| VOIE, subst. fém. I. − Passage par où l'on s'engage pour franchir un obstacle naturel ou pour aller d'un point à un autre. A. − Espace, aménagé ou non, à parcourir pour aller quelque part. Synon. chemin.Voie carrossable, défoncée, dégagée, étroite, la plus sûre, longue; détour d'une voie; état de la voie; dégager, obstruer, quitter une voie; prendre une bonne, une mauvaise voie. Il ne reste plus à la rivière picarde qu'à se frayer une voie à travers les roches (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 134).Il faut en évaluer la composition [de la forêt] (...) ce qui ne peut se faire que grâce à des reconnaissances (...) qui sont particulièrement difficiles dans les territoires d'Outre-Mer, du fait (...) de la rareté des voies de pénétration (Forêt fr.,1955, p. 45). ♦ Locutions ♦ Être par voies et par chemins. Être toujours en chemin, jamais au même endroit. Synon. être par monts et par vaux (v. mont I B).Vous êtes toujours par voies et par chemins, et on ne sait où vous prendre (Mérimée, Lettres à une inconnue,t. 2, 1867, p. 300). ♦ La voie est libre. Il n'y a pas d'obstacle, le passage est possible. Quelle cohue! dit-elle en riant (...). Elle ouvrit la porte de communication: « La voie est libre » (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 169). 1. Espace aménagé pour faciliter les déplacements d'un point à un autre. Synon. route, rue.Tracé de la voie; entretenir une voie; voie sans issue ; voie communale, interdite, piétonne, principale, prioritaire, souterraine, urbaine; voie de desserte, de transit, de déviation. Cela, Kobus, résulte de l'extension des voies de communication. Autrefois, quand les routes étaient rares, quand il n'existait pas de chemins vicinaux, on ne voyait pas circuler tant de commis voyageurs (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 158).Sans se lancer comme certains pays voisins dans la construction de véritables autoroutes (...) l'administration française avait commencé l'aménagement de voies à grande circulation dites « grands itinéraires » (J. Thomas, Route,1951, p. 306). − En partic. ♦ Voie express. Route, voie urbaine rapide réservée aux véhicules motorisés. (Dict. xxes.). ♦ Voie privée. Route ou rue ne faisant pas partie de la grande voirie et échappant aux règlements de la circulation générale. Voirie: Longueur et état des routes: Nationales. − Départementales. − Communales. − Voies privées (Fonteneau, Cons. munic.,1965, p. 39). ♦ Voie publique. Route ou rue faisant partie du domaine public. Mais à peine est-il parvenu sur la voie publique, que les mots d'explosion, de meurtre, d'incendie, de destruction, viennent porter l'alarme dans son cœur (Procès conspir. 1erConsul,t. 1, 1801, p. 30). ♦ Voie à sens unique. V. sens2I A 1. ♦ Voie sans issue. Impasse. Au fig. Voie sans issue. Entreprise qui n'aboutit à rien. L'un de ces amis (...), voulant l'aider, l'égara tant et si bien que Flamel perdit des mois à errer dans des voies sans issue (Caron, Hutin, Alchimistes,1959, p. 9). 2. Subdivision de la chaussée permettant la circulation d'une file de véhicules. Route à trois, à quatre voies (Dict. xxes.). ♦ Voie unique. V. ce mot A 1 a équip. 3. HIST. Espace aménagé à caractère particulier. ♦ Voie appienne. Route de Rome à Brindisi, commencée en 312 avant J.