| TARDIGRADE, adj.;TARDIGRADES, subst. masc. plur. I. − Adj., vx. Qui marche lentement. Les Églises, les rois (...) Ces lourdes légions tardigrades, s'indignent Contre ceux qui vont vite (Hugo, Toute la lyre, t. 1, 1885, p. 307). − Au fig. Être tardigrade. Être vieux jeu, être en retard (dans ses jugements, sa façon de penser). Je ne crois pas être trop sévère, ni tardigrade, en disant qu'une telle conduite est indigne d'un homme (Aymé, Travelingue, 1941, p. 207). − Empl. subst., vx. Tout ce qui dans son évolution progresse lentement. Les monarchies, ces tardigrades (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 24). II. − Subst. masc. plur. A. − ZOOL. Groupe de mammifères édentés qui comprend les animaux appelés aussi paresseux. Sur la terre, nous contemplons avec compassion ces ébauches animales, l'unau, l'aï, plaintives et souffrantes images de l'homme qui ne peuvent faire un pas sans pousser un gémissement: paresseux ou tardigrades. Ces noms que nous leur donnons, nous pouvions les garder pour nous (Michelet, Oiseau, 1856, p. 24). ♦ P. compar. L'homme, créature amphibie et mitoyenne épaissie par la symbiose de l'âme et du corps, ne peut exister que dans les trois dimensions de l'espace et dans la prolongation végétative de l'intervalle; une telle situation le condamne à la lenteur et à la lourdeur des tardigrades, à l'hébétude, aux pensées crasses et grossières (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 115). − Au sing. Mammifère appartenant à ce groupe. P. compar. Si la lenteur est relative au désir du mouvement, à l'effort toujours trompé d'aller, d'avancer, d'agir, le vrai tardigrade c'est l'homme (Michelet, Oiseau, 1856, p. 24). B. − ENTOMOL. Ordre d'animaux arthropodes de la classe des Arachnides, vivant dans les mousses et les lichens, caractérisés par leur pouvoir de reviviscence en cas de dessiccation. Et, de même que les rotifères et les tardigrades peuvent être chauffés à une température voisine de l'ébullition, sans perdre nécessairement leur vitalité, il en sera de même pour toi, si tu sais t'assimiler, avec précaution, l'âcre sérosité suppurative qui se dégage avec lenteur de l'agacement que causent mes intéressantes élucubrations (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p. 287).Les petits Invertébrés (Rotifères, Tardigrades) qui vivent dans la mousse tombent en « mort apparente » sous l'effet de la dessiccation; ils recouvrent une vitalité normale, ils « ressuscitent », dès qu'on leur restitue l'humidité nécessaire (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 101). Prononc. et Orth.: [taʀdigʀad]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. A. Adj. 1615 « à la démarche lente » qualifiant une tortue (J. de Montlyard, Hieroglyphiques de Vivian, p. 351 ds Gdf. Compl.: Une tortue cheminant laquelle Pacuve appelle [...] tardigrade), ex. isolé; 1842 en parlant d'animaux (Ac. Compl.). B. Subst. 1. 1764 « animal arthropode de la classe des arachnides » (Ch. Bonnet, Contempl. nat. Œuvres, t. VIII, p. 263 ds Littré); 2. 1795 plur. « famille de mammifères édentés » (Geoffroy Saint-Hilaire et Cuvier, Mémoire sur une nouvelle division des Mammifères in Magasin Encyclop., no6, p. 15). Empr. à l'adj. lat.tardigradus « qui marche lentement » (Pacuvius d'apr. Ciceron, De Divinatione, 2, 133: Nam Pacuvianus Amphio: Quadrupes tardigrada, agrestis, humilis, aspera [...] Cum dixisset obscurius, tum Attici respondent: Non intellegimus, nisi si aperte dixeris. At ille uno verbo: testudo). Fréq. abs. littér.: 26. |