| SINGE, subst. masc. I. A. − ZOOL., gén. au plur. 1. [N. générique désignant l'ensemble des mammifères primates anthropoïdes, quadrupèdes ou bipèdes, comprenant notamment les Platyr(r)hiniens et les Catar(r)hiniens] Synon. simiens.Les rapports étroits qu'il [Linné] observe du point de vue de leur morphologie entre les singes anthropoïdes et l'homme, sont nettement mis en évidence (Hist. sc., 1957, p. 1356).V. platyr(r)hiniens, s.v. platy- ex. de Teilhard de Chardin. 2. Spécialement a) Singes (de l'Ancien Monde). Singes catar(r)hiniens cynocéphales quadrupèdes possédant pour la plupart de longues canines et comprenant, parmi les espèces les plus connues: les babouins, les colobes, les macaques, les singes Rhésus et plus généralement les singes à longue queue. Je me permettrai, pour les singes, de vous rappeler, monsieur, que les Cynocéphales étaient, en Égypte, consacrés à la lune, comme on le voit encore sur les murailles des temples (Flaub.,Corresp., 1863, p. 82). ♦ Singes de Brazza. [La monogamie] existe (...) chez certains Cercopithèques d'Afrique comme le Singe de Brazza (Zool., t. 4, 1974, p. 980 [Encyclop. de la Pléiade]). ♦ Singes supérieurs ou grands singes. Grands singes généralement sans queue, de la famille du Pongo, présentant de grandes ressemblances avec l'homme, se déplaçant selon la locomotion brachiale (gibbon, orang-outang) ou verticale en s'appuyant sur l'articulation des phalanges (gorille, chimpanzé). Du côté catarhinien, les Anthropoïdes (gorille, chimpanzé, orang, gibbon), singes sans queue, les plus grands et les plus éveillés des singes, que tous nous connaissons bien (Teilhard de Ch.,Phénom. hum., 1955, p. 171). b) Singes du Nouveau Monde. Groupe de Singes platyr(r)hiniens de l'ordre des Primates, sauteurs ou grimpeurs, généralement à longue queue préhensile, comprenant les ouistitis, tamarins et sagouins et les Cébidés (Alouate, Atèle, Sajou, Saki...). Le crâne de tous les singes du Nouveau Monde est court et arrondi, avec une petite face et une grande boîte crânienne. Le Hurleur est le seul à s'écarter quelque peu de ce type (Tous les animaux du monde, Paris, UNIDE, t.16,1982,p. 1508). ♦ Singe-araignée ou voltigeur. Singe noir possédant de longs membres recouverts de poils et une grande queue à extrémité nue. Synon. atèle.Largement répandus dans l'Amérique méridionale, les Singes-Araignées comprennent les espèces suivantes: l'Atèle noir (...) l'Atèle variegatus (...) l'Atèle Araignée (...) le Lagotriche de Humboldt (Encyclop. Sc. Techn.t. 91973, p. 139). ♦ Singe-écureuil. Synon. de saïmiri.Les Cebinae comprennent les Sajous ou Capucins (Cebus) et les Singes-écureuils (Saïmiri) tous diurnes et grimpeurs (Zool., t. 4, 1974, p. 970 [Encyclop. de la Pléiade]). ♦ Singe laineux. Synon. de lagotriche.Les singes laineux, de stature robuste, présentent un ventre arrondi et proéminent. La peau est noire de jais et la fourrure, douce et laineuse, est très serrée (Tous les animaux du monde, Paris, UNIDE, t.16,1982,p. 1513). c) [Dans une perspective évolutionniste] Souvent au plur. Ancêtre des espèces actuelles de singes; primate intermédiaire entre le Singe et l'Homme (australopithèque, pithécanthrope, sinanthrope, préhominiens). On a trouvé deux grandes versions de l'origine de l'homme. Les uns disent « le péché originel »; les autres que nous descendons des grands singes. Choisissez et battez-vous là-dessus (Barrès,Cahiers, t. 4, 1905, p. 54).V. homme ex. 12: 1. Il y a un million d'années environ, on trouve parmi les « singes » de l'Afrique du Sud des formes singulières, les Australopithèques, qui ont des caractères hominiens. Beaucoup de savants éminents les comptent parmi nos ancêtres directs. Un peu plus tard, nous voyons le Sinanthrope de Chine, le Pithécanthrope de Java...