-C. par le censeur Appius Claudius. La route que suivait la voiture était l'ancienne voie Appienne, toute bordée de tombeaux (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 543). ♦ Voie romaine. Route construite par les Romains pour permettre des communications faciles et sûres. Oui, il les connaissait bien ces murs carrés, ces nobles tracés, ces pures lignes droites des oppida et des voies romaines (Psichari, Voy. centur.,1914, p. 120). ♦ Voie sacrée. [Dans l'Antiq.] Route que suivaient les processions pour se rendre d'Athènes à Éleusis; route qui conduisait à un grand sanctuaire (Olympie, Delphes, Parthénon). (Ds Lar. 20e-GDEL). Grande voie triomphale qui conduisait au Capitole à travers le Forum romain. La Lagide [Cléopâtre] habitait, à Rome, avec son fils et sa suite la villa et les jardins de César qui s'étendaient sur la rive droite du Tibre. Le dictateur demeurait dans un des bâtiments publics de la voie Sacrée (A. France, Vie littér.,1892, p. 119).Auj. Voie sacrée. Route qui relie Bar-le-Duc à Verdun et qu'on a jalonnée de bornes en souvenir de son importance lors de la Première Guerre mondiale. À Verdun, la fameuse voie sacrée, route unique pour assurer le ravitaillement du front, fut organisée comme une ligne de chemin de fer (Albitreccia, Gds moyens transp., 1931, p. 28). 4. CH. DE FER. Voie (ferrée). Ensemble des installations ferroviaires sur lesquelles roulent les convois. Voie déviée, en faisceaux, indépendante, latérale, principale; branchement de la voie; passage de la voie; bifurcation, changement de voie; traverses de voie; voie d'arrivée, de chargement, de déchargement, de départ, de service; éviter, ouvrir, surveiller, traverser la voie; sortir de la voie. Le charbon propre (...) tombait ensuite par des entonnoirs dans les wagons de la voie ferrée, établie sous le hangar (Zola, Germinal,1885, p. 1187).On attribue généralement à la voie normale 1 m 44, à la voie large 1 m 46, à la voie étroite de 1 m à 0 m 60. La voie peut être unique ou double. Enfin, selon sa position par rapport à la gare initiale, on a la voie paire ou impaire, la voie montante ou la voie descendante (Albitreccia, Gds moyens transp.,1931, p. 45). ♦ En compos. Garde-voie*. ♦ À contre-voie*. Voie unique. V. ce mot A 1 a. − En partic. ♦ Voie ouverte. En France, le régime de la voie ouverte [c'est-à-dire signaux normalement ouverts mis à l'arrêt seulement lorsqu'il existe un obstacle à couvrir ou un train à protéger] a été seul en usage sur la double voie jusqu'en 1889 (Bricka, Cours ch. de fer,t. 2, 1894, p. 146). ♦ Voie d'évitement*. Voie de garage*. − ,,Dans une gare chacune des installations correspondant à la circulation d'un train`` (GDEL). Le train entre en gare sur la voie 14 (GDEL). − P. méton. Espace entre deux rails. La voie normale en usage en France est de 1 m 44 à 1 m 45 entre les bords intérieurs des rails (Bricka, Cours ch. de fer,t. 1, 1894, p. 16). 5. MINES. Galerie de mine. Les galeries [qui] servent au transport des véhicules [se désignent] sous le nom de galerie de roulage, mère galerie, voie de fond, voie maîtresse, quand elles sont horizontales; plan incliné dans le cas contraire (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 649). 6. SPORTS (alpin.). Itinéraire d'escalade. Voie directe; voie d'approche, de descente. Il reste à tenter de nouvelles voies dans les faces et les arêtes (Gazier, Les Sports de la Montagne,1949ds Petiot 1982).La première cordée qui réussit à se frayer un passage nouveau vers un sommet difficile réalise une voie qui, après avoir été contrôlée par des alpinistes compétents, est reconnue officiellement (Gautrat1970). 