| FAISAN, ANE, subst. A.− Oiseau à longue queue, au plumage très coloré chez le mâle, vivant à l'état sauvage dans la forêt et la plaine, ou élevé dans les faisanderies*. Faisan de chasse. Dans le jardin de l'hôtel Graslin, il y avait (...) une volière délicieuse, et chacun fut surpris d'y voir des oiseaux rares, des perroquets, des faisans de la Chine (Balzac, Curé vill.,1839, p. 29).Il arrive qu'on croit cerner dans la haute luzerne un coq magnifique, et c'est une faisane toute grise qui s'envole (Bernanos, Joie,1929, p. 666): 1. Selon la légende, les conquérants de la Toison d'or rapportèrent, en Grèce, de splendides oiseaux au plumage de pourpre et d'or, qu'ils avaient capturés en Colchide sur les bords du Phase. Depuis cette époque, qui se situe quelques décades avant le siège de Troie, le faisan installé à une extrémité de la vieille Europe, s'y est splendidement multiplié.
Vidron, Chasse,1945, p. 31. − ORNITHOL., Oiseau de l'ordre des Gallinacés, de la famille des Phasianidés, qui a pour type le faisan commun. Faisan argenté, doré, vénéré. − En appos. Coq faisan, poule faisane (ou plus rarement faisande). Une poule faisane trouvée captive en visitant ses mues (Genevoix, Raboliot,1925, p. 161). B.− P. anal. [P. réf. au caractère délicat de sa chair] Faisan d'eau ou faisan de la mer. Turbot. De splendides turbots, ces faisans de la mer (Verne, Vingt mille lieues, t. 2, 1870, p. 77). C.− Au fig. et pop. [Par attraction possible avec oiseau, faiseur, faisander] Individu malhonnête, se livrant à des affaires louches : 2. À Paris, il [Lucien de Rubempré] retrouvera les mêmes mépris (...) il devra se contenter des gandins, des lions impertinents du boulevard de Gand (...) il vivra avec des faisans, des spéculateurs comme du Tillet ou Nucingen, des commerçants vulgaires...
Morand, Eau sous ponts,1954, p. 68. Rem. On relève chez Giono le néol. faisan(n)erie, subst. fém., employé pour désigner « un ornement fait en plumes de faisan ». Le casque étincelant emplumé de faisanneries (Hussard, 1951, p. 112). Prononc. et Orth. : [fəzɑ
̃], fém. [-an] (-ande ds Besch. 1845), ds Passy 1914 (var.), Pt Rob., Warn. 1968, Lar. Lang. fr.; Littré condamne cette prononc.; [f(ə)zɑ
̃] ds Warn. 1968; [fe-] ou [fε-] ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 2 1787, Land. 1834, Gattel 1841, Nod. 1844, Littré, DG, Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930. Ds Ac. dep. 1694; le fém. pour la 1refois ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. Subst. 1172-75 les feisanz (Chr. de Troyes, Chevalier de la Charrette, éd. M. Roques, 5790). Adj. 1694 poule faisande (Ac.). Du lat. class. phasianus (empr. au gr. φ
α
σ
ι
α
ν
ο
́
ς « faisan », proprement « oiseau du Phase, fleuve de la Colchide ») avec une terminaison qui s'explique probablement par un recours à l'a. prov. faisan, seulement attesté ca 1268-71 (Rayn.). Fréq. abs. littér. Faisan : 191. Faisane : 5. Bbg. Arickx (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, no3, p. 129. − Lenoble-Pinson (M.). Le Lang. de la chasse. Bruxelles, 1977, passim. |