| SARDINE, subst. fém. A. − 1. ICHTYOL. Petit poisson de la famille des Clupéidés, très abondant dans les mers d'Europe, au corps en forme de fuseau recouvert d'écailles lisses, argentées, qui vit en bancs et dont la chair est estimée. Banc de sardines; pêche à la sardine; sardine bretonne, portugaise; sardine de Royan, de Marseille; sardine de dérive; grande sardine (synon. pilchard). Une gamine de treize ans, chargée de deux longs paniers de sardines frétillantes aux bras (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 146).En empl. coll. Les côtes nord et sud (...) sont jalonnées de petits ports actifs parmi lesquels se distinguent Douarnenez pour la sardine et Concarneau pour le thon (Industr. conserves, 1950, p. 21): Les fortifications du vieux Concarneau (un mur crénelé avec deux tours et un pont-levis) s'étendent par derrière. Je vois tout le quai en enfilade, et les petits bateaux qui pêchent la sardine. Tantôt, j'ai passé une heure à les regarder rentrer, puis j'ai fait un somme sur mon lit.
Flaub., Corresp., 1875, p. 263. − GASTR., INDUSTR. ALIM. Conserve, conserverie de sardines; industrie de la (des) sardine(s); boîte de sardines; sardines confites, farcies, fraîches, frites, grillées, salées; sardines à l'huile, à la tomate, à la portugaise, à l'italienne, à la provençale; beurre de sardines. Les sardines sont étêtées et éviscérées à la main puis salées, lavées et disposées sur des grils de fil métallique étamé (Industr. conserves, 1950, p. 20).Ces galeries doivent avoir été créées pour servir d'abri aux touristes comme nous, qui font cuire des sardines sur des grils à charbon de bois et se délectent de vin rosé au milieu d'un peuple de primitifs (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p. 229). − Gén. péj. ou p. plaisant. [En apostrophe, pour désigner une pers. mince et de petite taille] Le Capitaine: Antoine! Antoine! mais où es-tu donc, sardine de malheur? Le mousse: Me voilà, capitaine (Dumas père, Chasse au chastre, 1850, ii, 3etabl., 1, p. 203).On voit bien que t'es pas du pays, espèce de sardine de la Sardaigne! (Claudel, Soulier, 1929, 4ejournée, 1, p. 849). 2. P. compar. a) Être serrés (pressés) comme des sardines (en boîte). Être entassés dans un espace restreint sans jouir d'aucune liberté de mouvements. Synon. être serrés comme des harengs (v. hareng).Je prends le métro j'y suis tout pressé comme en caque hareng et sardine en boîte (Queneau, Si tu t'imagines, Petite suite, 1952, p. 335). b) En banc de sardines. En foule compacte et dense. [Deux cavaliers et une dame déguisée] prennent les deux côtés de la Maja: tous trois disparaissent, en se déhanchant, suivis de quelque trente curieux en banc de sardines (Toulet, Nane, 1905, p. 161). 3. P. métaph. ou au fig. [Pour désigner des pers.] Ce divan-omnibus fait à souhait pour entasser quantité de sardines humaines (Mauriac, Journal 1,1934, p. 66).[Pour désigner des choses] Boîte à sardines. Voiture exiguë et inconfortable. Ça ne doit pas beaucoup vous développer les méninges de conduire comme ça tous les jours cette espèce de boîte à sardines cahotante (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 72). B. − P. anal. (de couleur ou de forme) 1. a) Arg. milit. Galon cousu sur la manche d'un sous-officier et dont la couleur varie avec le grade. Plus intelligent, moins illettré que la plupart des lourdauds à pantalon rouge, il avait gagné au bout de la première année de service ses galons de caporal; au bout de la deuxième, sa sardine de sergent (Coppée, Contes rap., 1889, p. 23).Des sous-officiers (...) à qui leur « sardine » avait généralement valu les meilleurs emplois des kommandos (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 260). ♦ Sardine blanche. Galon de gendarme. Deux gendarmes, un beau dimanche, Chevauchaient le long d'un sentier; L'un portait la sardine blanche, L'autre, le jaune baudrier (Nadaud, Chansons, 1870, p. 191). ♦ Arroser la sardine. Payer une tournée pour fêter sa promotion (d'apr. France 1907). b) Pop., vieilli. Doigt de la main. Serrer les cinq sardines. Serrer la main. (Ds Rigaud, Dict. jargon paris., 1878, p. 307). 2. LOISIRS (camping). Petit piquet de métal ou de plastique recourbé à une extrémité et servant à fixer la toile de tente au sol. Nous vous offrons un choix de piquets pour tous terrains et tous usages. De la petite sardine − dural pour monter la tente ultra légère (...) jusqu'à la cornière très épaisse (Au Vieux campeur, été 1981, p. 301). Prononc. et Orth.: [saʀdin]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1380 sardine (Roques t. 2, 10826); 1952 (Queneau, loc. cit.); 2. 1817 « galons de caporal, brigadier, sous-officier » (Merle et Brazier, Préville et Taconnet, p. 19 ds Quem. DDL t. 19); 3. 1878 « doigts de la main » (Rigaud, loc. cit.). Empr. au lat.sardina « sardine », dér. de sarda « sardine, poisson abondant sur les côtes de Sardaigne ». Fréq. abs. littér.: 123. DÉR. 1. Sardinelle, subst. fém.Petite sardine de la Méditerranée et des mers tropicales ne dépassant pas huit centimètres. Synon. allache.La nourriture collectée consiste essentiellement en zooplancton, mais certaines sardinelles des mers tropicales peuvent vivre directement aux dépens du phytoplancton (J.-M. Pérès, Vie océan, 1966, p. 43).− [saʀdinεl]. − 1reattest. 1904 (Nouv. Lar. ill.); dimin. de sardine, suff. -elle*. 2. Sardinerie, subst. fém.Usine de préparation et de conservation des sardines. Synon. conserverie (de sardines).Combien il y en avait là-bas, des veuves, jeunes et vieilles (...) et qui s'en allaient, dès le petit jour (...) gagner leur pain (...) en travaillant, dans l'odeur nauséabonde de l'huile chaude, aux sardineries (Coppée, Contes rap., 1889, p. 86. − [saʀdinʀi]. Att. ds Ac. 1935).− 1reattest. 1870 (Littré); de sardine, suff. -erie*. BBG. − Nyrop (Kr.). Ling. et hist. des mœurs. Paris, 1934, pp. 261-269. − Quem. DDL t. 10, 17, 28. |