| AIRE, subst. fém. A.− Vieilli. Surface plane et unie sur laquelle on battait le blé : 1. Je crois entendre encore les coups cadencés des fléaux qui battaient la moisson, au soleil, sur l'aire de glaise durcie de la cour; ...
A. de Lamartine, Les Confidences,1849, p. 340. 2. À cette heure, l'aire immense, la vaste rotonde pavée, dormait elle aussi. Depuis les longues années qu'on n'y vannait plus de grain, une herbe y poussait, tout de suite brûlée par le soleil, dorée et comme rasée, pareille à la haute laine d'un tapis. Et, entre les touffes de cette molle végétation, les cailloux ronds ne refroidissaient jamais, fumant dès le crépuscule, exhalant dans la nuit la chaleur amassée de tant de midis accablants.
É. Zola, Le Docteur Pascal,1893, p. 86. 3. Le blé rentré, on se hâte de le dépiquer. L'aire est balayée, enduite de bouse délayée dans de l'eau qui y dépose une sorte de glacis terne, et les gerbes sont tirées hors de la grange...
J. de Pesquidoux, Chez nous,t. 1, 1921, pp. 144-145. − Au fig. : 4. « ... à l'instant encore, la peste entre chez vous, s'assied dans votre chambre et attend votre retour. Elle est là, patiente et attentive, assurée comme l'ordre même du monde. Cette main qu'elle vous tendra, nulle puissance terrestre et pas même, sachez-le, la vaine science humaine, ne peut faire que vous l'évitiez. Et battus sur l'aire sanglante de la douleur, vous serez rejetés avec la paille. »
A. Camus, La Peste,1947, pp. 1295-1296. B.− Surface plane de rocher où les grands oiseaux de proie font leur nid, et, par extension, le nid lui-même : 5. Alors, la tempête était haute,
Nous combattîmes côte à côte,
Tous deux, moi barque, toi vaisseau,
Comme le frère auprès du frère,
Comme le nid auprès de l'aire,
Comme auprès du lit le berceau!
V. Hugo, Les Feuilles d'automne,1831, p. 737. 6. Il se sentit au cœur une rage d'enfant. Il aurait voulu se rouler aux pieds de Madame de Beauséant, il souhaitait le pouvoir des démons afin de l'emporter dans son cœur, comme un aigle enlève de la plaine dans son aire une jeune chèvre blanche qui tette encore.
H. de Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 142. − P. Anal., littér. : 7. Il [Napoléon] a bâti si haut son aire impériale,
Qu'il nous semble habiter cette sphère idéale
Où jamais on n'entend un orage éclater!
V. Hugo, Odes et ballades,1828, p. 223. 8. Celui-là, ma chère duchesse, lui avait dit le vieux vidame de Pamiers, est cousin-germain des aigles, vous ne l'apprivoiserez pas, et il vous emportera dans son aire, si vous n'y prenez garde.
H. de Balzac, La Duchesse de Langeais,1834, p. 259. C.− P. ext. Toute surface plane généralement découverte : 9. La basse-cour occupa une aire de deux cents yards carrés, qui fut choisie sur la rive sud-est du lac. On l'entoura d'une palissade, et on construisit différents abris pour les animaux qui devaient la peupler.
J. Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 277. 10. Quand, après le déjeuner de midi, à l'heure de la récréation, M. le Supérieur traversa la cour, les séminaristes faisaient une partie de ballon. C'était sur l'aire sablée une grande agitation de têtes rougeaudes, emmanchées comme à des manches de couteaux noirs; ...
A. France, L'Orme du mail,1897, p. 18. 11. Nous avançons comme des trappeurs, rampant presque, les nerfs et les muscles tendus. J'ouvre la route et me crois au temps de mes explorations d'enfant dans les bois de La Roque; mes compagnons me suivent de près, car il n'est pas très prudent de nous aventurer ainsi avec un seul fusil à balles. Par moments, cela sent furieusement la ménagerie. Adoum, qui s'y connaît, nous montre sur une aire de sable des traces de lion, toutes fraîches; ...
