| PARADIGME, subst. masc. A. − 1. GRAMM. Ensemble des formes que peut prendre un élément (généralement un mot). Synon. déclinaison, flexion.Il suffit d'y jeter un coup d'oeil pour apercevoir la relation qui existe entre les paradigmes grec et latin (Sauss.,Ling. gén.,1916, p.15).Jamais il ne serait tenté de restituer un paradigme sans pronom: aime, aimes, aime, aimons, etc., auquel l'écriture traditionnelle fait croire (Bally,Lang. et vie,1952, p.25).QUI - QUE - QUOI forment un paradigme pronominal, ils constituent un pronom fléchi (G. Moignet, Ét. de psycho-systématique fr.,1974, p.163). − En partic., vieilli. Ensemble des formes que peut prendre un mot présenté comme modèle des formes pour ce type de mot. Paradigme de flexion. La conjugaison d'aimer est le paradigme de la première conjugaison des verbes français (Ac.1798, 1878). 2. P. anal. Exemple type présentant toutes les variations du type. Il faut bien qu'un certain produit entre tous, celui dont la valeur paraîtra la plus authentique (...) soit pris pour type, c'est-à-dire tout à la fois pour instrument de circulation et paradigme des autres valeurs (Proudhon,Syst. contrad. écon.,t.2, 1846, p.87).M. Georges Seurat, le premier, a présenté un paradigme complet et systématique de cette nouvelle peinture (F. Fénéon, Les Impressionnistesds Plowert1888).Judas est leur type; leur prototype et leur surtype, ou, si l'on veut, le paradigme certain des ignobles et sempiternelles conjugaisons de leur avarice (Bloy,Salut par Juifs,1892, p.75). B. − LING. Ensemble des unités d'un certain type apparaissant dans un même contexte et qui sont de ce fait dans un rapport d'opposition, de substituabilité (p.oppos. à syntagme). Dans l'article que je viens de citer, Sechehaye construit (...) un paradigme dont les termes sont des phrases françaises (R. Godel, Limites de l'analyse segmentaleds Cah. F. Sauss. t.32 1978, p.133). C. − ÉPISTÉMOL. Conception théorique dominante ayant cours à une certaine époque dans une communauté scientifique donnée, qui fonde les types d'explication envisageables, et les types de faits à découvrir dans une science donnée. Changement de paradigme. Au-delà de leurs divergences, ce qui rapproche Kuhn et Feyerabend, c'est leur insistance sur le manque de convergence du développement scientifique. Le cri de ralliement de l'opposition à l'empirisme, c'est la découverte de l'incommensurabilité entre des paradigmes séparés par une révolution scientifique (P. Jacob, L'Empirisme logique,Paris, éd. de Minuit, 1980, p.27). Prononc. et Orth.: [paʀadigṃ]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist.1. 1584 «exemple, modèle» (Thevet, Hommes ill., fo340 vods Gdf. Compl.); 2. a) 1752 «mot-type qui est donné comme modèle pour une déclinaison, une conjugaison; ensemble typique des formes fléchies d'un mot pris comme modèle» (Trév.); b) 1967 «ensemble des termes qui peuvent figurer en un point de la chaîne parlée, axe des substitutions» (Dub.). Empr. au b. lat. paradigma «exemple, comparaison», également terme de gramm., gr. π
α
ρ
α
́
δ
ε
ι
γ
μ
α «modèle, exemple» (de π
α
ρ
α
δ
ε
ι
́
κ
ν
υ
μ
ι «mettre en regard, en parallèle, montrer», de π
α
ρ
α
́ «auprès de» et de δ
ε
ι
́
κ
ν
υ
μ
ι «montrer»). Bbg. Godel (R.). Cah. F. Sauss. 1978, no32, p.134. |