| PLUME1, subst. fém. I. A. − 1. ANAT. ANIM. Appendice tégumentaire, se composant généralement d'un tuyau épais, prolongé par une tige effilée, garnie de barbes latérales, et qui, recouvrant l'oiseau en grand nombre, le protège et lui permet de voler. Il y avait de longues plumes noires de dinde et des plumes d'oie, blanches et lisses, (...) des plumes légères de poules, dorées, bigarrées (...). Les plumes étaient vivantes encore, tièdes d'odeur. Elles mettaient des frissons d'ailes, des chaleurs de nid, entre leurs lèvres (Zola,Ventre Paris, 1873, pp.772-773).V. arpège ex. 6, effraie ex. de Genevoix, gemmacées ex. de Cuvier: 1. Nous avons dit que la gaîne de la plume se manifestoit quelques jours après que l'oiseau étoit sorti de l'oeuf: ce sont les pennes ou grandes plumes des ailes et de la queue qui se manifestent les premières; puis les couvertures, et enfin les petites plumes du corps.
Cuvier,Anat. comp., t.2, 1805, pp.604-605. SYNT. Plumes ébouriffées; plume bleue, grise, rouge, verte; belle plume; plume d'aigle, de colibri, de corbeau, de cygne, d'oiseau; plumes de la queue; tuyau de plume; hérisser, lisser, lustrer ses plumes; arracher les plumes de. 2. P. méton. a) Au sing. Ensemble des plumes d'un oiseau. Synon. plumage.Le cardinal, vêtu de sa plume écarlate (Leconte de Lisle,Poèmes barb., 1878, p.174). − P. métaph. Il neigeait, (...) l'aube muette dans sa plume, comme une grande chouette fabuleuse (...) enflait son corps de dahlia blanc (Saint-John Perse,Exil, 1942, p.267). b) CHASSE − Gibier, etc. à poil et/ou à plume, de poil et de plume, etc.; poil et plume. Mammifères et oiseaux que l'on chasse. Le reporter et Harbert devinrent promptement de très-adroits tireurs d'arc. Aussi, le gibier de poil et de plume abonda-t-il aux Cheminées, cabiais, pigeons, agoutis (Verne,Île myst., 1874, p.117).Des tableaux pour salle à manger, ceux où l'on voit perdrix et pigeons, lièvres et lapins: poil et plume (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.36).V. croix ex. 1. ♦ P. ell. La plume. Le gibier à plume. Le Craonnais (...) est resté giboyeux. Le poil l'emporte sur la plume, hélas! car les perdreaux sont trop souvent empoisonnés (H. Bazin,Vipère, 1948, p.67). ♦ Au fig. Poil(s) ou plume(s), plume et poil, (de tout poil et) de toute plume. (Gens, choses) de toute espèce. Ce séjour à l'hôtel dans un tourbillon d'étrangers, un passage d'oiseaux voyageurs de toute plume (A. Daudet,Rois en exil, 1879, p.78).Il immolait les innocents et les coupables, les guerriers et les vierges, plume et poil (A. France,Mannequin, 1897, p.279). − Chien au poil et à la plume. Chien apte à chasser le gibier à poil et à plume. Être (dressé) au poil et à la plume. Bertrand: (...) j'ai rencontré sur mon chemin une compagnie de perdrix (...). Édouard, à Bertrand: Vous avez là un beau chien, il est au poil et à la plume (Mérimée,Mosaïque, 1833, pp.215-216). ♦ Au fig., fam. Être au poil et à la plume Être également apte à des activités diverses, à écrire en prose comme en vers. P. ell. −Vous avez du nouveau sur le chantier? (...) Allons! poil ou plume? Vers ou prose? Yves, soudain, se décida: −J'écris des Caractères (Mauriac,Myst. Frontenac, 1933, p.263).Vieilli. Être à la fois homosexuel et hétérosexuel. Synon. fam. être à (la) voile et à (la) vapeur.V. poil I D 1 a. B. − En partic. 1. Plume(s) de certains oiseaux apprêtée(s) pour servir de parure. Son chapeau de feutre à bord rond, orné de plumes dont la dernière se contournait en panache sur les épaules de la dame et les autres se recroquevillaient en bouillons (Gautier,Fracasse, 1863, p.25).Van Dongen (...) portraitiste des dames tout en fards et en plumes des beuglants (Arts et litt., 1936, p.18-8): 2. Les marabouts plus que jamais mêlent leur vapeur épaisse à l'éclat des cheveux, la plume, qui semble vouloir effacer sous son fol envahissement léger, le jais étincelant (...) la plume, disposée en guirlandes (...) ne parviendra encore à bannir ce rival (...). Tout en faisant la part riche aux plumes: naturelles, de coq, de paon, de faisan et, teintes parfois en bleu et en rose, d'autruche, (...) à l'égal de l'hiver durera la paillette.
