| POLLUTION, subst. fém. A.− Littér., vieilli 1. Profanation; souillure d'un objet, d'une demeure sacrés. La pollution d'une église dure jusqu'à ce qu'elle ait été bénite de nouveau (Ac.). − [P. méton.] Les péchés qu'il [le Christ] a le plus expressément maudits : la pollution du culte et l'orgie charnelle (Huysmans, À rebours,1884, p. 212). 2. Masturbation. Quiconque se procure pollution volontaire, hors le mariage, qui est appelé par les théologiens : mollesse, telles horribles pollutions exercent aussi les sorciers au sabbat avec les diables entre eux-mêmes, en faisant des mixtions, ô Dieu! avec des choses sacrées pour leurs charmes (Péladan, Vice supr.,1884, p. 239). − En partic. Émission involontaire de sperme, notamment pendant le sommeil. La tranquillité jouisseuse d'un sommeillant en une pollution nocturne (Goncourt, Journal,1889, p. 1055).La rareté des pollutions (...) semble indiquer une altération de la vie sexuelle elle-même (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 181). B.− Cour. Infection due à la présence (dans l'eau, dans l'atmosphère) d'agents chimiques, biologiques ou physiques. La pollution des mers par le mazout; lutte contre la pollution. Si les eaux sont mauvaises du point de vue bactériologique, la première mesure à prendre est de chercher à supprimer les infiltrations et les causes de pollution des forages (Boullanger, Malt., brass.,1934, p. 32).En période de crise, la lutte contre la pollution ne doit pas être considérée comme un luxe mais comme une nécessité et une sécurité (Femmes d'aujourd'hui,29 mars 1983, p. 15, col. 3). ♦ Pollution atmosphérique, pollution de l'atmosphère. ,,Présence dans l'air de particules en suspension, liquides ou solides, ou même de certains gaz constituant, à partir d'une certaine concentration, un inconvénient à titre quelconque`` (Chass. 1970). V. infra ex. ♦ Pollution des eaux. Présence dans l'eau d'agents toxiques qui détruisent la faune et la flore et rendent l'eau impropre à la consommation. En passant en revue quelques aspects de la pollution des eaux douces, des mers, de l'atmosphère (...), nous verrons l'étendue du problème et les moyens proposés et mis en œuvre pour y remédier (Biol.t. 21970). − P. ext. Toute forme de nuisance d'origine physique ou non. Pollution acoustique. Peu de gens savent que, pour éviter la pollution de l'air et la pollution sonore, le gouvernement (...) interdit jusqu'au survol de ses territoires par les grands vols internationaux (Le Sauvage,1 janv. 1978, p. 10, col. 2). ♦ P. anal. Pollution idéologique (L'Express,26 janv. 1976, p. 91, col. 2). Prononc. et Orth. : [pɔlysjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) xiies. « souillure » ici, au fig. (Dialogue âme et raison, éd. F. Bonnardot, Romania t. 5, p. 307); b) 1690 « profanation (d'un temple) » (Fur.); 2. 1314 (Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, § 497 : Pollucion est projection de semence sans savoir le tans que c'est fait); 3. 1874 « souillure (d'un élément naturel) par des déchets » pollution des eaux de la Seine (H. de Parville ds Journal Officiel, 20 nov., p. 7718, 2ecol. ds Littré Suppl. 1877). Empr. au lat. pollutio « salissure, souillure », au fig. et au sens de « profanation » en lat. chrét. (Blaise Lat. chrét.). Bbg. Maulnier (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp. 179-180. |