| VÉNUS, subst. fém. [P. réf. à Vénus, déesse de la beauté, de l'amour] A. − 1. Femme très belle, bien faite. Jeanne (...) Conduit par le chemin sa génisse au taureau. Compagnonnage errant de placides femelles, Plantureuses Vénus de l'animalité (Rollinat, Névroses, 1883, p. 170).V. barbaresque ex. 2. 2. Femme considérée comme le type de la beauté féminine à telle époque, à tel endroit. Le magistrat me disait sa joie patriotique de voir bientôt la Vénus de Milo. (...) je crus pouvoir lui dire que nous avions aussi nos Vénus nationales, qui n'étaient pas manchotes et qu'il rencontrerait aux Folies-Bergère (Barrès, Voy. Sparte, 1906, p. 186).Vénus hottentote*. − P. anal., littér., rare. Chose qui peut être considérée comme la plus belle parmi d'autres choses du même type. Synon. parangon, perle.La cathédrale me troublait (...). Je croyais avoir trouvé le dernier mot du gothique, la Vénus architecturale. (...) je retourne à mon impartialité d'amour: je les aime toutes (Michelet, Journal, 1835, p. 212). − Loc. Ceinture de Vénus. V. ceinture I A 1 et venusté A 1 a ex. de Jankélévitch. 3. Gén. péj., vieilli. Vénus banale, Vénus de(s) carrefour(s), etc. ou, absol., Vénus. Prostituée. L'ennuyeux Grandisson, pour qui la Vénus des carrefours elle-même se trouverait sans sexe (Balzac, Cous. Pons, 1847, p. 14).Lord Byron livrait aussi sa vie à des Vénus payées: il remplit le palais Mocenigo de ces beautés vénitiennes (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 361).V. délice ex. 1. ♦ Coup de pied de Vénus. V. pied 1reSection I B 3 c α.Sacrifier* à Vénus. 4. Au fig. Principe, puissance de l'amour, de la féminité. Au moins ces misérables ont pour se consoler la Vénus animale. Ils « s'aiment » comme des chiens, pêle-mêle, partout (Lemaitre, Contemp., 1885, p. 280).Toute la chair se fait proposition. (...) la femme s'offre (...). L'individu subit l'espèce (...). La vénus tient la psyché en état (Valéry, Variété V, 1944, p. 192). B. − P. méton. 1. BEAUX-ARTS. Statue(tte) ou représentation picturale figurant Vénus ou une femme de grande beauté, répondant aux canons de l'esthétique antique, classique. Vénus accroupie, callipyge. Les folâtres et élégantes princesses de Watteau, à côté des Vénus sérieuses et reposées de M. Ingres; (...) les mornes beautés de Delacroix (Baudel., Salon, 1846, p. 133).Une petite Vénus en biscuit de Sèvres portant deux colombes dans ses mains (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 183).V. idéal1ex. 6.Vénus anadyomène*. 2. HIST. Statue(tte) de femme considérée comme le type d'une certaine culture. Cachée au fond d'un bois (...), se trouve la Vénus de Quinipily. C'est une statue (...) représentant une femme nue (...). À voir de profil ses cuisses grasses, sa croupe charnue (...), elle vous semble d'une sensualité à la fois toute barbare et raffinée (...). On l'a prise (...) pour une Vénus romaine (...) n'y a-t-il pas (...) irrévérence trop grossière à supposer les Romains, eux qui aimaient tant les belles femmes, capables jamais d'en avoir fait une si laide? (Flaub., Champs et grèves, 1848, p. 272).V. stéatopygie, dér. s.v. stéatopyge, ex. C. − Spécialement 1. ALCHIM., CHIM., vx. Synon. de cuivre. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Cristaux de Vénus, vert de Vénus. Acétate neutre de cuivre en cristaux. (Ds Codex, 1908, p. 186 et Lebeau, Courtois, Pharm. chim., t. 1, 1929, p. 618). 2. ANAT., lang. cour. Collier* de Vénus. Mont* de Vénus. 3. BOTANIQUE a) Vénus attrape-mouches. Synon. de dionée. (Dict. xixeet xxes.). b) Sabot(-)de(-)Vénus. Synon. de cypripedium* calceolus.V. cypripède ex. de J.-M. Pelt et sabot C 7 ex. de Zola. 4. CONCHYLIOL. Mollusque lamellibranche comestible, à valves égales, arrondies, épaisses, striées. Les vénus, les bucardes (...) ont à l'une et à l'autre valve des dents qui se reçoivent réciproquement (Cuvier, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 415).En partic. Vénus ou venus verrucosa. Synon. sc. de praire.Lamellibranches (...). Venus verrucosa (Praire) (Zool., t. 1, 1963, p. 1118 [Encyclop. de la Pléiade]). 5. HORTIC. Téton(-)de(-)Vénus. V. téton B 1. 