Furonds R. gén. sc., t. 63, 1956, p. 47. ♦ Singe-homme (ou homme-singe). Considérant que le fossé entre les singes anthropoïdes et l'homme était trop considérable, Haeckel avait supposé qu'il devait y avoir eu entre eux au moins un être intermédiaire, ayant servi de trait d'union. Il donna le nom de Pithécanthrope [singe-homme] à cet être purement théorique (Hist. sc., 1957, p. 1420).Eugène Dubois, qui partit aux Indes néerlandaises avec l'intention bien arrêtée d'y rechercher l'« homme-singe » hypothétique (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 562). ♦ L'homme descend du singe. [Aphorisme dicté par une interprétation étroite des théories évolutionnistes] On répète souvent que l'homme descend du singe. Cette assertion n'a pas de sens précis. L'homme ne peut descendre de l'un des singes qui vivent aujourd'hui sur la terre (J. Rostand,La Vie et ses probl., 1939, p. 185).V. descendre I B 1 c ex. de Flaubert. d) Faux singe. [N. donné quelquefois à des primates tels que les Lémuriens, les Loris et les Tarsiers (d'apr. Littré)] e) Espèce particulière de singe: 2. ... j'ai l'habitude de lui réciter, comme les héros de Rabelais, une longue litanie simiesque composée à grands coups de dictionnaire d'histoire naturelle. Tous les singes y défilent, depuis le sapajou jusqu'au cercopithèque qu'il ne faut point confondre avec le simple pithèque, en passant par le ouistiti, le chimpanzé, le macaque et tutti quanti.
Mallarmé,Corresp., 1871, p. 43. − [En Afrique Noire] Singe noir. Singe à pelage noir, vivant en zone forestière (d'apr. Invent. Particul. lex. Fr. Afr. n. 1983). Singe rouge. Singe à poils roux, de la famille du cercopithèque (d'apr. Invent. Particul. lex. Fr. Afr. n. 1983). Singe vert. Cercopithèque à très longue queue et au pelage gris vert, vivant en bandes près des villages (d'apr. Invent. Particul. lex. Fr. Afr. n. 1983). V. colobe2ex. de Morand. B. − Lang. cour. 1. Mammifère primate (mâle ou femelle) à face nue, généralement arboricole, de taille variable selon les espèces, caractérisé par un cerveau développé, de longs membres terminés par des doigts et qui, par ses mimiques et ses attitudes, rappelle l'espèce humaine. Une bande, une troupe de singes; grand, gros singe; un jeune, un vieux, un pauvre singe; singe d'Amérique, d'Asie; singe enchaîné; singe savant. Une bande de très petits singes qui font de l'acrobatie dans les branches des plus hauts arbres, et que dénoncent leurs cris aigus (Gide,Retour Tchad, 1928, p. 998).V. babouin ex. 1. − En partic. Mâle de l'espèce (p. oppos. à guenon). Elle [la guenon] jette la noix. Un singe la ramasse, Vîte entre deux cailloux la casse, L'épluche, la mange, et lui dit: Votre mere eut raison, ma mie: Les noix ont fort bon goût, mais il faut les ouvrir. Souvenez-vous que, dans la vie, Sans un peu de travail on n'a point de plaisir (Florian,Fables, 1792, p. 161). − Rare. [En appos. avec une valeur de coll.] Il ne faisait ni frais ni lourd. Au long de la Bamba et de la Pombo, le peuple singe s'amusait (Maran,Batouala, 1921, p. 52). 2. Expr., loc. ou compar. a) [fondées sur le physique ou le faciès du singe] Être laid comme un singe; faire des grimaces de singe. On voyait en ce moment par sa chemise entr'ouverte, ses bras de singe assez longs pour qu'il pût nouer ses jarretières sans presque se baisser (Gautier,Fracasse, 1863, p. 307).Sa tête cernée, ses cheveux poisseux, ses jambes de singe étique, tout cela dansait, convulsif, au bout du balai (Céline,Voyage, 1932, p. 303). b) [fondées sur les habitudes de vie, les qualités ou les défauts habituellement prêtés au singe] (Avoir) une agilité, une lubricité de singe, un rire de singe; (être) malin comme un singe. Il gambillait, d'une adresse de singe à se rattraper des mains, des pieds, du menton, quand les échelons manquaient (Zola,Germinal, 1885, p. 1367): 3. Quant à Rodolphe, il était d'une malice de singe; il profitait toujours de ce que Christophe avait Ernst sur les bras, pour faire derrière son dos toutes les sottises possibles; il cassait les jouets, renversait l'eau, salissait sa robe, et faisait tomber les plats, en fouillant dans le placard.
