf. étymol.), subsiste jusqu'au xixes. − xvies. : Abolissement de noblesse. Fr. de Rabutin, Mém., VIII, [1525], (Gdf.). − xviies. : L'abolissement ou l'abrogation des loix se fait par l'établissement des nouvelles. L'abolissement des coûtumes arrive par la succession de temps, par le non-usage. Fur. 1960. − xviiies. : L'abolissement des anciens usages parlementaires. Ac. 1798. − xixes. : L'abolissement des vieilles coutumes. DG. B.− Dans la lang. commune, 1reattest. xvies., subsiste. − xvies. : Job... ne prend la mort que comme un abolissement de toute sa vie, ne regardant point à ce qui s'ensuit après. Calvin, Instruct. contre les Anabaptistes, VIII, 139 (Hug.). − xviieet xviiies. Aucun ex. en dehors de la lang. du dr. « institutionnel » (cf. sup. introd.). − xixes. (emploi méd.) : L'abolissement de la faculté de sentir et de se mouvoir dans l'apoplexie. Littré. STAT. − Fréq. abs. litt. : 3. |