Mallarmé,Dern. mode, 1874, p.832. SYNT. Chargé, coiffé, couvert, empanaché, fait, garni, hérissé de plumes; surmonté d'une plume; la plume au chapeau, du/de son chapeau; chapeau, feutre à plume(s); boa, toque de plume(s); bouquet, couronne, panache de plumes; éventail de plume(s), en plumes. − [Avec une valeur de distinction honorifique] Marion (...) fut reconnu «grand chef» de tout le pays, et quatre plumes blanches ornèrent ses cheveux en signes honorifiques (Verne,Enf. cap. Grant, t.3, 1868, p.29).Au Parlement succédait le corps diplomatique (...). Aussitôt après, sous les plumes blanches, les figures martiales et lasses des généraux (Vogüé,Morts, 1899, p.440). 2. Plume(s) préparée(s) pour diverses utilisations pratiques. Balai de plumes. Une raquette en osier, et un volant avec des plumes jaunes (Hugo,Misér., t.2, 1862, p.735).Les plumes favorisent le vol du projectile (...) certaines tribus sudaméricaines ne pourvoient de plumes que leurs flèches de guerre et de chasse (Lowie,Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.240). − ARTS MÉN. Plumes les plus fines servant à rembourrer diverses pièces de literie. Coussin, édredon, matelas, oreiller de plume(s). Le lit bourré de plume, bouffi d'oreillers en duvet d'oie (Colette,Mais. Cl., 1922, p.111).Pour un oreiller de 60/60, on emploie 1 kg 400 de plume de qualité moyenne (...). La quantité à employer diminue avec la qualité de la plume, la plume de belle qualité étant la plus légère et par conséquent celle qui remplit le mieux (Lar. mén.1926, p.767). ♦ Lit de plume(s). V. lit I A 5. ♦ P. ell. La, les plume(s). Pièce de literie rembourrée de plumes. Une jeune beauté, sur la plume et la soie, Attendant le mortel qui fait toute sa joie (Chénier,Élégies, 1794, p.129).Il se jeta au lit, se roula dans la plume (Sandeau,Mllede La Seiglière, 1848, p.165).Fam. Se mettre dans la/les plume(s). Se coucher. Sortir des plumes. Sortir du lit, se lever. Le ciel (...) donne déjà l'illusion de l'aube. (...) −Tiens, remarque Jean-Louis Heurtebise, voilà Drumeau qui sort des plumes (Bernanos,Crime, 1935, p.746).Vieilli. Coucher, etc. dans/sur la plume. Se trouver dans une situation aisée. Une fois son enfant sur la paille, comme il disait, lui-même risquait fort de ne plus coucher sur la plume (A. Daudet,Fromont jeune, 1874, p.346). − PÊCHE (à la ligne). Antenne ou flotteur fabriqué avec un fragment de plume ou avec une matière pareillement légère. Morissot, qui regardait anxieusement plonger coup sur coup la plume de son flotteur (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Deux amis, 1883, p.190).Le pêcheur au coup moderne n'utilise plus comme flotteur le gros bouchon toupie de nos ancêtres. Maintenant, il se sert surtout de plumes ou de flotteurs fusiformes (...). La plume le plus couramment employée (plume étant synonyme de flotteur) est la plume dite tempête. Elle est constituée d'un corps soit en plume, soit en balsa, et elle est surmontée d'un petit morceau de plume que l'on appelle antenne (J. Nadaud,La Pêche, 1955, p.133). 3. P. méton. La/les plume(s). Commerce des plumes. Établi dans les plumes ce garçon! Songez un peu si on en a eu des crises dans les plumes depuis trente ans! Y a peut-être pas eu un métier plus mauvais que la plume, plus incertain (Céline,Voyage, 1932, p.310). C. − P. anal. 1. a) Ce qui rappelle une plume par sa forme, son aspect duveteux. L'aubépine en fleur sous sa grosse dentelle, le tamaris avec ses plumes de corail rose (Chardonne,Romanesques, 1937, p.227).Cette fumée qui montait de la mer (...) −une longue plume flexible et molle qui défaisait paresseusement dans l'air ses volutes orageuses (Gracq,Syrtes, 1951, p.227): 3. L'horizon semble un rêve éblouissant où nage
L'écaille de la mer, la plume du nuage,
Car l'océan est hydre et le nuage oiseau.