7. P. anal., MÉTÉOR. ,,Itinéraire suivi de préférence par les courants de perturbation`` (Lar. Lang. fr.). Sur l'Europe on observe un certain nombre de voies cycloniques, auxquelles les météorologistes ont donné des numéros (Lar. Lang. fr.). 8. ASTRON. Voie lactée*. 9. P. ext. Milieu, moyen emprunté pour se déplacer, pour transporter des marchandises et servant de support aux moyens de communication. Voie aérienne, maritime, de terre. Les chemins de fer me paraissent peu commodes, et je reviendrai ici probablement pour prendre la voie de mer (Flaub., Corresp.,1871, p. 207).Quand on disait « la route », on entendait la voie fluviale aussi bien que la voie terrestre, et la première ne le cédait nullement à la seconde en importance, bien au contraire (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 150). ♦ Voie ferrée. Le chemin de fer comme moyen de transport. En même temps que le service ambulant par voie ferrée, les services maritimes postaux reçurent de nouvelles extensions (Pradelle, Serv. P.T.T. en Fr.,1903, p. 64).10.P. méton., vx. Quantité portée en un seul trajet. a) Quantité de marchandises correspondant à une charretée ordinaire. Elle donne tous les ans vingt-quatre voies de bois que je distribue aux malheureux (Balzac, Mmede la Chanterie, 1844, p. 291). ♦ Voie de charbon. Sac de charbon contenant un hectolitre. (Dict. xixeet xxes.). Voie de coke. ,,15 hectolitres, ou un mètre cube et demi`` (Littré). Voie d'eau. Quantité d'eau contenue dans deux seaux de porteur d'eau. L'hiver, les fontaines étaient gelées; l'eau coûtait vingt sous la voie (Hugo, Quatre-vingt-treize,1874, p. 119).Voie de pierre. ,,Charretée, qui en contient environ quinze pieds cubes`` (Littré). Voie de plâtre. ,,Quantité de douze sacs, qui contiennent chacun deux boisseaux et demi`` (Littré). b) Arg. ,,Course de taxi`` (Sandry-Carr. 1963). Faire la voie. ,,Charger moyennant un prix fixe plusieurs clients pour une direction donnée`` (Sandry-Carr. 1963). B. − Passage qui a été parcouru et qui a laissé des traces. 1. a) Ensemble des traces parallèles laissées sur le sol par les roues d'un véhicule. Avoir la voie; être à la voie. De même qu'ici toutes les voitures sont « à la voie », c'est-à-dire assez larges pour que les roues correspondent exactement aux ornières des charrettes, toutes mes pensées, jusqu'à ce jour, avaient été « à la voie » de mon père, de mes beaux-parents (Mauriac, Th. Desqueyroux,1927, p. 223). b) TECHNOLOGIE
α) Distance séparant les roues d'un même essieu d'un véhicule, ou distance existant entre les deux points théoriques d'appui au sol d'un même essieu. [Dans] les charrues à stabilité longitudinale et transversale l'age est rendu solidaire d'un train de deux roues ayant une voie suffisante (Passelègue, Mach. agric.,1930, p. 37).Pour une hauteur donnée du centre de gravité d'un véhicule, une largeur de voie relativement grande accroît la stabilité latérale (Guerber1967).
β) Largeur d'un trait de scie, écartement latéral des dents d'une scie. Donner de la voie à une scie. Il faut que cette scie n'ait pas plus d'une demi-ligne (...) de voie (Maugin, Maigne, Nouv. Manuel luthier,1929 [1869], p. 260).Sur la scie à ruban la voie est donnée en écrasant légèrement le sommet des dents (MoirantBois1986).