A. Gide, Voyage au Congo,1927, p. 846. 12. Revenant à ce beau voyage d'hier au pays de mes souvenirs, au pays de mes neuf et dix ans, plein de montagnes verdoyantes, de cascades vertigineuses, de vallées, de prairies et de torrents sous les grandes aires neigeuses des cimes, (...) je vois que mes souvenirs (...) ne doivent pas être considérés comme desséchés, flétris, intellectualisés.
V. Larbaud, Journal,juin 1934, pp. 319-320. 13. Il y avait aussi des pique-nique et des parties de chasse organisées dans la montagne, d'où l'on revenait à la lune en marchant dans le lit des torrents desséchés, entre des buissons de lentisques, de lauriers roses et de roseaux : Marie-Anne, épuisée, s'étendait de temps en temps sur le sable ou sur une aire de marbre glacé et il fallait la réveiller pour repartir.
P. Nizan, La Conspiration,1938, p. 119. D.− Espace assigné à une activité ou à un phénomène en expansion : 14. Ma première colère passée, je rendis justice à Borelli. Nous lui devons la connaissance de l'aire humaine : en d'autres termes, de l'espace ambiant dans lequel nous pouvons nous mouvoir sans perdre le centre de gravité.
H. de Balzac, Théorie de la démarche,1833, p. 623. 15. L'aire de répartition d'une espèce, qu'il s'agisse de l'homme ou de toute autre espèce vivante, n'est pas moins instructive par les lacunes et les discontinuités qu'elle révèle, que par les étendues qu'elle couvre.
P. Vidal de La Blache, Principes de géographie humaine,1921, pp. 19-20. 16. ... mais, pour leur culture comme pour la plupart des phénomènes auxquels prend part l'intelligence de l'homme, une marge assez ample se dessine entre une aire minima et une aire maxima d'expansion.
P. Vidal de La Blache, Principes de géographie humaine,1921pp. 147-148. 17. Quand Forestier désigna le buste du poète d'un doigt qu'il n'avait jamais mis dans ses oreilles, elle cria : Vive Alceste! Quand il lut sa communication sur le Bourgeois Gentilhomme et sur les aires géographiques des phonèmes, découvrant aux dentales une double mâchoire qui n'avait pas rongé ses ongles et scandant les gutturales d'une main gauche qui n'avait pas massé son tendon d'Achille, elle cria : Vive la Béjart!
J. Giraudoux, Siegfried et le Limousin,1922, pp. 222-223. 18. Laure était tout à coup seule, à la proue d'une barque, en route vers un horizon de saphir et de diamant noir. La jeune fille ouvrit les yeux et s'efforça de regarder l'étoile qui, lentement, déclinait vers la cime des arbres. Et, soudain, l'étoile disparut. Une ombre noire et mouvante entrait dans l'aire de la nuit.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Nuit de la Saint-Jean, 1935, pp. 195-196. 19. De toutes ces poussées naturelles on peut dire ce que nous disions plus haut du régime géographique, qu'elles se dispersent dans l'arc-en-ciel des tempéraments et des destins individuels, mais la trame n'en donne pas moins à la tapisserie certaines limites et certaines structures. Il en est de même du génie des divers peuples qui différencie intérieurement ces grandes aires de civilisation.
E. Mounier, Traité du caractère,1946, pp. 107-108. 20. Je suis l'hôte imperceptiblement qui s'installe du droit de toutes ces portes fermées.
Où Je suis exactement tu ne sais pas, mais ceci seulement que Je te laisse moins de place à occuper.
(...)
L'aire de ta liberté s'est rétrécie,
Conditionnée par ce poids secret qui l'a envahie.