Hugo,Contempl., t.3, 1856, p.289. b) Spécialement − Argot ♦ Pince monseigneur. Quand tu tombes sur un verrou à pompes (...) attaque aussi sec à la plume (Pt Simonin ill., 1957, p.75). ♦ Vx. Plume (de quinze pieds). Rame (de galère). [Les galériens] ceux qu'on envoie écrire leur histoire dans l'océan avec des plumes de quinze pieds (Nerval,Nouv. et fantais., 1855, p.197). ♦ Plume de Beauce. Paille (employée comme literie). J'allais grelotter toute la nuit dans une paillasse étendue par terre (...) Tenez, on croit comme ça que la paille est chaude; eh bien! on se trompe. −La plume de Beauce! (...), c'est une vraie gelée; le fumier vaudrait cent fois mieux (Sue,Les Mystères de Paris, Paris, J. Rouff, s.d. [1842], p.22). − DÉCOR. ,,Motif ornemental Renaissance, imitant une plume d'oiseau stylisée`` (Aud.-Thiv. Ameubl. 1974). Tous les motifs utilisés par la Renaissance sont encore en honneur; à peine peut-on remarquer que la plume et les palmes croisées se retrouvent un peu plus fréquemment (Viaux,Meuble Fr., 1962, p.60). − MINÉR. Plume de paon. Agate verdâtre, marquée de rayures évoquant les barbes d'une plume. (Dict.xixeet xxes.). − ZOOL. Plume de calmar. Pièce interne cornée du calmar. J'ai examiné la matière organique de l'os de sèche et la substance transparente du calmar qui a reçu le nom de plume de calmar (Ann. chim. et phys., t.43, 1855, p.97). 2. a) Chose ou personne qui rappelle une plume par sa légèreté. Vous, fine et légère, vous êtes une plume, vous êtes un oiseau (Halévy,Mariage amour, 1881, p.43).Ô mains d'ambre rosé, mains de plume et d'ouate (Rollinat,Névroses, 1883, p.117).Une jambe de coureur, légère et douce, une jambe de plume (Prévert,Paroles, 1946, p.32).V. neiger ex. 1. − Locutions ♦ (Se sentir, etc.) léger comme une plume. (Se sentir, etc.) très léger, alerte, allègre. [Il] sortit dans les rues, s'étonnant de se trouver léger comme une plume. Il lui prenait des envies de s'envoler; rien ne lui semblait impossible (Champfl.,Avent. MlleMariette, 1853, p.224). ♦ Légèreté de plume(s). Extrême légèreté. Le noir des filées d'arbres et le dôme qui se perd dans le ciel en douceur de verdure incolore, en légèreté de plumes de marabout (Goncourt,Journal, 1864, p.93). ♦ (Enlever, soulever, etc.) comme une plume. (Enlever, soulever, etc.) très facilement, sans effort. Il crâne au volant d'un sept tonnes (...) décharger des fûts «comme une plume» (...) voilà de quoi combler le gaillard (Genevoix,Assassin, 1948, p.100). ♦ Ne pas peser (plus qu')une plume. Être très léger. Il me semble que je suis creuse en-dedans, que je ne pèse pas plus qu'un coussin de plume (Bernanos,Mouchette, 1937, p.1314).Être disponible. Avec le ministère d'état j'étois garroté (...) aujourd'hui je suis libre comme l'air, et je ne pèse pas une plume (Chateaubr.,Corresp., 1821, p.185). ♦ (Être) comme la plume au vent. Être sans attaches, changeant, frivole: 4. Vivant au jour le jour, ne comptant sur rien, ne voulant rien, comme la plume au vent je palpite et frissonne à tous les souffles changeants de l'atmosphère. Mes lectures et mes travaux, mes projets et mes goûts sont sans suite et sans portée...
Amiel,Journal, 1866, p.498. ♦ Vieilli. Jeter la plume au vent. S'en remettre au hasard pour décider. (Dict.xixeet xxes.). ♦ Une plume de. Une ombre de, un soupçon de. Où l'as-tu pris ce vent? On n'en a pas eu une plume en bas depuis des temps (Giono,Batailles ds mont., 1937, p.48). b) Spécialement − Arg. de la mar. Écume. Le navire met le nez dans la plume au tangage (Croneau,Constr. nav. guerre, t.2, 1892, p.203). − BOXE. Poids plume. Boxeur très léger. «Ça, c'est après ma victoire sur Petit-Biquet... Knock-out en quatre rounds.» (...) −Celle-là, j'étais encore poids plume (Dabit,Hôtel Nord, 1929, p.210).V. poids II A 2 i α. ♦ P. ell. Il n'a pas craint d'affronter l'un des meilleurs plumes de France (L'OEuvre, 22 janv. 1941).Depuis la création de la catégorie des lourds-légers, il y a sept catégories: poids coq: jusqu'à 56 kg; plume: jusqu'à 60 kg... (Jeux et sports, 1967, p.1290). − GASTR. ,,Sucre cuit à la plume, celui qui, après avoir été cuit, est semblable à une toile d'araignée qui voltige en l'air, lorsqu'il s'échappe de la cuiller; −cuit à la grande plume, celui qui produit facilement cet effet; −cuit à la petite plume, celui qui le produit difficilement`` (Raymond 1832). Cuisson du sucre à la nappe (...) à la plume ou grand boulé (Viard,Cuisin. impérial, 1814, pp.394-395).Cuisson du sucre: À la petite plume, ou soufflé (37 degrés), on prend du sirop avec l'écumoire et l'on souffle à travers: on voit des gouttes s'échapper de l'autre côté (Audot,Cuisin. campagne et ville, 1896, p.499). 