Rolland,J.-Chr., Aube, 1904, p. 32. c) Faire le singe. Faire des grimaces, des pitreries dignes d'un singe. Il fait le singe en classe. P. ext. S'exhiber de manière grotesque. Elle danserait très bien, si elle voulait! − Justement, je ne veux pas, dit-elle. Faire le singe au milieu d'une piste, ça ne m'amuse pas (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 348). II. − P. anal. A. − 1. Personne laide, dont les particularités physiques évoquent celles du singe. Comment pouvait-elle s'attacher à un pareil singe? Car, enfin, Fontan était un vrai singe, avec son grand nez toujours en branle. Une sale tête! (Zola,Nana, 1880, p. 1307).Ce grand singe couvert de poils, qui a du ventre à vingt ans et qui transpire? Tu t'imagines qu'en sortant des bras de ce quadrumane tu viendras ici comme tu le fais en ce moment fumer une cigarette et m'assommer avec tes petites histoires (Mauriac,Feu sur terre, 1951ii, 1, p. 63). 2. Personne rusée. Prenez garde à vous, c'est un malin singe et un vaurien fini. Son plus grand plaisir est de mettre dedans tous ceux qui ont affaire à lui (Balzac,
Œuvres div., t. 2, 1832, p. 495). 3. Pitre, farceur. C'est un vrai singe; quel singe! Empl. adj. Il y avait Anna (2 ans et demi) (...) qui est la plus « singe » de toutes. On ne peut pas la regarder sans rire et sitôt qu'on la regarde elle rit jusqu'aux deux oreilles (Alain-Fournier,Corresp.[avec Rivière], 1909, p. 177). ♦ Singe botté. V. botté II A 2 c. 4. Celui, celle qui copie les gestes, les paroles, les actions, le style de quelqu'un, qui singe quelqu'un. Synon. imitateur.Rabelais (...), avec son Gargantua et son Pantagruel, s'attira aussitôt pour singes deux imitateurs et plats copistes, auteurs de Propos rustiques et de Franfreluches (Sainte-Beuve,Tabl. poés. fr., 1828, p. 100): 4. Il y en a qui changent en un jour du blanc au noir: hier, coloristes de chic, coloristes sans amour ni originalité; demain, imitateurs sacriléges de M. Ingres, sans y trouver plus de goût ni de foi. Tel qui rentre aujourd'hui dans la classe des singes, même des plus habiles, n'est et ne sera jamais qu'un peintre médiocre...