γ) TEXT. Voie du peigne. Trace laissée par le peigne du métier sur le tissu et constituant un défaut. (Dict. xixeet xxes.). 2. VÉN. Endroit par où le gibier est passé et qu'il a indiqué par la trace et l'empreinte de ses pattes ou par l'odeur qu'il a laissée en l'air (d'apr. Baudr. Chasses 1834). Synon. piste.Être sur la voie; perdre la voie. Le mâle qui venait d'apparaître (...) traînait, collés à sa voie, une menace et un péril de mort (Genevoix, Dern. harde, 1938, p. 125).La bête de chasse revenait sur sa propre voie et, de ce fait, brouillait sa piste (Vialar, Brisées hautes,1952, p. 69). ♦ Voie de bon temps. ,, Voie d'une heure ou de deux heures`` (Baudr. Chasses 1834). Voie chaude, fumante, vive. ,,Voie de l'animal qui vient de passer`` (Baudr. Chasses 1834). Voie du relevé. ,,Voie de la veille`` (Baudr. Chasses 1834). Voie de hautes erres. ,,Voie déjà vieille`` (Baudr. Chasses 1834). Voie surpluée ou surneigée. ,,Voie sur laquelle il a plu ou neigé`` (Baudr. Chasses 1834). Voie légère. ,,Voie dans laquelle dansent les chiens quand ils ont de la peine à la suivre`` (Baudr. Chasses 1834). − Expr. Mettre les chiens à la voie. Amener les chiens sur le chemin que la bête a suivi. On les mit [les chiens] à la voie et les chasseurs s'égaillèrent (Druon, Roi de fer,1955, p. 316).N'avoir plus ni vent ni voie. [En parlant d'un chien] ,,Manquer à la fois des odeurs et des traces qui permettent de suivre du gibier`` (Lar. Lang. fr.). P. anal. De l'animal [un singe] qu'il cherchait [M. Sariette] il n'avait encore ni vent ni voie (A. France, Révolte anges,1914, p. 28). ♦ Au fig. Être à bout de voie (vieilli). S'arrêter faute de moyens pour poursuivre. La philosophie du XVIIIesiècle (...) était à bout de voie et tout à fait stérilisée, lorsque M. Cousin débuta dans la carrière (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 10, 1867, p. 450).Mettre qqn sur la voie. Aider quelqu'un à deviner, à trouver, donner des indications dans ce but. Dans la malle, si on l'ouvrait, il n'y a rien de suspect? rien qui puisse intriguer la police ou la mettre sur la voie? (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 250). Rem. ,,Bien qu'empruntée au vocabulaire de la vénerie (...), cette loc., pourtant très usuelle, n'est pratiquement jamais analysée ainsi. Pour la plupart des locuteurs, voie est compris au sens le plus courant de « chemin, direction »`` (Rey-Chantr. Expr. 1979). Trouver sa voie. Trouver le chemin à prendre, réussir à s'orienter. Il tient de moi: il deviendra sérieux quand il aura trouvé sa voie (A. France, Bergeret,1901, p. 65).C. − Conduit permettant un acheminement, une transmission. Nous ne percevons ce décalage que lorsque l'une de nos voies de transmission des informations comporte une faible vitesse de propagation, par exemple une transmission sonore (Decaux, Mesure temps,1959, p. 8). − ANAT. Ensemble des structures qui livrent passage à l'air ou à diverses matières organiques ou qui constituent un système destiné à assurer une fonction. Voies auditives, biliaires, cutanées, digestives, interrachidiennes, nerveuses, pulmonaires, respiratoires, urinaires, veineuses. Le processus est plus complexe alors que le virus est introduit primitivement dans le derme cutané. Une partie est absorbée et gagne, par les voies lymphatiques, la circulation sanguine (Nocard, Leclainche, Mal. microb. animaux,1896, p. 375). ♦ MÉD. Par (la) voie + adj.[Pour indiquer le mode d'administration d'un médicament ou la voie d'accès que suit le chirurgien pour une opération] Administrer un médicament par voie buccale, intramusculaire, intraveineuse. Le traitement chirurgical se propose de faire disparaître la hernie en réintégrant dans la cavité abdominale l'estomac et en resserrant l'orifice diaphragmatique œsophagien. Cette opération peut se faire par voie thoracique et abdominale ou tout simplement par voie abdominale (Quillet Méd.1965, p. 145). D. − Ouverture naturelle ou accidentelle. 