3. Ce qui couvre, protège à la manière des plumes, (et de ce fait) représente un bien précieux, un objet de convoitise. [Le secrétaire d'un Cercle est] prié d'amener ses amis au cercle... Plus il y a de pigeons plus il y a de plumes (Hogier-Grison,Monde où l'on triche, 2esérie, 1886, p.193). − Loc., fam. ♦ Arracher/tirer une/des plume(s) (à qqn). Dépouiller habilement, voler, duper. Pour ce qui est de cette flibuste de Corcenet, il s'agit certainement de te tirer et de me tirer des plumes (L. Daudet,Médée, 1935, p.36). ♦ Arracher/tirer une plume de l'aile (à qqn). V. aile III B 4. ♦ Avoir chaud aux plumes. Se sentir en péril, craindre pour sa vie. Si ces deux messieurs [les policiers L. et M.] voulaient revoir ma frime de près, je leur conseillais maintenant de se lever tôt. Je venais d'avoir trop chaud aux plumes (Simonin,Touchez pas au grisbi, 1953, p.209). ♦ Laisser/perdre des plumes (dans qqc.). V. laisser1I A 5.Je ne parle pas de ces nuances auxquelles Barrès renonce en les estimant incompatibles avec la grosse ligne politique. Bien d'autres y perdirent leurs plumes (Cocteau,Poés. crit. II, 1960, p.160). ♦ Perdre ses plumes (vieilli). Perdre ses cheveux. Synon. se déplumer (v. ce mot B 2 a).Noceur qui perd ses plumes (Nouv. Lar. ill.; dict.xxes.). ♦ Voler dans les plumes (à/de qqn). Attaquer brusquement, infliger une correction à. V. figure ex. 18. 4. Chose ou personne qui représente un élément décoratif à la manière des plumes, qui orne au physique ou au moral. Parcouru mes lettres à Trebutien, −collection qui doit être la plus belle plume de mon aile, si je dois devenir un oiseau glorieux (...). Le meilleur de moi est dans ces lettres (Barb. d'Aurev.,Memor. 3, 1856, p.51). − Locutions ♦ C'est une plume à son chapeau. C'est quelque chose ou quelqu'un qui l'honore, qui flatte sa vanité. Il entama (...) l'éloge de toutes ces dames. (...) chacune d'elles ferait une belle plume au chapeau d'un petit chrétien (Barrès,Jard. Oronte, 1922, p.55). ♦ (C'est) le geai paré des plumes du paon. V. geai.Se parer des plumes du paon. V. paon A 2. Rem. Sans citer précisément ces expr., plusieurs textes leur font référence à travers diverses formules qui toutes évoquent ironiquement une idée de gloire empruntée, de parure dérisoire. Nos devanciers (...) l'ont laissée [la langue française] si chétive et si nue qu'elle a besoin des ornements et pour ainsi dire des plumes d'autrui (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr., 1828, p.48). Je pensais au peu d'orgueil d'un homme vis-à-vis de sa conscience, d'emprunter ainsi aux autres. Et je ne concevais pas l'enflure de ce succès, où entrent tant de plumes de paon (Goncourt, Journal, 1859, p.596). L'habitude de nommer les gens par leur nom de terre enlevait toute valeur nobiliaire à ce «de» tant vanté, à cette plume de geai (La Varende, J. Bart, 1957, p.217). − Proverbe. La belle plume fait le bel oiseau. La parure met en valeur, avantage le physique. (Dict.xixeet xxes.). II. A. − Instrument dont la pointe, enduite d'encre, permet d'écrire, de dessiner. 1. Grosse plume d'oiseau (oie, corbeau, etc.) au tuyau taillé en pointe et fendu à son extrémité. Plume(s) taillée(s); bonne plume. Toutes ces plumes sur le parchemin qui grincent (Claudel,J. d'Arc, 1939, 2, p.1203).La matière plus souple du parchemin a vraisemblablement favorisé et aidé à développer l'usage d'une plume faite des longues rémiges de l'oie ou de tout autre oiseau de grande taille (...). La plume taillée dans une penne de corbeau peut tracer des lignes d'une extrême finesse et la plume d'oie, taillée à bout carré et présentée de biais, permet d'obtenir un trait simple d'épaisseur uniforme (S. Collin-Rosetds Écriture et enluminure en Lorraine au Moy. âge, Nancy, éd. Th. Alix, 1984, pp.6-7).V. oie A 1 ex. de Bourges: 5. Son oeil si morose s'allume
Et sa lèvre, aux souris pervers,
S'agace aux barbes de la plume
Qu'il a pour écrire ces vers.
