| CRÉMERIE, subst. fém. A.− ÉCON. RURALE. Local où l'on fait crémer le lait : La beurrerie est le local spécialement destiné à la fabrication du beurre. Elle doit comprendre trois pièces au moins :
1oUne chambre à lait, pour recevoir le lait au moment où il arrive de la traite;
2oUne crémerie, où se fait la montée de la crème;
3oUne baratterie (...) où a lieu la conversion de la crème en beurre.
Maigne, Nouv. Manuel complet de la laiterie,1885, p. 90. B.− COMMERCE 1. Commerce spécialisé dans la vente des produits laitiers. Sous le rideau de fer levé des crémeries, les petites laitières à manches blanches (Proust, Guermantes,1921, p. 371).La crémerie où nous nous approvisionnons (Green, Journal,1940, p. 37).Un dédale de couloirs blancs comme une crémerie (H. Bazin, Vipère,1948, p. 206). 2. P. ext. Établissement où une clientèle surtout populaire peut acheter des produits laitiers et consommer des repas bon marché. Pour garder ces trésors, se privant de tout et mangeant dans une crémerie (Goncourt, Journal,1877, p. 1204).Nous nous arrêterons dans une crémerie de la rue de Seine, où l'on mange de la soupe au fromage épatante (Zola, E. Rougon, 1876, p. 91). (...) ses repas dans un petit restaurant-crèmerie (R. Rolland, J.-Chris.,Buisson ard., 1911, p. 1281). − Au fig., fam. Changer de crémerie. Quitter un endroit que l'on fréquente habituellement pour un autre de même nature, mais meilleur. C'est à peine éclairé, mais j'y vois assez pour me rendre compte qu'on a tout à fait changé de crémerie (Giono, Gds chemins,1951, p. 211).Une idée de garçon qui en a marre de croupir, qui veut changer de crémerie (Arnoux, Zulma,1960, p. 124). Prononc. et Orth. : [kʀ
εmʀi] ou [kʀe-]. [ε] ouvert ds Littré, DG, Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930 et Pt Rob.; [e] fermé ds Lar. Lang. fr.; [e] pour le lang. soutenu avec la prononc. ou non de [ə] muet à la 2esyll. et [ε] ouvert pour le lang. cour. ds Warn. 1968. Fait partie des mots dans lesquels le prononc. [ε] a prévalu malgré la graph. qui hésite elle-même ds les dict. plus anc. Ainsi Besch. 1845 et Littré écrivent crèmerie, mais Ac. 1878 comme Ac. 1932 enregistrent crémerie. Étymol. et Hist. 1. 1845 « magasin de produits laitiers » (Besch.); 2. 1866 « lieu où l'on fait crémer le lait » (Lar. 19e); 3. 1867 « petit restaurant » (Zola, Th. Raquin, p. 99). Dér. de crème*; suff. -erie*. Fréq. abs. littér. : 35. |