| LOUP(-)CERVIER,(LOUP CERVIER, LOUP-CERVIER) subst. masc. A. − 1. Lynx européen. Chat (au sens large du mot) (...) Trois espèces a) Lynx (Felis lynx), appelé aussi Loup cervier (Coupin,Animaux de nos pays, 1909, p. 30).Une baraque délabrée, quelques loups-cerviers, un porc-épic, deux ours bruns (...) constituaient le gros de la fête foraine (Guèvremont,Survenant, 1945, p. 218). Rem. Loup-cervier s'emploie parfois pour désigner un loup. Nous avons aperçu les grands ongles marqués Par les loups voyageurs que nous avions traqués (...) ces marques récentes Annonçaient la démarche et les griffes puissantes De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux (Vigny, Destinées, 1863, p. 128). 2. P. méton., rare. Fourrure de cet animal. Manchon de loup-cervier (Ac. 1798-1878). 3. P. métaph. Personne qui évoque cet animal par son aspect extérieur. Adolphe, le plus fin des deux frères, un vrai loup-cervier, à l'œil aigu, aux lèvres minces, au teint aigre (Balzac,C. Birotteau, 1837, p. 272). B. − Au fig., péj. Homme féroce; financier rapace, peu scrupuleux. Les plus grands escrocs qui dans ces derniers temps se soient signalés (...) agents de sociétés fictives, loups cerviers de bourse et notaires (Proudhon,Créat. ordre, 1843, p. 449).M. Maurice professe le plus profond mépris pour les banquiers (...) il les traite de loups cerviers (Labiche,Prem. pas, 1862, 15, p. 286).Il est très dur, injuste, avec cette enfant étonnante. Une sorte de loup-cervier qui cache son jeu (La Varende, Amour sacré, 1959, p. 43): Cette éclosion subite de l'enfance au coeur d'un loup-cervier, d'un vieillard, est un des phénomènes sociaux que la physiologie peut le plus facilement expliquer. Comprimée sous le poids des affaires, étouffée par de continuels calculs, par les préoccupations perpétuelles de la chasse aux millions, l'adolescence et ses sublimes illusions reparaît...
Balzac,Splend. et mis., 1844, p. 201. REM. Loup-cerve, subst. fém.Femelle du loup-cervier. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [lusε
ʀvje]. Att. ds Ac. dep. 1694. Ds Ac. 1718, 1740 sans trait d'union. Plur. des loups-cerviers (Ac. 1935). Étymol. et Hist. A. 1121-34 luvecerviere «femelle du loup-cervier» (Philippe de Thaon, Bestiaire, 1179 ds T.-L.). B. 1. Ca 1265 lou cervier (Brunet Latin, Trésor, éd. J. Carmody, I, 190, 3, p. 167); 1718 fourrure de loup cervier (Ac.); 2. av. 1778 «homme rapace» (Voltaire, Mél. hist. Un chrét. contre six juifs, Des supplices recherchés ds Littré). Du lat. lupus cervarius «loup-cervier» (proprement «loup qui attire les cerfs»), b. lat. lupa cervaria (TLL, s.v. cervarius, 943, 44); le mâle ayant été, dans les premiers textes désigné par lynx*, loup-cervier n'apparaît que postérieurement à louve-cervière. Cf. le dér. régr. loucerve xves. ds Gdf. Fréq. abs. littér.: 45. Bbg. Delb. Matér. 1880, p. 192. |