Verlaine,OEuvres posth., t.1, Varia, 1896, p.93. − P. métaph. La nature, ce livre où la plume divine Écrit le grand secret que nul oeil ne devine! (Gautier,Poés., 1872, p.257). − Loc. Tailler une/des/sa plume(s). Préparer une (...) plume pour écrire. Hyacinthe taillait magistralement ses plumes d'oie et en posait la pointe sur l'ongle du pouce gauche pour porter avec décision le coup de canif magistral qui ouvrait le bec (A. France,Pt Pierre, 1918, p.181). ♦ Arg. Tailler une plume. Pratiquer la fellation. Ah! Hélène, comme ta langue est habile. Si tu enseignes aussi bien l'orthographe que tu tailles les plumes tu dois être une institutrice épatante... (...) Ah! fellatrice sans pareille (G. Apollinaire,Les Onze mille verges, Paris, J.-J. Pauvert, 1975 [1907], p.129). − En comp. Taille-plume (v. taille-). 2. a) Petite lame métallique légèrement incurvée, pointue, au bec fendu et qui s'adapte à l'extrémité d'un porte-plume, d'un stylographe. Plume métallique; plume d'acier, de fer, d'or. Ô stylographe à la plume de platine, que ta course rapide et sans heurt trace sur le papier au dos satiné les glyphes alphabétiques (Queneau,Exerc. style, 1947, p.91): 6. La plume maintenant gardait l'encre et traçait les lettres nettement. Et le vieux reprit sa pose oblique et continua sa copie. (...) depuis bientôt six mois on continuait la même farce au bonhomme (...). Elle consistait à verser quelques gouttes d'huile sur l'éponge mouillée pour décrasser les plumes. L'acier se trouvant ainsi enduit de liquide gras, ne prenait plus l'encre...
Maupass.,Contes et nouv., t.1, Hérit., 1884, p.467. − Locutions ♦ Plume sergent-major. Plume effilée, à pointe très fine. Le porte-plume de bois rouge avec la plume sergent-major qui lui servait à tracer les modèles d'écriture (Camus,Exil et roy., 1957, p.1614).Rares étaient les spectacles que me permettait Papa. Il condamnait comme immoraux le cinéma, le café, le stylo (...). Le stylo, parce qu'il éclipsait les plumes Gauloises et Sergent Major, gardiennes de la belle écriture. Ce suppôt du diable supprimait les pleins et les déliés, respiration de la pensée et dispensait de tremper sa plume dans l'encrier, pause utile à la réflexion (P. Guth,Une enfance pour la vie, 1985, p.163). ♦ Plume de ronde. Plume trapue, à bec court et épais. Un article commencé d'une grosse écriture écrasée à la plume de ronde (Aragon,Beaux quart., 1936, p.120). − En comp. Essuie-plume(s); porte-plume. − P. méton. Porte-plume, stylographe. J'ai résolu d'écrire au hasard. Entreprise difficile: la plume (c'est un stylo) reste en retard sur la pensée (Gide,Ainsi soit-il, 1951, p.1163). b) P. anal. − MÉD., TECHNOL. Plume (inscriptrice). Style encré d'un enregistreur graphique (électrocardiographe, etc.). Un tube latéral met l'intérieur de cet appareil [le pneumographe de P. Bert] en communication avec un tambour inscripteur de Marey, muni d'une plume (Baratoux,La Voix, 1912, p.45).La ligne sinueuse (...) a été tracée point par point, ou tronçon par tronçon, par la plume du baromètre enregistreur (Ruyer,Cybern., 1954, p.10). − MÉD. Petite lame métallique pointue, utilisée pour vacciner. Synon. vaccinostyle. (Dict.xxes.). 3. [Syntagmes et loc. relatifs à plume II A 1 et II A 2 a] SYNT. Plume à écrire; bec de (la) plume; bruit, grincement de la plume; la plume court sur le papier, crache, crie, gratte; (avoir) la plume aux/entre les doigts, à la main, à l'oreille; (la) plume en main, en l'air; demander une plume et de l'encre; tremper la/sa plume dans l'encre/dans l'encrier. − Locutions ♦ Dessin à la plume. Dessin fait avec une plume et dont le trait est plus nerveux, plus matériel que celui des instruments de tracé «à sec» comme les crayons (d'apr. Bég. Dessin 1978). Dessiner à la plume. Un dessin à la plume [de Le Sidaner], aux hachures très fines, (...) suffit à établir la géométrie du site (Mauclair,De Watteau à Whistler, 1905, p.249).Le dessin à la plume ne connaît pas d'autre moyen d'expression. Il n'y a pas de demi-teintes. Il n'y a que des noirs pleins et des blancs purs (Civilis. écr., 1939, p.10-1). ♦ Briser sa plume. Cesser d'écrire pour manifester son dépit, sa désapprobation, etc. Que faire donc? Se décourager, briser sa plume et casser les ailes à sa poésie? (M. de Guérin,Corresp., 1834, p.151). ♦ Faire courir/laisser courir/laisser aller sa plume (sur le papier); écrire/se laisser aller au courant de la plume. Écrire avec spontanéité, sans esprit critique ni remaniement. Négligence de la plupart de leurs auteurs qui se satisfirent généralement de laisser courir la plume sur le papier sans observer le moins du monde ce qui se passait alors en eux (Breton,Manif. Surréal., 2eManif., 1930, p.141).Je me contentais (...) de «faire le point», au courant de la plume, sans aucun souci de la forme, sans même me relire (Martin du G.,Souv. autobiogr., 1955, p.lxxvii).V. courant II B 1.Vieilli. Écrire à course de plume. Écrire sans hésitation, en laissant aller la plume (d'apr. Ac. Compl. 