| CHÈQUE, subst. masc. Écrit par lequel le titulaire ou procureur d'un compte donne l'ordre de payer à lui-même ou à un tiers, une somme déterminée, prélevable immédiatement sur les fonds portés au crédit de ce compte. Tirer, payer un chèque; carnet de chèques. Les deux héritiers reçurent chacun un chèque à valoir de cent mille livres sterling, payable à vue (Verne, Les 500 millions de la Bégum,1879, p. 58).Celui qui signe un chèque ne sent aucune résistance. Mille francs ou un million c'est la même chose au bout de la plume (Alain, Propos,1933, p. 1176):... je te donnerai, (...) un joli carnet de chèques, avec un crédit de trois mille francs. C'est ça qui est chic, mon petit. Au lieu d'avoir les poches chargées de billon, tu entres dans un magasin, tu achètes ce que tu veux et, au moment de payer, tu détaches un chèque.
Miomandre, Écrit sur de l'eau,1908, p. 189. SYNT. Faire, libeller, signer un chèque. Recevoir, toucher un chèque. Endosser* un chèque; chèque barré (cf. barrer, barrement). − En partic. Chèque au porteur. Dont le bénéficiaire n'est pas désigné, par opposition à chèque à personne dénommée. Chèque à ordre. Dont la transmission doit être effectuée par endossement. Chèque en blanc. Chèque signé mais sur lequel la somme à payer n'est pas indiquée. Au fig. donner un chèque en blanc à qqn. Synon. de donner carte* blanche à qqn.Chèque sans provision. Émis alors que le signataire n'a pas à son compte une somme suffisante (provision). Chèque tiré sur (une banque de) Paris, Marseille. Payable dans la ville désignée. Chèque bancaire. Tiré sur une banque. Chèque postal. Tiré sur l'Administration des Postes. Compte chèque postal (C.C.P.). Centre de chèques postaux. Chèque de voyage (traveller's cheque). Émis par une banque, il permet au porteur de toucher des fonds chez tous les correspondants de celle-ci (cf. Lar. Lang. fr.). − Spéc. Chèque-restaurant. Ticket délivré aux employés d'une entreprise pour régler le repas qu'ils prennent au restaurant (cf. Lar. encyclop. Suppl.). Prononc. et Orth. : [ʃ
εk]. Ds Ac. 1878 et 1932. Homon. cheik. Étymol. et Hist. 1788 check (Courr. de l'Europe, XXIV, p. 207 ds Proschwitz Beaumarchais, p. 220); av. 1863 chèque (J. Lechevalier St André, Question monétaire ds Littré). Empr. à l'angl. check « id. » (1774; forme checque en 1803 ds NED, s.v. cheque) extension de sens de check « talon, souche (d'un bon de trésorerie) » sens issu de celui de « contrôle, vérification, arrêt, échec » le procédé des souches étant destiné à mettre un terme aux manœuvres illégales. Check est empr. à l'a. fr. eschec, v. échec. Fréq. abs. littér. : 181. DÉR. 1. Chéquard, subst. masc.,hist. Homme politique soupçonné d'avoir accepté des chèques pour favoriser l'entreprise du canal de Panama. Il s'effeuillait d'innombrables carnets de chèques sur le Palais-Bourbon (...), nos chéquards du Parlement livrent la France à une puissance étrangère, la Finance (A. France, Le Mannequin d'osier,1897, p. 240).Le marché des consciences parlementaires parut se tenir ouvertement, publiquement, sous le regard gouailleur des journalistes. On se repassait sans façon le nom des chéquards et le chiffre demandé (Bernanos, La Grande peur des Bien-Pensants,1931, p. 269).P. ext. Personne qui s'est laissé corrompre par de l'argent. Rem. a) Attesté ds Nouv. Lar. ill., Lar. Lang. fr. et Quillet 1965. b) Le mot ne semble pas avoir survécu, les derniers exemples rencontrés ds la docum. datent de 1931 (Bernanos, loc. cit.) avec réf. directe à l'affaire de Panama.− [ʃekɑ:ʀ]. − 1reattest. 1893 (Papillaud, Corrupt. Parlement, p. 4 ds Bonn. : Attaquer les chéquards, convaincre de vol des députés bien pensants!); de chèque, suff. -ard*. − Fréq. abs. littér. : 4. 2. Chéquier, subst. masc.Carnet à souche, réunissant un certain nombre de formules de chèques, délivré par un banquier au titulaire d'un compte. Synon. carnet de chèques.C'était un appel au portefeuille. Papa le comprit, tira son chéquier, fit don de deux mille francs aux œuvres du diocèse (H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 97).− [ʃekje]. − 1reattest. 1877 (Darm.); de chèque, suff. -ier*. − Fréq. abs. littér. : 2. |