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MADEMOISELLE, subst. fém.;MESDEMOISELLES, subst. fém. plur.
[S'écrit en abrégé Mlleet au plur. Mlles; la prononc. fam. abrège le mot qui est alors orthographié de diverses manières (v. infra et orth.)]
I.
A. − Vx. [Titre employé pour désigner toute femme mariée qui n'était pas noble ou qui était noble mais non titrée ou pour s'adresser à elle] Dans cette pièce se tenaient le respectable bourgeois et sa femme, mademoiselle Lecamus (Balzac, Martyr calviniste, 1841, p. 58).On l'appelle mademoiselle, quoiqu'elle ait été mariée. Le nom de dame était encore réservé aux femmes nobles (Michelet, Insecte, 1857, p. 395).Le 19 janvier 1664, MlleMolière, la femme du poète, mit au monde un garçon (A. France, Génie lat., 1909, p. 126):
1. À Beaune, les premiers fidèles se recrutèrent parmi la noblesse...; à Dijon, parmi la noblesse et les gens de robe..., «M. Bossuet, conseiller au parlement et mllesa femme.»..., et ailleurs...» ... C'était le temps où les Espagnols menaçaient la frontière de Bourgogne (1636-1637). Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 545.
Fam. Mon Dieu! que vous êtes grosse! Moi qui vous ai vue comme un jonc, maintenant vous me paraissez une des tours de Notre-Dame. Ah, mamselle Sophie! qu'avez-vous fait là? Que monsieur votre mari ne s'attende pas à mes compliments pour vous avoir mise dans ce bel état (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1825, p. 735).
Rem. S'emploie dans le milieu du théâtre (et parfois du cinéma) pour désigner une actrice, même mariée, notamment une sociétaire de la Comédie-Française ou pour s'adresser à elle.
B. − HIST., au sing.
1. [Titre employé pour désigner la première princesse de sang tant qu'elle n'est pas mariée ou pour s'adresser à elle (d'apr. Ac.)] «Ce duc de Parme [Charles de Bourbon] avait épousé à Frohsdorf (Autriche) le 10 novembre 1845, «Mademoiselle», c'est-à-dire la fille du duc de Berry, petite fille de Charles X, la princesse Louise de France» (Point de vue, 6 févr. 1970, p. 8).
2. [Titre employé pour désigner la fille de Monsieur, frère du roi, tant qu'elle n'était pas mariée ou pour s'adresser à elle]
En partic. (La grande) Mademoiselle. Mllede Montpensier. Lorsque l'armée royale (...) voulut rentrer dans la capitale, elle fut arrêtée à la porte Saint-Antoine et c'est là que Mademoiselle, du haut de la Bastille, tira le canon contre les troupes du roi (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 222).On vit la grande mademoiselle se promener au Cours-La-Reine dans «son carrosse...» (P. Rousseau, Hist. techn. et invent., 1967, p. 175).
II. − Usuel
A. − [Appellation employée pour désigner une jeune fille ou une femme (présumée) non-mariée ou pour s'adresser à elle] En face de lui (...) était assise une jeune femme qui achevait de manger une mandarine. L'incertitude où j'étais s'il fallait lui dire madame ou mademoiselle me fit rougir (Proust, Swann, 1913, p. 76).− Alors, mesdemoiselles, cria Paradis, vous ne vous offrez pas un tour de rigolade? − Approchez, mesdemoiselles, hurla Petit-Pouce, approchez (Queneau, Pierrot, 1942, p. 10).L'homme la dévisagea (...) − Lévesque? Le machiniste Lévesque? oui, madame... mademoiselle... Il doit être dans la salle de forge (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 220):
2. Il prit une clef et ils montèrent visiter le numéro 4. La chambre était claire, confortable. − Ça vous plaît, mademoiselle? − Beaucoup. Et, familière: − Ne m'appelez pas mademoiselle, c'est plus de mon âge. Appelez-moi Denise, comme au théâtre. Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 201.