1842). La plupart des pages qu'on vient de citer ont été écrites à course de plume (Bremond,Hist. sent. relig., t.3, 1921, p.109). ♦ Faire tomber la plume des mains, laisser tomber la plume, la plume (lui) tombe des doigts/des mains. Cesser d'écrire par lassitude, dégoût, etc. La plume me tombe des mains à ce spectacle révoltant (Alain-Fournier,Corresp.[avec Rivière], 1910, p.180). ♦ Jeter/poser/quitter la/sa plume. Cesser d'écrire. Le voilà homme de lettres par son mépris même pour cet état, et la proie du public (...). Lassé d'une vapeur enivrante qui enfle sans rassasier, il pensait à poser sa plume. Il ne veut que mourir en paix (Guéhenno,Jean-Jacques, 1952, p.121). ♦ Manier la plume. Avoir le goût, l'habitude d'écrire. J'avais évidemment quelques prédispositions à manier la plume (et le paquet de ma correspondance d'enfant (...) témoigne que, dès l'âge de sept ans, je griffonnais de longues lettres avec un visible plaisir) (Martin du G.,op cit., p.xliii). ♦ Mettre la main à la plume, prendre la/une plume, prendre sa plus belle plume, reprendre la plume, saisir une/sa plume. Se (re)mettre à écrire. Cet homme (...) prit la plume et commença à jeter sur le papier des réflexions sur l'histoire (L. Febvre,Vers une autre hist., [1949] ds Combats, 1953, p.420).[Dans une formule épistolaire] Mettre la main à la plume. Rouen, ce 12 juillet 1835. Cher ami, Je mets la main à la plume (comme dit l'épicier) pour répondre ponctuellement à ta lettre (comme dit encore l'épicier) (Flaub.,Corresp., 1835, p.18). ♦ Tenir la plume. Écrire sous la dictée, à la place de quelqu'un. L'aide de camp tenait la plume pour noter mes réponses (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.410). ♦ (Lire, etc.) la plume à la main/en main. (Lire, etc.) en prenant des notes ou en rédigeant. Il pressure avec méthode le fait «mariage» (...) la plume à la main, et prenant force notes (Montherl.,Lépreuses, 1939, p.1405). ♦ (Verbe +) à coups de plume.(...) par écrit, d'une manière abstraite, non matérielle. La meilleure révolution se fait à coups de plume, non à coups de fusil (Clemenceauds Fondateurs 3eRépubl., 1884, p.273).Coup de plume. Correction écrite apportée à un texte: 7. ... lorsqu'un homme mûr, passablement instruit, et exercé dans l'art d'écrire a fait un ouvrage avec toute l'attention possible, un autre homme pourra bien proposer çà et là quelques changements, et donner ce qu'on appelle des coups de plume, mais il ne faut pas croire qu'il puisse couper, tailler à volonté...
J. de Maistre,Corresp., 1804, p.288. ♦ (Barrer/supprimer, etc.) d'un/par un trait de plume. (Barrer/supprimer) par simple décision écrite et de manière catégorique, sans discussion possible ou d'une seule rature. Les ministres ont rêvé la gloire d'annexer le Maroc d'un trait de plume (Jaurès,Eur. incert., 1914, p.282). − [Le suj. de la loc. désigne un mot, une expr., etc.] ♦ Être/se présenter/se presser/revenir/se trouver/venir au bout de la plume/sous la plume; sortir/tomber de la plume. Se présenter spontanément, lors de la rédaction. Le ton édifiant qui lui vient tout naturellement sous la plume (Du Bos,Journal, 1921, p.17).Le chéri machinal qui lui est tombé de la plume ajoute à sa férocité une de ces cocasseries atroces (Ambrière,Gdes vac., 1946, p.96).V. confabuler ex. ♦ Rester au bout de la plume. Être omis dans un écrit. (Dict.xixeet xxes.). B. − P. méton. 1. Caractère de l'écriture, manière de former les lettres. Avoir une belle plume. M. Nivardet a une assez belle écriture et il fait le faux dans la perfection, imitant toutes les mains, depuis l'anglaise jusqu'à la ronde bâtardée. Un amour de plume, quoi! (Ponson du Terr.,Rocambole, t.1, 1859, p.83). 2. Moyen d'expression par l'écrit. Vos paisibles amis de Paris qui font de la politique avec leur encre et leur papier dans la liberté des théories, verront à quels éléments réels ils vont avoir affaire: la plume cèdera au sabre, soyez-en sûr (Lamart.,Corresp., 1830, p.36).V. coloriste ex. 9: 8. Que de fois j'ai vu, dans les foyers, des opinions hostiles, insultantes même pour une oeuvre, se convertir le lendemain en panégyriques imprimés! Que de fois j'ai vu la plume donner des démentis à la parole...