P. Claudel, Visages radieux,Ne timeas, Maria, 1947, p. 794. 21. La règle est nette. Mais, concrètement, comment imaginer que fonctionne et s'exprime la règle? Ségrégation diffuse d'une masse à l'intérieur d'une masse? Effet contagieux se propageant autour d'une aire de mutation étroitement limitée? Sous quelle forme nous représenter en superficie la naissance d'une espèce?
P. Teilhard de Chardin, Le phénomène humain,1955, p. 123. E.− Emplois sc. et techn. 1. SC. DE LA NATURE, SC. et TECHN. HUM. − ACOUSTIQUE ♦ Aire d'audition. ,,Sur un audiogramme, aire comprise entre les courbes des seuils d'audition intolérable aux diverses fréquences audibles.`` (Piéron 1963). ♦ Aire d'audition normale. ,,Sur un audiogramme, aire comprise entre les courbes des seuils d'audition normaux et des seuils d'audition intolérables normaux.`` (Piéron 1963). ♦ Aire de sensation auditive. ,,Partie du cerveau (lobe temporal du cortex) sensible aux signaux transmis par l'oreille.`` (Pir. 1964). − ANATOMIE : 22. Les neurologistes hostiles aux strictes localisations, comme von Monakov et Lashley éprouvent une sorte d'embarras devant la correspondance point par point de la rétine et de l'aire de Broadmann...
R. Ruyer, La Conscience et le corps,1937, p. 101. 23. En admettant que ces structures dépendent de l'organisation du champ, on comprend d'un seul coup toutes les lois empiriques du phénomène de constance : qu'il soit proportionnel à la grandeur de l'aire rétinienne sur laquelle se projette le spectacle et d'autant plus net que, dans l'espace rétinien mis en cause, se projette un fragment du monde plus étendu et plus richement articulé ...
M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 356. ♦ Aires cérébrales. ,,La corticalité qui recouvre les hémisphères cérébraux (cortex cérébral) peut être étudiée et décrite selon plusieurs cartes suivant que l'on envisage la morphologie extérieure macroscopique (lobes et sillons), la structure cellulaire microscopique (aires cytoarchitectoniques) ou les fonctions (aires fonctionnelles). L'aire cérébrale correspond donc à une zone de la corticalité cérébrale. Certaines aires ont une topographie constante et sont fonctionnelles dès les premiers mois de la vie, le développement de leur action se faisant et se perfectionnant avec la maturation, mais au cours de celle-ci apparaissent des activités plus organisées intellectuelles, psycho-motrices et praxiques, psycho-sensorielles et gnosiques, psycho-phasiques et linguistiques supposant outre l'apprentissage, l'acquisition de notions abstraites, l'utilisation des symboles.`` (Lafon 1963). ♦ La petite aire du téton ou aréole. ,,Le point rond noirâtre qui entoure le mamelon.`` (Besch. 1845). − ASTROL. ,,Cercle ou couronne de lumière qui paraît autour du soleil et des autres astres.`` (Besch. 1845). − ASTRON. Secteur de l'orbite d'une planète formé par un arc de l'ellipse et deux rayons vecteurs : 24. ... que disent les lois de Kepler? Elles établissent une relation entre les aires décrites par le rayon vecteur héliocentrique d'une planète et les temps employés à les décrire, entre le grand axe de l'orbite et le temps mis à la parcourir.
H. Bergson, L'Évolution créatrice,1907, p. 333. − COMM. Aires de dédouanement (Magasins et). ,,Lieux destinés à recevoir des marchandises importées et dont la mise à la consommation ou la réexportation n'est pas immédiate. Y sont également introduites les marchandises en suite de transit.`` (Math. 1967). Aires d'exportation (Magasins et). ,,Variante des magasins et aires de dédouanement.`` (Math. 1967). − GÉOL. Aires continentales. Anciennes plates-formes stables sur lesquelles se sont déposées les roches sédimentaires. ♦ ,,(Savoie) Lit de torrent plus ou moins desséché.`` (Plais.-Caill. 1958). ♦ ,,(Somme) Dans les hortillonnages, petites îles entre les rieux (fossés).`` (Plais.-Caill. 1958). − GÉOM. Superficie d'une figure, d'une coupe ... : 25. Toutes les grandeurs géométriques, les longueurs, les aires. les volumes, les angles, sont qualifiées de grandeurs continues, parce qu'elles ont évidemment la propriété de croître ou de décroître avec continuité; ...
A. Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances,1851, p. 285. 26. L'aire latérale du cylindre est, par définition, la limite vers laquelle tend l'aire latérale d'un prisme inscrit lorsque le nombre des côtés du polygone de base augmente indéfiniment, de manière que chacun d'eux tende vers zéro.
J. Hadamard, Leçons de géométrie élémentaire,Géométrie dans l'espace, 1921, p. 124. − HORTIC., SYLVIC. Aire de recoupes. Épaisseurs d'environ 220 à 240 millimètres de recoupes de pierres pour affermir les allées des jardins. Bois coupés à tire et à aire. Partie de bois limitée par des lisières. − LING. Aire linguistique. ,,Propre à un fait ou ensemble de faits linguistiques.`` (Pt Rob.). − PHYSIQUE ♦ Aire de diffusion. ,,Carré de la longueur de diffusion (LD)2. L'aire de diffusion représente le sixième de la somme quadratique moyenne des parcours élémentaires qu'un neutron thermique parcourt depuis sa naissance jusqu'à sa mort.`` (Charles 1960). ♦ Aire de migration. ,,Somme de l'aire de ralentissement et de l'aire de diffusion. Symbole : M2. Physiquement, l'aire de migration représente le sixième de la distance quadratique moyenne parcourue par un neutron depuis sa naissance comme neutron rapide jusqu'à sa capture comme neutron thermique.`` (Charles 1960). ♦ Aire de ralentissement. ,,Carré de la longueur de ralentissement d'un neutron thermique : (Lr)2. L'aire de ralentissement est l'équivalent de l'âge du neutron.`` (Charles 1960). − ZOOLOGIE ♦ Aire germinative ou embryonnaire. Portion du germe où la vésicule blastodermique forme la première ébauche de l'embryon : 27. ... à ce moment, par suite de la formation du mésoderme, se dessine avec netteté une aire germinative ...
E. Perrier, Traité de zoologie,t. 1, 1893, p. 879. ♦ Aire opaque. ,,Portion de l'aire embryonnaire des oiseaux entourant l'aire transparente.`` (Husson 1964). ♦ Aire pellucide. ,,Zone centrale du disque germinatif des oiseaux. L'aire pellucide forme le toit du blastocœle.`` (Husson 1964). ♦ Aire transparente. ,,Synonyme d'aire pellucide.`` (Husson 1964). 2. TECHN., TECHNOL. DIVERSES − AÉRON. Aire d'atterrissage. Surface de terrain apte à recevoir les avions lors de leur atterrissage ou de leur décollage. Aire de manœuvre. Ensemble des zones d'un aérodrome sur lesquels les avions peuvent se mouvoir (pistes, chemins de roulement, aires de stationnement). − BÂT., TRAV. PUBL. ♦ Aire d'une habitation. ,,Espace compris entre les murs d'une maison.`` (Jossier 1881) : 28. Durtal se dilatait, en fumant des cigarettes; la mélancolie qui le comprimait depuis l'aube commençait à se fondre et la joie s'insinuait en lui de se sentir une âme lavée dans la piscine des sacrements et essorée dans l'aire d'un cloître.