1. ÉLECTR. Voie d'enroulement. ,,Ensemble des sections d'un induit à collecteur qui, à un instant donné, se trouvent en série entre deux balais consécutifs de signes contraires`` (Lar. Lang. fr.). 2. MAR. Voie d'eau. Ouverture ou déchirure accidentelle de la coque d'un navire au dessous de la ligne de flottaison et par laquelle l'eau pénètre à l'intérieur du bâtiment. Aveugler, boucher, calfater une voie d'eau; localiser la voie d'eau. Le roulis (...) n'était pas parvenu à rompre les chaînes des ancres, mais leurs secousses avaient entr'ouvert une voie d'eau sur les flancs du navire. Brèche énorme; car les pompes ne suffisent pas à rejeter les paquets d'eau salée qui viennent, en écumant, s'abattre sur le pont, comme des montagnes (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 205). 3. TÉLÉCOM. ,,Ensemble des dispositifs électriques et mécaniques servant à l'acheminement des messages`` (Lar. Lang. fr.). Plusieurs voies de transmission peuvent partager un support commun; par exemple, une bande de fréquence particulière ou bien un intervalle de temps particulier répété périodiquement est réservé à chaque voie (Spatiologie1985). II. − Orientation, conduite à suivre ou suivie. A. − Suite d'actes ayant le même caractère et le même but. Autre, fausse, nouvelle voie; la plus mauvaise, la plus sûre voie; voies battues, parallèles; voie commune, trompeuse; voie d'approche, du bien, du cœur, du courage, de l'honneur, du mal; ouvrir, suivre, trouver une voie; montrer, préparer la voie à qqn. N'est-il pas cent fois préférable que, le jour de son arrivée au corps, le jeune soldat soit remis au capitaine (...) qui a tout intérêt à le diriger dans la bonne voie? (Davout, Réorg. milit.,1871, p. 45).Le cinématographe, avec la voix, les sons, la musique, avec la couleur et bientôt le relief, malgré la réussite de quelques films, atteint à peine son âge ingrat. On peut seulement dire que, seuls, les dessins animés ont marqué des progrès authentiques et indiqué des voies à suivre ou à explorer (Arts et litt.,1936, p. 34-2). − Locutions ♦ En voie de. [Pour indiquer que qqc. est en cours et se modifie dans un sens déterminé] En voie d'accroissement, d'achèvement, de cicatrisation, de croissance, de décadence, de développement, d'évolution, d'exécution, d'expansion, d'extinction, de fermeture, d'industrialisation, de réalisation, d'urbanisation; en voie de s'arranger. [Les pythagoriciens] considéraient le monde comme un ordre en voie de formation, un progrès vers le bien (Renouvier, Essais crit. gén.,3eessai, 1864, p. 167).Les phénomènes de totale ségrégation culturelle (...) sont en voie de disparition (Dumazedier, Ripert, Loisir et cult.,1966, p. 302). ♦ En bonne voie. Dont on peut envisager l'avenir de manière positive, qui est bien engagé. Les 1reet 2earmées semblaient en bonne voie et paraissaient même gagner du terrain (Joffre, Mém.,t. 1, 1931, p. 344).J'ai hâte de vous faire savoir que la triste affaire qui vous a préoccupé si longtemps est en bonne voie de règlement (Montherl., Célibataires,1934, p. 829). − RELIG. Conduite à suivre pour atteindre un but. Voie étroite, large, royale; voie de l'enfer. La fable qui remplit l'enfer, le purgatoire, et le paradis, c'est l'homme retiré de la forêt sombre des intérêts et des passions terrestres, et ramené, par la considération de soi-même, du monde, et de la Divinité, dans les voies du salut (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 