6. MINÉR. Cheveux de Vénus. V. cheveu II A 3. Prononc. et Orth.: [venys]. Ac. 1694: Venus; dep. 1740: Vénus. Avec une majuscule, sauf au sens de « mollusque ». Étymol. et Hist. 1. 1246 désigne la planète (Gossuin de Metz, Image du monde, ms. B.N. fr. 1548, 30 vob d'apr. R. Arveiller, Notes lexicol. ds Marche romane t. 20 1978 ds Mél. Wathelet-Willem, p. 16); 2. 1538 « paillardise, ardeur amoureuse » (Est.); 1694 plaisirs de Vénus (Ac.); 1814 maladie de Vénus (In titre: DrSacombe, La Vénusalgie ou la maladie de Vénus ds Quem. DDL t. 20, s.v. vénusalgie); 1832 mal de Vénus (Mém. de J. Casanova de Seingalt, t. 6, ch. 7, p. 297, ibid., s.v. mal); 3. 1566 alchim. « cuivre » (J. Grévin, Discours sur les vertus et facultez de l'antimoine, fo10 vo); 4. 1736 conchyliol. conque de Vénus (Catal. raisonné de coquilles, p. 82); 1778 malacol. Venus d'Islande (Bibl. du Nord, II, 182-3 ds Quem. DDL t. 21). Du lat. Venus, -eris déesse de la beauté, terme att. aux sens de « amour, plaisir de l'amour », « charme, attrait, grâce », et comme nom de planète et en lat. médiév. comme terme d'alchim. « cuivre » ca 1215 ds Latham. Fréq. abs. littér.: 121. DÉR. 1. Vénusiaque, adj.a) [En parlant d'une femme] D'une grande beauté, digne de la déesse Vénus. Synon. vénusien (infra).MmeÉdouard Lockroy (...) était (...) d'une taille pleine et souple, de jambes vénusiaques, de mains délicates (L. Daudet, Clemenceau, 1942, p. 10).b) [En parlant d'une chose abstr.] Relatif à la femme et à l'amour. Synon. vénusien (infra).Le grand interprète de la passion vénusiaque, l'aède de la splendeur et suavité féminine, de l'attachement physique (...) c'est Ronsard (L. Daudet, Idées esthét., 1939, p. 166).− [venyzjak]. − 1reattest. 1932 (Id., Rech. beau, p. 141); de Vénus, avec finale d'apr. des mots tels que insomniaque*. 2. Vénusien, -ienne, adj. et subst.a) Adj. [En parlant d'une femme]
α) Synon. de vénusiaque (supra dér. 1 a).Les jambes [d'Elsa], rejointes par la station verticale, ne laissaient, entre les cuisses vénusiennes, aucun intervalle (L. Daudet, Médée, 1935, p. 112).
β) Synon. de vénusiaque (supra dér. 1 b).La troisième (...), entièrement nue fors le cache-sexe et l'étroit soutien-gorge qui moulait une poitrine petite et haut placée (...), semblait s'offrir comme un symbole vénusien à nous tous qui la regardions (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 201).b)
α) Astron. Adj. Relatif à la planète Vénus. Cycle, jour vénusien; année vénusienne. Un module (...) destiné à se poser en douceur sur le sol de Vénus (...) un ballon météo porteur d'instruments permettant d'enregistrer (...) certains des paramètres de l'atmosphère vénusienne (Le Monde aujourd'hui, 16-17 déc. 1984, p. IV, col. 2).Subst. Habitant(e) présumé(e) de la planète Vénus. Pour qui guette déjà le sourire des Vénusiennes, la belle merveille que l'exploit de Gagarine! (...) chacun dissimule son indifférence et s'applique à s'extasier: un homme dans l'espace, c'est fabuleux! (Arts, 19-26 avr. 1961, p. 1).
β) Astrol. Adj. [En parlant d'une pers., de son caractère] Qui est sous l'influence de Vénus et se caractérise par la douceur, la sensibilité, le goût de l'esthétique. L'instinct sexuel, l'attrait du beau (...), la recherche de l'unité et de la fécondité prennent naissance dans le « centre d'énergie », dans le « noyau » vénusien. Mais la destruction martienne en demeure bien proche. Vénus symbolise aussi l'imagination (Divin.1964, p. 217).Subst. ,,Sujet qui est nettement influencé par Vénus (...) sensible et affectueux (...) de tempérament sanguin (...). Il réussit dans les professions de la beauté et de l'élégance, dans les commerces de luxe`` (Curcio Astrol. 1980, s.v. Vénus). V. martien B ex. de Abellio.− [venyzjε
̃], fém. [-jεn]. − 1resattest. a) α) 1872 adj. « relatif à la planète Vénus » (Ch. Gros, Un drame interastral ds
Œuvres compl., éd. L. Forestier et P.-O. Walzer, p. 372),
β) 1946 astrol. subst. « ce qui caractérise une personne influencée par la planète » (Abellio, Pacifiques, p. 268), b) 1935 adj. « relatif à une vénus » (L. Daudet, Médée, p. 112); de Vénus, suff. -ien*. BBG. − Duch. Beauté 1960, p. 61, 76. − Quem. DDL t. 18, 22, 28, 31. |