1. [Suivi d'un nom ou d'un prénom] Mesdemoiselles de Gramont, qui étaient jolies, passaient le début de la soirée avec leurs hôtes (Maurois, Disraëli, 1927, p. 154).Il déchiffra le nom de l'expéditeur: MlleBonnet. Hôpital de Conakry. Guinée française (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 788):
3. Mon sac, qui voltigea au bout de sa courroie, attrapa son chapeau et le fit tomber à la renverse sur son dos. Je dis: − Oh! pardon, madame!... Elle me répondit sèchement: − Mademoiselle, s'il vous plaît!... Je m'appelle Mademoiselle Marie... Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 89.
Fam. Elle continue: − Moi, je m'appelle Rose... Mam'zelle Rose... Je suis chez M. Mauger... À côté de chez vous... (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 58).
2. [Suivi d'un nom de parenté et pour exprimer le respect marqué envers la personne à qui l'on s'adresse] Vieilli. Mllevotre nièce. En vérité, il n'y a point de meilleure lecture: c'est un livre à mettre entre les mains de mesdemoiselles vos filles tout de suite après le catéchisme (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1825, p. 816).Je (...) demandai à mon nouveau patron (...) si mademoiselle sa fille était malade (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 121).
3. [Suivi d'un nom exprimant une fonction ou une qualité soc.] Messieurs les bourgeois, dit-il, et mesdemoiselles les bourgeoises, nous devons avoir l'honneur de déclamer (...) une très belle moralité, qui a nom: le bon jugement de madame la vierge Marie (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 27).Puck: Allons, vite, mesdemoiselles les demoiselles d'honneur, dépêchez-vous!... La Grande-Duchesse vous attend! (Meilhac, Halévy, Gde-duchesse Gérolstein, 1867, ii, 2, p. 236).
Emploi abs. [Pour désigner l'institutrice, la gouvernante d'un enfant] Mademoiselle nous fait mettre en rang, quoique l'heure ne soit pas encore venue (Colette, Cl. école, 1900, p. 258).
B. − En partic., emploi abs.
1. [Appellation employée par les domestiques en signe de respect pour désigner leur maîtresse de maison lorsqu'elle n'est pas mariée ou la fille de leur maîtresse ou pour s'adresser à elle] Mademoiselle se mariera dans l'année, c'est sûr, dit la Grande Nanon (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 36).Étienne revint bientôt de son ambassade. − La femme de chambre de mademoiselle, dit-il, m'a annoncé que mademoiselle achevait sa toilette et ne tarderait pas à venir (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 493).
Fam. Balionte entre sans frapper: − Mamiselle est morte! je l'ai trouvée morte, sur son lit, tout habillée. Elle est déjà froide (Mauriac, Th. Desqueyroux, 1927, p. 256).Nicolas qui m'attendait, en livrée d'été (...) me disait d'un air de blâme: − Si c'est pas malh'reux qu' mad'moiselle mette un' si belle rope (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 352):
4. La grosse bonne s'élança, répondit: «Qu'est-ce qu'il faut, mamzelle Claire? − L'omelette, bien vite. − Dans une minute, MamzelleMaupass., Contes et nouv., t. 2, Marquis de F., 1886, p. 68.
2. [Appellation employée pour s'adresser à la standardiste chargée de mettre en contact un abonné avec le correspondant qu'il appelle à partir d'un poste téléphonique manuel] Le commissaire se leva lourdement, s'approcha du téléphone posé sur le bureau. − Vous permettez?... Allo, mademoiselle, vous me donnerez le 118 à la Roche-sur-Yon, s'il vous plaît?... vous dites?... Il n'y a pas d'attente?... Allo!... Je voudrais parler au juge d'instruction Alain de Folletier... (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 170).
