| CAILLE1, subst. fém. A.− Petit oiseau migrateur au plumage brun tacheté (cf. perdrix) : 1. La caille est, parmi le gibier proprement dit, ce qu'il y a de plus mignon et de plus aimable. Une caille bien grasse plaît également par son goût, sa forme et sa couleur.
Brillat-Savarin, Physiol. du goût,1825, p. 88. ♦ Roi de caille. Synon. vulg. de râle de genêts. B.− [Cet oiseau comme symb., dans des syntagmes figés] 1. [De bonne chance; cf. alouette] Les cailles ne leur tomberont pas pour cela toutes rôties dans le bec (A. France, L'Île des pingouins,1908, p. 182). Rem. Peut-être p. réf. à la chanson pop. Il était un petit navire, où des cailles tombent du ciel en réponse à la prière du navire affamé. 2. [D'embonpoint, d'ardeur amoureuse] a) [Femme] Grasse comme une caille. − Si j'étais femme? je rêverais d'être une petite femme ni brune ni blonde... (...) Grasse comme une caille (E. et J. de Goncourt, Renée Mauperin,1864, p. 109). b) Chaud(e) comme une caille. Cuite de tous les côtés, chaude comme une caille, elle alla se fourrer dans son lit (Zola, Nana,1880, p. 1277): 2. Je veux corrompre un député :
Pour l'amour et la liberté
Il était plus chaud qu'une caille.
Béranger, Chansons,t. 2, La Marquise de Pretintaille, 1829, p. 221. C.− Au fig., fam. Jeune fille, jeune femme (cf. caillette2). 1. [En parlant d'un être petit ou jeune] Terme d'affection. Elle est intimidée, pauvre petite caille (E. Labiche, Célimare le bien-aimé,1863, II, 2, p. 46). 2. Péj. Caille coiffée (vieilli). Femme légère, prostituée. Parlez-moi des princes monténégrins pour lever lestement la caille (A. Daudet, Tartarin de Tarascon,1872, p. 89): 3. Petit-Pouce et Paradis eux, pour eux la vie était belle, vraiment. Un bras passé autour de la taille d'une succulente caille, de l'autre négligemment manipulant le volant de leur véhicule réduit, ils se payaient du bonheur à quarante sous les cinq minutes.
Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 22. Prononc. et Orth. : [kɑ:j]. [ɑ] post. ds Passy 1914 (qui indique une demi-longueur), Barbeau-Rodhe 1930 (qui souligne : kɑ:j dans cail, caille; ka:j dans cailler, caille-lait, caillement; kaˑj ou kɑj dans caillette, cailletage, cailleteau; kɑj dans les autres cas, caillou), [ɑ] également ds Pt Rob. et Warn. 1968 (qui note aussi ɑ post. long); [a] ant. ds Dub., Pt Lar. 1908 et Lar. Lang. fr. Le mot est transcrit avec yod ds les dict. mod. ainsi que ds Land. 1834 et DG; il est transcrit avec [λ] mouillé ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841, Nod. 1844 et Littré. Pour le timbre de ɑ et pour la transcr. avec yod ou [λ] cf. la finale -aille. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Début xiies. « oiseau du genre de la perdrix » (Psautier Cambridge, CIV, 40 ds Gdf. Compl.). Issu d'une forme d'orig. onomatopéique quaccola attestée ds les gloses de Reichenau (éd. H.-W. Klein, Beiträge zur romanischen Philologie des Mittelalters, t. 1, 1968, 2975 quaccola, 530 quaccoles, 317a quacules). Sur l'hyp. d'un étymon frq. *kwakla induit du néerl. kwakkel (Gam. Rom. t. 1, p. 214; v. aussi EWFS2; cf. W. von Wartburg, Mots romans d'orig. germ., Mélanges J. Haust, Liège, 1939, p. 426), il est vraisemblable que le néerl. se rattache directement à quaccola, qui semble avoir vécu en milieu ouest-germ. (cf. Kluge, s.v. wachtel). Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 98. − Guiraud (P.). De la grive au maquereau. Le ch. morpho-sém. des n. de l'animal tacheté. Fr. mod. 1966, t. 34, pp. 280-308. − Rommel (A.). Die Entstehung des klassischen französischen Gartens im Spiegel der Sprache. Berlin, 1954, p. 88, 98. |