Baudel.,Salon, 1846, p. 194. ♦ Être le singe de qqn. Plagier. Votre œuvre est à remanier. Si vous voulez ne pas être le singe de Walter Scott, il faut vous créer une manière différente, et vous l'avez imité (Balzac,Illus. perdues, 1839, p. 230). ♦ Singe savant. Enfant ou adolescent dressé à reproduire des comportements ou des propos d'adulte. Cependant Fontanet tournait au singe savant. Il devenait homme du monde (...) et n'estimait plus que la richesse et la naissance (France,Vie fleur, 1922, p. 510). − Empl. adj., rare. La jeunesse est singe: on cessa de se parfumer au lycée de Nancy, parce que Paul Bouteiller, qui n'avait pas le goût petit, séduisait naturellement (Barrès,Déracinés, 1897, p. 9). 5. [P. réf. aux singes savants ou en captivité] Personne bassement servile. [Dans un cont. métaph.] Il faut, disait M, flatter l'intérêt ou effrayer l'amour-propre des hommes: ce sont des singes qui ne sautent que pour des noix, ou bien dans la crainte du coup de fouet (Chamfort,Caract. et anecd., 1794, p. 97). 6. [Terme d'injure (vilain, vieux singe; tête de singe) ou parfois d'affection (petit, vieux singe) adressé à une autre pers.] Bonjour, petit singe; dis-moi « bonjour, Votre Altesse », dis-le tout de suite (Colette,Cl. école, 1900, p. 116).Il manqua se faire fourrer au poste, tant il injuria le bouquiniste: − Tête de singe! Vieille sangsue! Aie pas peur, on t'cédera aux Boches en échange ed l'Alsace-Lorraine! (Benjamin,Gaspard, 1915, p. 125). − [Juron hyperbolique] Un endroit terrible. Ah! mille saints, mille singes! Quel bataclan, et comme ça tape! (Hugo,Travaill. mer, 1866, p. 184). B. − Pop. ou arg. 1. Personne qui en dirige d'autres, supérieur hiérarchique. Synon. Chef, maître1, patron.Un larbin plein de bienveillance onctueuse (...) qui fait l'éloge de ses « singes » (L. Daudet,Rech. beau, 1932, p. 274).Alors, ton patron, Lavenaz? − Mon patron? Le vieux singe est comme toujours. Un danger public (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 256): 5. Mon désir de liberté grandit tellement, que, malgré ma répugnance, j'allai trouver mon singe. C'était un petit grincheux toujours en colère. Je me dis malade. Il me regarda dans le nez et cria: « Je n'en crois rien, monsieur. Enfin allez-vous-en! Pensez-vous qu'un bureau peut marcher avec des employés pareils? »
Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Print., 1881, p. 387. 2. Arg. des métiers, vieilli ou vx a) IMPR. ,,Ouvrier compositeur typographe p. opp. à ours [v. ce mot A 3 b] pressier`` (Chautard 1937). b) MAÇONN. Apprenti maçon. Ce n'est pas encore un maçon, mais c'est déjà un singe! disait plaisamment Harbert, en faisant allusion à ce surnom de « singe » que les maçons donnent à leurs apprentis (Verne,Île myst., 1874, p. 277). c) TRANSP. Voyageur installé sur l'impériale faute de place à l'intérieur d'une voiture publique. Synon. lapin (v. ce mot C).Je fus informé, en traversant le village de La Chapelle, qu'il nous manquait encore un singe (autre voyageur qui se niche sur l'impériale, au milieu des paquets) et qu'heureusement pour notre cheval nous ne trouvâmes pas au rendez-vous (Jouy,Hermite, t. 4, 1813, p. 10). C. − 1. Arg. milit., vieilli. Conserve de viande de bœuf. Synon. corned-beef.Une boîte de singe. Ayant pris un morceau de singe, un bout de fromage et le quart de boule qu'on lui avait jeté, il monta le dîner de son corbeau, qui n'en demandait pas tant (Dorgelès,Croix de bois, 1919, p. 146). 2. ARTS GRAPH., vx. ,,Appareil employé (...) pour copier mécaniquement les dessins et qui, perfectionné, est devenu le pantographe`` (Havard 1890; dict. xixeet xxes.). 3. BOT., pop. Désespoir du singe. [N. vernaculaire de l'araucaria] [L'araucaria imbricata] est un arbre du Chili (...) Ses rameaux verticillés (...) paraissent de fer forgé, parce que recouverts de feuilles sessiles (...) aux bords coupants, au point de valoir à l'arbre le nom de Désespoir du singe (Bot., 1960, p. 835 [Encyclop. de La Pléiade]).Escalier de singe. [N. vernaculaire du bauhinia] Les [lianes] les plus typiques peut-être sont les Bauhinia (...) ou Escaliers de singe (Légumineuse) des forêts de l'Amazone (Plantefol,Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 534). 