3. Arg., vx. [Terme d'adresse envers un inverti, un travesti] On ne l'appelait à Bicêtre que Mademoiselle: j'appris que c'était un de ces misérables qui, livrés à Paris à une prostitution infâme (...) (Vidocq, Mém., t. 1, 1828-29, p. 231).
C. − Mademoiselle + subst.
1. Plais. [Suivi d'un subst. exprimant une qualité (supposée être) caractéristique de qqn] Vous ne travaillez point comme cela, vous autres, mesdemoiselles les paresseuses. Et, moitié souriante, moitié sévère, la fleuriste s'adressait aux cinq ou six jeunes filles travaillant à la journée dans le magasin (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 120).Elle murmura: − C'est une fille. − Juste! reprit le zingueur, blaguant pour la remettre, j'avais commandé une fille!... Hein! me voilà servi! tu fais donc tout ce que je veux? Et, prenant l'enfant, il continua: − Qu'on vous voie un peu, mademoiselle souillon!... Vous avez une petite frimousse bien noire (Zola, Assommoir, 1877, p. 468).
Pop., vx. Mlledu bitume, du Pont-Neuf. Prostituée (d'apr. France 1907).
2. Pop., HIST. SOC. [P. allus. à Gustave Hervé (1871-1944) qui créa dans le journal La guerre sociale la formule Mamzelle Cisaille] Mademoiselle + subst. fém.À l'action organisée des syndicats, on voulait substituer l'acte personnel, esquissé dans une pose théâtrale ou traduit par une expression violente, souvent grossière, du «browning» et de «Mademoiselle Cisaille», on faisait un drapeau, alors que l'un et l'autre ne sont que des moyens extrêmes (Recueil textes hist., Bataille syndicaliste, 1912, p. 106):
5. ... nous ferons table rase de toute cette législation réactionnaire, basée (...) sur ces utopies à la Jean-Jacques qui ne sont que (...) les équivalents juridiques de la Mamzelle Cisaille de cet illuminé d'Hervé... Aragon, Beaux quart., 1936, p. 198.
P. ell., arg., vx. La guillotine. Synon. la veuve, madame.De chaque côté [de la place] jusqu'à mademoiselle [la guillotine] et autour, les volontaires formaient la haie ([L'Héritier], Mém. Révol. fr., t. 1,1830, p. 113).
Prononc. et Orth.: [madmwazεl], plur. [me-]. Avec l'assimilation partielle ou totale du [d], [manmwa-], [mammwa-]. Altération plus importante et en partie conventionnelle [mamzεl], sous les graph. mamselle (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1825, p. 735), mamzelle (supra ex. 4) ou -'zelle (Mirbeau, loc. cit.). Mad'moiselle (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 352) marque simplement l'élision. Att. ds Ac. dep. 1694. Plur. mesdemoiselles, v. madame. Étymol. et Hist. I. 1. 1471 «titre donné à certaines femmes de condition» (Archives du Nord, B. 3513, no123954 ds IGLF); 2. 1670, 15 déc. «titre donné à la fille de Monsieur, frère unique du Roi» (Mmede Sévigné, Lettres, éd. La Pléiade, t. I, p. 140); 3. 1690 (Fur.: Mademoiselle. Titre d'honneur qu'on donne aux filles et aux femmes des simples Gentilshommes). II. 1. 1690 (ibid.: Mademoiselle, est aussi un nom qu'on donne à toutes les filles qui ne sont point mariées, pourveu qu'elles ne soient pas de la lie du peuple, ou filles d'Artisans); 1718 (Ac.: Mademoiselle. Titre qui se donne ordinairement aux filles); 2. 1760-72 «fille de la maison» (Diderot, Le Neveu de Rameau, éd. J. Fabre, p. 22). Comp. de ma (v. mon) et de demoiselle*. Fréq. abs. littér.: 3524. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3872, b) 6565; xxes.: a) 5824, b) 4662. Bbg. Lew. 1968, p. 118. _ Quem. DDL t. 2. _ Tracc. 1907, p. 153.