J.-K. Huysmans, En route,t. 2, 1895, pp. 134-135. ♦ Aire d'un bassin. ,,Massif de ciment ou de terre glaise formant le fond d'un bassin.`` (Jossier 1881). Aire d'un pont. ,,La partie supérieure d'un pont, le tablier sur lequel on marche.`` (Jossier 1881). Aire d'un marais salant. Petit bassin d'un marais salant. ♦ P. ext. Matériaux couvrant cette aire. Aire d'un plancher. ,,Enduit de maçonnerie sur lequel on pose un parquet ou le carrelage d'un plancher.`` (Jossier 1881). Aire à la vénitienne. Composé de pouzzolane, brique pilée et chaux vive. Aire de plâtre. Enduit qui se fait sur le lattis des planchers. Aire de grange. Composé de mortier, de ciment ou même de salpêtre. Fausse aire. ,,Matériaux grossiers dont on remplit l'intervalle entre les solives et sur lesquels on forme l'aire.`` (Jossier 1881). − MAR. Aire de vent. Chacune des directions selon laquelle souffle le vent : 29. Les vents soufflaient de la partie de l'est, et nous relevions dans cette aire de vent une grande baie; ...
Voyage de La Pérouse autour du monde,t. 2, 1797, p. 227. 30. Malheureusement le navire n'a pas été essayé sur les différentes aires de vent.
Lt Bellot, Journal d'un voyage aux mers polaires à la recherche de Sir John Franklin,1863, p. 101. ♦ Aire des couples. ,,La ligne obtenue en portant en ordonnée à chacun des couples du tracé une longueur proportionnelle à la surface immergée du couple correspondant s'appelle courbe des aires des couples. C'est sur sa forme qu'on juge la finesse globale du bateau. Elle est souvent reproduite avec les plans d'un bateau.`` (Soé-Dup. 1906). − MÉCAN. Principe des aires. Principe suivant lequel le mouvement d'un mobile, soumis à une force dont la ligne d'action passe par un point fixe, est plan, et tel que l'aire balayée par le rayon vecteur soit proportionnelle au temps. − NUMISM. Creux, ordinairement carré, qui occupe, en tout ou en partie, le revers de certaines monnaies primitives, chez certains peuples de l'Occident. − TECHNOLOGIE ♦ Partie supérieure et plate d'une grosse enclume. ♦ Dans un marteau, côté plat qui est opposé à la panne. ♦ Espace qui se trouve entre les cercles d'une futaille. ♦ Surface dressée sur le sol et destinée au tracé des épures de charpente. ♦ ,,Endroit plein dans un ouvrage de faisserie.`` (Besch. 1845). Prononc. − 1. Forme phon. : [ε:ʀ]. 2. Homon. : air. 3. Dér. et composés : airée, airer, airure. Étymol. ET HIST. − 1reattest., Rol., voir infra II 3.
I.− Subst. masc. et fém. 1. Mil. xiies. hortic. fém. « planche de jardin, plate-bande » (Psautier Cambridge, éd. F. Michel, 41, 1 ds T.-L. : Si cume la petite aire [areola] est aparaille[e] as arusemenz des ewes); 2. 1160-70 « partie de la salle commune non occupée par le mobilier » (Wace, Rou, III, 3130, éd. Andresen cité par Keller, Vocab. de Wace, 210 a : Fist l'enperere el paleis faire Bancs e sieges envirun l'eire); 3. fin xiies. « surface dure ou l'on bat le blé » (Dialogue Gregoire, éd. Foerster, 219, 23 ds T.-L. : la meisson cui il avoit semmeie de sa main, jus trencïe ot ameneit a l'aire); 4. xiiies. géom. « surface (d'une figure géométrique) » (Comput, fo16 ds Littré : Se tu veus trouver l'aire du triangle equilatere).