242). ♦ Toujours au plur. Desseins selon lesquels Dieu guide les hommes. Voies impénétrables, obscures. Disons donc plutôt que nous sommes foibles, que les voies de Dieu sont profondes, et qu'il se plaît à exercer ses serviteurs (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 446).V. impénétrable B 2 ex. de France: Comme il n'y a pas le moindre doute sur la vérité de cette proposition, il n'en faut pas davantage pour justifier les voies de la Providence même dans l'ordre temporel, si l'on joint surtout cette considération à celle de la justice humaine, puisqu'il est démontré que, sous ce double rapport, le privilège de la vertu est incalculable, indépendamment de tout appel à la raison, et même de toute considération religieuse.
Maistre, Soirées St-Pétersb.,t. 1, 1821, p. 64. B. − Moyen employé pour atteindre un but. 1. Moyen conduisant à un but considéré du point de vue du résultat désiré. Voie des découvertes, des honneurs, des richesses, de la sagesse; s'engager dans une voie; se frayer une voie. La France s'est constituée en République. En adoptant cette forme définitive de gouvernement, elle s'est proposée pour but de marcher plus librement dans la voie du progrès et de la civilisation (Constitution de 1848 dsDoc. hist. contemp.,p. 191).Il faudra examiner (...) cette double voie de connaissance, par affirmation et par négation, pour voir ce à quoi l'une et l'autre tendent directement (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1025). 2. Moyen qui conduit à un but considéré du point de vue de la nature de la conduite qu'il implique. Voie d'accommodement, de la douceur, de la négociation, de la sévérité; voie détournée, simple. Petit-fils d'Alsacien, j'étais en même temps Français de France; Karl me ferait acquérir un savoir universel, je prendrais la voie royale: en ma personne l'Alsace martyre entrerait à l'École Normale Supérieure (Sartre, Mots,1964, p. 129). 3. Spécialement a) DR. Voie de droit. ,,Recours à la justice selon les formes légales`` (Barr. 1974). − En partic. ♦ Voie d'exécution. ,,Ensemble des procédures permettant à un particulier d'obtenir, par la force, l'exécution des actes et des jugements qui lui reconnaissent des prérogatives ou des droits`` (Jur. 1971). ♦ Voie(s) de fait. V. fait A 3 a.Voies de recours. V. recours C 1. − Expr. Les voies et (les) moyens. ,,Procédés concrets permettant la réalisation d'une opération`` (Cap. 1936). Ils se réunirent (...) afin d'examiner les voies et moyens. M. de La Trumelle se prononça pour l'action légale (A. France, Île ping.,1908, p. 212). b) CHIM. Manière d'opérer, nature des moyens employés. Voie humide. Opération consistant à employer des solvants liquides. Le soufre possède deux systèmes cristallins, l'un propre au soufre qui a cristallisé par la voie humide, l'autre au soufre fondu qu'on a laissé refroidir (Élie de Beaumontds B. Sté géol. Fr.,t. 4, 1847, p. 10).Voie sèche. Opération conduite par le feu, en dehors de l'emploi de liquides. [L'argent] ne s'oxyde point par la voie sèche (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog.,t. 1, 1821, p. 95). C. − Intermédiaire utilisé pour atteindre un but. 1. Ce par quoi on passe ou on doit passer pour réaliser ou obtenir quelque chose. Voie des armes; voie administrative, diplomatique, gouvernementale, législative. Le droit de manifester sa pensée et ses opinions, soit par la voie de la presse, soit de toute autre manière, le droit de s'assembler paisiblement (...) ne peuvent être interdits (Constitution de l'an 