Reybaud,J. Paturot, 1842, p.72. ♦ Guerre de plume. Polémique, débat par écrit. Cette contestation, s'envenimant par degrés, souleva entre les deux évêques une guerre de plume (...). Ils s'adressaient mutuellement, sous forme de lettres, des diatribes (Thierry,Récits mérov., t.2, 1840, p.294). 3. Manière d'écrire propre à un écrivain, style. Plume alerte, féconde. Malgré quelques écarts répréhensibles, qu'on peut et qu'on doit reprocher à ses écrits, (...) sa plume est prude, et son génie collet-monté (Joubert,Pensées, t.2, 1824, p.220).Doué d'une niaiserie d'idées et d'une trivialité de style de premier ordre, une plume banale par excellence (Villiers de L'I.-A.,Contes cruels, 1883, p.48).V. attacher ex. 10 et élégant ex. de Montherlant. − Locutions ♦ Avoir la plume facile. V. facile B.Avoir un joli brin de plume. V. brin I A. ♦ Tremper sa plume dans le fiel. Avoir un style âcre, mordant. (Dict.xixeet xxes.). ♦ Sous la plume de + nom d'aut.Dans le style, la langue, les textes de tel écrivain. Sous la plume d'Alfred de Vigny, le mot profond (...) est une négation de la profondeur (Bachelard,Poét. espace, 1957, p.211). 4. Fait d'écrire contre rémunération; métier d'écrivain ou travail des écritures. Les déclamations mensongères ou sophistiques de ces écrivains anonymes, dont la plume vénale flétrit également l'homme de bien, et par ses accusations, et par ses éloges (Crèvecoeur,Voyage, t.2, 1801, p.337).J'entre dans une sphère bouillante de travail pour obliger un de mes éditeurs qui poursuit un succès, j'ai des engagements de plume effrayants (Balzac,Corresp., 1844, p.721). − Locutions ♦ Gens/homme, etc. de plume. (Homme/gens) qui fait/font profession d'écrire ou dont le travail consiste à faire des écritures. J'ignorais d'abord que ma bien-aimée fût une femme de plume; elle me l'avoua (...) elle alla même jusqu'à me montrer le manuscrit d'un roman (Musset,Hist. merle bl., 1842, p.77).Gens de plume collaborant à la presse française occasionnellement (écrivains, chroniqueurs, etc...) (Coston,A.B.C. journ., 1952, p.81).Dès que les sociétés ont dépassé le stade de l'oralité, apparaissent auprès des institutions de droit public des hommes de plume chargés de mettre par écrit les décisions des chefs responsables (L'Hist. et ses méth., 1961, p.633).MAR. Officier de plume (vx). ,,Officier(s) des corps administratifs de la marine`` (Bonn.-Paris 1859; dict.xixeet xxes.). ♦ Subst. péj. + de (la) plume.Les plus vils goujats de plume s'accordent le droit de me calomnier et de m'outrager chaque fois qu'ils pensent le pouvoir faire impunément (Bloy,Journal, 1897, p.254).L'attaché militaire alla faire ensuite une visite à mon sous-chef. Ce que pouvait lui dire cet imbécile courtois, je riais de me l'imaginer! (...) ce serf de la plume ne pensait rien, n'avait jamais pensé (Mille,Barnavaux, 1908, p.228). ♦ Gagner sa vie avec sa plume, vivre de sa plume. Tirer ses moyens d'existence du métier d'écrivain. Les soucis d'un homme qui vit de sa plume et c'est vivre de peu (Balzac,Corresp., 1830, p.448). ♦ Louer/vendre sa plume. Écrire moyennant rétribution à l'encontre de ses convictions, de sa conscience ou d'une manière inférieure à ses qualités réelles. D'autres ne pouvaient plus tenir leur rang; Mirabeau se déclassait à vendre sa plume (Lefebvre,Révol. fr., 1963, p.109). 5. a) Écrivain. Il a suffi d'une poignée d'écrivains courageux pour mettre en fuite des milliers de plumes vénales (Desmoulinsds Vx Cordelier, 1793-94, p.87).Entrez, plume terrible! Tenez, voici M. Debray, qui vous déteste sans vous lire, à ce qu'il dit, du moins (Dumas père, Ctede Morcerf, 1851, i, tabl. 1, 3, p.5).L'adorable plume que Madame de Sévigné (Sainte-Beuve,Port-Royal, t.5, 1859, p.345). b) Plus rare. Celui qui écrit au nom d'une collectivité. [L'abbé d'Olivet] fut en réalité le secrétaire et la plume de l'Académie (Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t.11, 1868, p.211). REM. 1. Plume-fontaine ou, p.ell.,plume, subst. fém.,région. (Canada). Stylo à encre. Sa veste aux goussets remplis de plumes-fontaines (C. Jasmin,Sainte-Adèle..., 1974, p.13 ds Richesses Québec 1982, p.1833). 