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MOISISSURE, subst. fém.
A. − Champignon microscopique, de couleur verdâtre ou blanchâtre, qui se développe, à la faveur de l'humidité et le plus souvent de l'obscurité, à la surface des substances organiques dont il entraîne une altération. Synon. chancissure (dér. s.v. chancir).Un gros pain de seigle entamé, que les taches de moisissure commençaient à velouter d'un duvet blanc (Lamart.,Tailleur pierre,1851, p.413).La fermentation gallique ou moisissure qui envahit rapidement la surface des jus au contact de l'air et qui est très nuisible: ces moisissures détruisent une partie du tanin aux dépens duquel elles se nourrissent et provoquent sur les cuirs des taches rondes caractéristiques (Bérard, Gobilliard,Cuirs et peaux,1947, p.62).V. mucor ex. 1:
1. Les effets antibiotiques d'une moisissure, le Penicillium Notatum, furent observés en 1928 par Alexander Fleming qui s'efforça de concentrer et d'isoler la substance, la pénicilline, qu'il pensait être à l'origine de cette action. Hist. gén. sc.,t.3, vol. 2, 1964, p.439.
− Moisissure blanche, verte. V. mucon ex. de Camefort, Gama.
− Moisissures de fromage. Moisissures de couleur bleue caractéristiques d'un certain nombre de fromages fermentés (p.ex. bleu d'Auvergne, bleu de Bresse, gorgonzola).
B. − Action d'altération, de décomposition, effectuée par la moisissure; substance altérée par la moisissure. Grandes lettres jaunes, dont la moisissure du plâtre avait emporté des morceaux (Zola,Assommoir,1877, p.376).Dans les angles, la moisissure détachait le papier (Mauriac,Th. Desqueyroux,1927, p.260):
2. Les fils en sont préparés avec une colle de poisson, qui, dit-on, rend cette toile moins sujette à la moisissure que celle de Russie. Crèvecoeur,Voyage,t.1, 1801, p.232.
− Au fig. Je suis dans un tout autre monde maintenant, celui de l'observation attentive des détails les plus plats. J'ai le regard penché sur les mousses de moisissure de l'âme (Flaub.,Corresp.,1852, p.265).On sent là, à pleines narines, (...) toute la crapulerie distinguée, toute la moisissure de la société parisienne (Maupass.,Contes et nouv.,t.1, Femme de Paul, 1881, p.1217).
Prononc. et Orth.: [mwazisy:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Mil. xives. mouysiceure (Gloss., Bibl. nat. lat. 7692, 5483 ds Roques t.1, p.401); fin xives. moisisseure de vin, de pain (ibid., Bibl. nat. lat. 13032, 7717, 7720, ibid. t.2, p.264). Dér. du part. prés. de moisir*; suff. -ure*. Fréq. abs. littér.: 139.