1,1793ds Rec. textes hist., p. 68).V. affiche1ex. 10. − En partic. Voie hiérarchique. V. hiérarchique B. 2. Loc. Par voie de. Par une suite logique et progressive. Par voie de conséquence, la méthode géographique (...) donne la première place et le principal intérêt à l'étude exacte, précise, de ce qui est aujourd'hui (Brunhes, Géogr. hum.,1942, p. 282). REM. Voyable, adj.,hapax. [En parlant d'une voie de circulation] Pratiquable. Il n'y a pas ombre de calèche dans ce sentier, qui me paroît d'ailleurs peu voyable aux équipages (Nodier, Trésor Fèves,1833, p. 43). Prononc. et Orth.: [vwa]. Fouché Prononc. 1959, p. 62, Warn. 1987 [-a]. Martinet-Walter 1973 [-ɑ], [-a] (10, 7). Ac. 1694, 1718: voye; dep. 1740: voie. Étymol. et Hist. I. A. 1. a) 1100 « parcours que l'on suit pour aller d'un point à un autre » (Roland, éd. J. Bédier, 365); 1140 en la veie se metre « se diriger quelque part » (Geffrei Gaimar, Histoire des Anglais, éd. A. Bell, 2854); 1176-81 loc. savoir ne vant ne voie « ne pas connaître le parcours de quelqu'un » (Chrétien de Troyes, Chevalier de la Charrete, éd. M. Roques, 6383); b) spéc. 1868 alpin. « itinéraire d'ascension » (Annuaire du Club alpin suisse, pp. 83-84 ds Quem. DDL t. 27); 2. a) 1100 « espace aménagé pour permettre les déplacements d'un point à un autre » (Roland, 2399); 1671 par voie et par chemin (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 391); b) 1510 « grande route de l'Antiquité » voye Appia (P. Gringore, L'Espoir de Paix, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 1, p. 174); 1788 voie Sacrée (Abbé J. J. Barthelemy, Voyage du Jeune Anacharsis, p. 527); c) 1690 voye publique (Fur.); d) 1776-77 mines (Morand, L'Art d'exploiter les mines de charbon de terre, 2epartie, sect. I, § 224 d'apr. Brunot t. 6, 1, p. 402); 3. p. anal. 1550 voies de l'eau (Ronsard, Odes, éd. P. Laumonier, t. 1, p. 148); 1578 marinieres voyes (R. Garnier, Marc Antoine, 776, éd. W. Foerster, t. 1, p. 176); 4. voie lactée, v. lacté; 5. 1828 ch. de fer voies de fer (J. Masclet, Génie Civil, I, p. 418 ds Wexler, p. 42, note 14); 1858 voie ferree (Chesn.); 1865 voie de garage (Littré, s.v. garage). B. 2emoit. xiiies. vén. « chemin par où une bête a passé » (La Chace dou Cerf, 273, éd. G. Tilander ds Studier Modern Språkvetenskap, t. 14, p. 71); 1635 voyes de hautes avies (J. de Ligniville, La Meutte et Venerie pour le lièvre, p. 148 ds Tilander, p. 47); 1635 voyes de bon temps (Id., La Meutte et Venerie pour le cerf, t. 2, p. 17, ibid., p. 49); 1635 voyes doublees (Id., La Meutte et Venerie pour le chevreuil, p. 136, ibid., p. 119); 1655 voyes du relevé (Salnove, La Vénerie royale, p. 35, ibid., p. 46); 1690 voyes surmarchées (Fur.); 1690 loc. remettre les chiens sur les voyes (ibid.); 1691 fig. remettre sur les voies (Mmede Sévigné, op. cit., t. 3, p. 970); av. 1740 à bout de voie, ici fig. (Saint-Simon, Mémoires, éd. A. de Boislile, t. 13, p. 83). C. « Itinéraire ou conduit naturel » 1. a) 1314 anat. voie de la viande (Chirurgie de Henri de Mondeville, éd. Ch. Bos, § 259); b) 1800 « ensemble de conduits que parcourt une matière quelconque dans l'économie animale » voies urinaires (Geoffroy, Méd. prat., p. 203); 2. 1678 voye d'eau « ouverture par laquelle l'eau entre dans un navire » (Guillet 3epart., p. 346). D. Techn. 1. 1660 « espace entre les roues d'une voiture » (Oudin Fr.-Esp.); 1798 avoir la voie « avoir, entre les roues la distance voulue par l'usage du pays » (Ac.); 2. 