2. Plumigère .V. -gère C. 3. Plumon, subst. masc.,région. (Nord-Est notamment). Édredon ou matelas de plumes. Un grand lit occupait tout le fond de la pièce, large et monumental, sous son plumon de toile bleue (Moselly,Terres lorr., 1907, p.41).Un lit bien équipé comporte une paillasse couverte de toile d'étoupe, un «lit de plumes» ou «plumon de dessous», deux draps, un traversin, deux oreillers, une couverture de laine, de coton ou piquée, un duvet ou «plumon de dessus» (M. Kuntz,Intérieurs paysans du pays de Briey entre 1850 et 1900ds Villages et Maisons de Lorraine, 1982, p.161). Prononc. et Orth.: [plym]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1140 «duvet préparé pour rembourrer les coussins» (Pélerinage Charlemagne, éd. G. Favati, 290); 1176 lit de plume (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 6028); b) ca 1165 «ensemble des plumes d'un oiseau» (Benoît de Ste-Maure, Troie, 14839 ds T.-L.); 1176 fig. (Chrétien de Troyes, op. cit., 4854); ca 1180 «tuyau corné garni de barbes et de duvet, de l'oiseau (différent de penne*)» (Marie de France, Fables, éd. K. Warnke, 67, 3); c) ca 1625 être de plume «très léger» (A. d'Aubigné, Lettre ds OEuvres, éd. E. Réaume et F. de Caussade, t.1, p.497); 1640 léger comme une plume (Oudin, Ital.-Fr. d'apr. FEW t.9, p.84a); 1900 poids de plume (Petiot), 1914 poids plume (Almanach Hachette, p.120); d) expr. 1176 oster la plume a aucun «flatter, tromper» (Chrétien de Troyes, op. cit., 4488); fin xives. oster une plume à qqn «priver de ce qu'il possède de plus avantageux» (Eustache Deschamps, OEuvres, éd. Queux de Saint-Hilaire, t.3, p.95, 48); 1718 arracher une plume (Ac.); 1228 trere la plume par l'oel a aucun «flatter» (Jean Renart, G. de Dole, éd. F. Lecoy, 3473); 1548 passer à qqn la plume devant la bouche (La Boétie, Servitude, p.36 ds Hug.); 1608 passer la plume par le bec (M. Régnier, Satyre, VI, éd. G. Raibaud, p.63, 91-92); 1610 passer à qqn la plume devant le nez (Boyvin de Villars, Instructions sur les affaires d'état, p.447); début xves. laisser plume ou aisle «ne pas s'en tirer sans y perdre quelque chose» (Le Livre des faicts du bon messire Jean Le Maingre dit Boucicaut, seconde partie, chap.17 ds Nouv. Collection des mém. pour servir à l'hist. de Fr., éd. J.-F. Michaud et J.-J.-F. Poujoulat, t.2, p.272); 1640 laisser des plumes (Oudin Curiositez); 1946 voler dans les plumes (Prévert, Paroles, p.269); 1558 les belles plumes font le bel oiseau «la parure fait valoir» (B. Des Périers, Nouvelles récréations et joyeux devis, Nouvelle 8, éd. K. Kasprzyk, p.51); 1668 se parer des plumes du paon (La Fontaine, Le Geai paré des plumes du paon, IV, 9 ds Fables, éd. H. Régnier, t.1, p.298); 2. a) 1461 fondre des mots de sa plume «écrire» (Chastellain, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t.4, p.5, 2-3); 1613 prendre la plume «commencer à écrire» (M. Régnier, op. cit., XV, p.198, 3); 1616 mettre la main à la plume (A. d'Aubigné, Hist. univ., II, 116); 1690 tenir la plume (Fur.); b) 1549 «écrivain» (Du Bellay, Deffence et illustration de la lang. fr., livre I, chap.4); 1690 gens de plume (Fur.); 1798 homme de plume (Ac.); c) 1608 «composition des ouvrages d'esprit, style et manière d'écrire d'un auteur» (M. Régnier, op. cit., X, p.113, 127); 1771 guerre de plume (Voltaire, Lettre à MmeDu Deffand du 6 janv. ds Rob., s.v. guerre, citat.48); 3. 1855 zool. plume de calmar (Ann. chim. et phys., t.43, p.97). Du lat. plūma propr. «duvet» puis «plume» qui a éliminé penna (penne*) dans presque tous les parlers gallo-rom. Le sens 2 vient de ce qu'on écrivait dep. l'Antiq. avec de grandes plumes taillées de certains oiseaux (oie, corbeau, cygne, etc.). L'expr. voler dans les plumes est peut-être due à une anal. avec les combats de coqs. Fréq. abs. littér.: 4880. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7056, b) 1054; xxes.: a) 6615, b) 5105. Bbg. Lenoble-Pinson (M.). Le Lang. de la chasse. Bruxelles, 1977, pp.11-14, p.339. _ Quem. DDL t.16, 20, 25, 28 (s.v. plumigère). |