4. GYMN. Saut* de/du singe. 5. TECHNOL. Singe (mécanique). Treuil horizontal monté sur deux chevalets et servant à élever ou à transporter des marchandises. Grue. Chevalet. Chèvre. Singe. Mule, etc.: on a souvent noté que les noms des instruments de force ou des bois de charpente sont empruntés aux animaux; cette habitude est universelle (Gourmont,Esthét. lang. fr., 1899, p. 174). D. − Loc. et expr. fig. et proverbiales 1. Propos à faire rougir un singe. [P. réf. à l'indécence du singe] Parler d'une manière crue, inconvenante. Les propos que j'eus la stupeur d'entendre (...) auraient fait rougir un singe (Feuillet,Morte, 1886, p. 8). 2. Dire la patenôtre* du singe. 3. Monnaie de singe. Fausse récompense; marché de dupes. On ne donne pas d'amour mais on prétend mettre à sa place quelque chose de bien meilleur et de plus digne. C'est de la monnaie de singe (Gobineau,Pléiades, 1874, p. 227).Payer en monnaie* de singe. 4. Ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire la/des grimace(s). Un homme d'expérience n'a de leçon à recevoir de personne. Saucisse était parfaitement au courant de tout [les manèges de Delphine]. Ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire la grimace (Giono,Roi sans divertiss., 1947, p. 138). 5. Le singe imite l'homme. [Expr. iron. et agacée d'une pers. à l'encontre d'une autre qui l'imite] − Le singe imite l'homme, fit-elle machinalement. − Qu'est-ce que tu dis là. − Ce qu'on dit entre camarades pour se faire enrager (A. Blondin, Un singe en hiver, 1959, p. 245 ds Rey-Chantr. Expr. 1979). REM. 1. Singesque, adj.,iron., hapax. Qui a des allures de singe. Petites mousmés très mignonnes, vieilles dames très singesques, entrent avec leur boîte à fumer, leur parasol couvert de peinturlures (Loti,MmeChrys., Paris, Calmann-Lévy, 1888 [1887], p. 224). 2. Singesse, subst. fém.,vieilli. a) Femelle du singe. Synon. usuel guenon.Le bâtiment était complètement entouré de brouillard et (...) il n'eut pour compagnon qu'une singesse enchaînée sur le pont (Goncourt,Journal, 1880, p. 59).[Dans une compar.] Sa femme, qui est laide, n'est point désagréable; elle a une laideur de singesse intelligente (Goncourt,Journal, 1891, p. 36).b) Femme du patron; patronne. J'ai profité que la singesse est allée au cimetière (...) dit-elle au sous-officier (Bruant1901). Prononc. et Orth.: [sε
̃:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1121-34 zool. (Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1889); d'où expr. 1552 payer en monnoie de cinge (Rabelais, Quart-Livre, éd. R. Marichal, chap. II, ligne 26); 1635 famme laide, comme un singe (Monet); 1829 on n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace (Balzac, Chouans, p. 24); 2. 1538 « personne qui imite, qui contrefait » (Est., s.v. aemulator); 3. 1579 « personne très laide » ce viel singe contrefaict (Larivey, Morfondu, I, 2 ,[V, 302] ds IGLF); 4. 1783 « ici procureur » notre vieux singe (Misères, 97, ibid.); 1836 « maître » (compagn. charpentiers ds Esn. 1966); 1840 « patron » (A. Perdiguier, Le Livre du compagnonnage, 42); 5. 1895 « bœuf de conserve » (d'apr. Esn. Poilu, p. 286). Du lat. d'époque impériale simius « singe » d'où « imitateur servile », att. plus fréq. que le class. simia, mot fém. de même sens, qui subsiste ds l'esp. jimia, le cat. ximia, le port., cat. et a. prov. simia (v. FEW t. 12, p. 633a); l'expr. payer en monnaie de singe est sans doute une allus. à l'usage qu'avaient les montreurs de singes de payer le péage en faisant gambader leurs singes; usage att. en 1260 par E. Boileau, Métiers, éd. R. de Lespinasse et Fr. Bonnardot, 2epart., titre II, 44, p. 236. Fréq. abs. littér.: 1 364. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 053, b) 2 627; xxes.: a) 1 653, b) 1 646. Bbg. Baist (G.). Etwas vom Affen. Z. fr. Spr. 1924, t. 47, pp. 186-192. − Letessier (F.). Sinécure; singe... Fr. mod. 1948, t. 16, p. 278. − Quem. DDL t. 17. − Riegler (R.). Zu den romanischen Affennamen. Archivum Romanicum. 1926, t. 10, pp. 255-257. − Sain. Arg. 1972 [1907], pp. 230-231. |