1690 « largeur d'un trait de scie » (La Quintinie, Instruction pour les jardins potagers); 1765 donner de la voie à une scie « en écarter les dents » (Encyclop. t. 13, p. 70a); 3. 1723 « passage successif sur l'appareil à lainer » (Savary). II. A. 1. 1remoit. xiies. « conduite considérée comme un chemin que l'on peut suivre » (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, XVII, 24); id. la veie des justes (ibid., I, 7); id. male veie (ibid., CXVIII, 101); ca 1170 dreite veie (Livre des Rois, éd. E. R. Curtius, p. 83); 1225 bonne voye (Gautier de Coinci, Miracles de Nostre Dame, D 80, 54, éd. V.-F. Koenig, t. 4, p. 420); 2. xiiies. les voies des homes « conduite morale de l'homme » (B. N. 899, fo299 vods Trenel, p. 379); 3. loc. a) 1550 montrer la voie à (Ronsard, op. cit., p. 78); b) 1602 se préparer la voye (Cl. Fauchet, Déclin de la Maison de Charlemagne, p. 206); 1738 préparer les voies (Ch. Rollin, Hist. Anc. des Égyptiens, t. 6, p. 609); c) 1611 ouvrir la voye (J. Bertaut, Les Œuvres poét., p. 351); d) 1656 mettre qqn sur la voie (Corneille, L'Imitation de Jesus-Christ, p. 169). B. 1. a) 1remoit. xiies. « façon de procéder; conduite à suivre » (Psautier d'Oxford, CXVIII, 104); ca 1250 (Assises de Jerusalem, éd. Beugnot, t. 1, p. 50); b) 1491 « moyen dont on se sert » (Philippe de Commynes, Mémoires, éd. J. Calmette, t. 1, p. 79: par voyes d'assemblées); 2. a) 1283 « moyen d'action judiciaire » (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, XI, 315, éd. Am. Salmon, t. 1, p. 355); 1601 la voye de la justice (P. Charron, De la Sagesse, Trois livres, p. 436); 1601 voye amiable (Cl. Fauchet, Fleur Maison de Charlemagne, p. 29); 1690 voie de droit (Fur.); b) 1378 « tout acte par lequel on s'empare violemment d'une chose sur laquelle on n'a pas de droit reconnu » (13 juillet, A. du Prince, 75, no7, A. Neuchâtel ds Gdf. Compl.); c) 1835 voies et moyens (Ac.); 3. 1656 « intermédiaire ou suite d'intermédiaires qui permet d'obtenir quelque chose » (Pascal, Provinciales, VI, éd. L. Lafuma, p. 397); 1903 par voie de conséquence (Lévy-Bruhl, Mor. et sc. mœurs, p. 111); 4. 1690 chim. « manière de procéder » (Fur.); 1788 voie humide (Buffon, Hist. nat. Minéraux, t. 1, p. 434); 1814 voie sèche (Nysten). III. Métrol. fin xiiie-déb. xives. « la moitié d'une portée (mesure de drap) » (texte ds Poerck, La Draperie médiévale, t. 2, p. 217); 1407 voie d'eaue (Enquête du Prevôt de Paris ds Bibl. Éc. Chartes, t. 1, p. 247); 1416 voies de plastre (Ctes Hotel Dieu, t. 3, p. 44 ds IGLF); 1579 voye de bois (H. Estienne, La Precellence du Langage françois, éd. E. Huguet, p. 180). Du lat. via « chemin, route; voyage, trajet; conduit, canal; genre, méthode, moyen, procédé ». Fréq. abs. littér.: 5 890. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7 046, b) 7 049; xxes.: a) 8 191, b) 10 333. DÉR. Voyette, subst. fém.,région. (notamment Ouest). Petite voie, sentier de peu de largeur. [Les sarcleuses] passaient, prenant chacune l'une des voyettes étroites que les rigoles creusent entre les planches semées (R. Bazin, Blé,1907, p. 207).− [vwajεt]. − 1resattest. a) ca 1280 voiete « petite voie » (Gérard d'Amiens, Escanor, 16694, Michelant ds Gdf.) − xvies. ds Hug., présent encore dans différentes régions: Flandres, Picardie, Haute-Bretagne (v. FEW t. 14, p. 372b), b) 1904 vén. (Nouv. Lar. ill.); de voie, suff. -ette (-et*). BBG. − Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 601. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 11. − Goug. Mots. t. 1 1962, p. 185. − Quem. DDL t. 16, 27, 33, 34. |