II.− 1. 1086 « surface de rocher où l'aigle bâtit son nid » (Exchequer-Domesday Book, Liber censualis Willelmi I Angliae, 1repart., 256 et 265 d'apr. F. Hildebrand, ds Z. rom. Philol. t. 8, p. 324); 1155 « id. » (Wace, Brut, éd. Le Roux de Lincy, 9672 ds T.-L. : En chascune isle a un rochier, Iluec suelent aigle nigier, Faire lor niz et tenir haire); 1393 masc. « id. » (Ménagier, éd. Soc. Bibliophiles, II, 284 et II, 285, ibid.); 2. début xiiies. masc. « origine, souche » (Perceval, éd. Potvin, 13813, ibid. : ne set encore noiant Ne dont il est ne de quel ere Qui fu son pere ne sa mere); 1342 fém. de bonne aire (J. Bruyant, Chemin de Povreté et de Richesse ds Le Ménagier, éd. qua supra, 11 b, ibid. : Soies courtois et debonnaire Comme uns homs estrait de bonne aire); d'où 3. ca 1100 masc. « sorte, espèce » (Rol., éd. Bédier, 763 : malvais hom de put aire [trad. ,,de vile espece`` par G. Moignet, éd. Bordas, 1969]). − xvies., Hug.
I du lat. area, au sens 1 dep. Caton (Agr., 151, 3 ds TLL s.v., 499, 22 : areas facito pedes latas quaternos ... herbas de areis purgare ... ubi areae factae erunt, semen serito crebrum), au sens 3 aussi dep. Caton (ibid., 129, ibid., 498, 24 : aream, ubi frumentum teratur, sic facito); à rapprocher de 2 : Fest., 13, ibid., 497, 65 : atrium proprie est genus aedificii ante aedem continens mediam aream, in quam collecta [...] pluvia descendit; au sens 4 dep. Vitruve (Vitr., 3, 1, 3, ibid., 499, 35 : invenietur eadem latitudo uti altitudo, quemadmodum areae, quae ad normam sunt quadratae); II prob. du lat. agru « fonds de terre » par un développement phonét. semi-sav., Fouché t. 2 1958, p. 502; l'a. prov. agre « nid d'oiseau », xiies. Arnaud Daniel ds Rayn., et « famille, extraction », xiiies., Breviari d'amor ds R. Lang. rom. t. 15, p. 180, ne peut en effet remonter à l'étymon lat. area, voir REW3s.v. ager.
L'hyp. qui consiste à faire remonter I et II au lat. area (FEW, s.v. area, Bl.-W.4, Dauzat 1968) oblige à dissocier de l'a. fr., l'a. prov., de sens identique à II, et à reconnaître néanmoins l'influence de l'a. prov. agre (< lat. agru) de genre masc. sur les formes de l'a. fr. (Bl.-W.4). Dans tous les cas il faut admettre des interférences entre les représentants de agru et ceux de area comme en témoigne visiblement l'hésitation entre le masc. et le fém. STAT. − Fréq. abs. litt. : 523. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 717, b) 587; xxes. : a) 494, b) 999. BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Bach.-Dez. 1882. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Barber. 1969. − Barb.-Cad. 1963. − Baudr. Chasses 1834. − Baulig 1956. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Bible 1912. − Biol. t. 1 1970. − Birou 1966. − Blumenkranz (B.). Aire(s) ou Hyères. À propos de la toponymie française en hébreu médiéval. R. intern. Onom. 1964, t. 16, no4, pp. 265-268. − Boiss.8. − Bouillet 1859. − Chabat t. 1 1875. − Charles 1960. − Chesn. 1857. − Comm. t. 1 1837. − Cuisin 1969. − Dainv. 1964. − Daire 1759. − Dheilly 1964. − Duval 1959. − Fér. 1768. − Galiana Astronaut. 1963. − Giteau 1970. − Gougenheim (G.). La Relatinisation du vocabulaire français. Annales de l'Univ. de Paris. 1959, t. 29, no1, p. 8. − Gruss 1952. − Guilb. Astronaut. 1967. − Guilb. Aviat. 1965. − Hartoy 1944. − Husson 1970. − Jal 1848. − Jossier 1881. − Lafon 1963. − Le Clère 1960. − Littré-Robin 1865. − Mar. Lex. 1933. − Math. 1967. − Mots rares 1965. − Mucch. Psychol. 1969. − Mucch. Sc. soc. 1969. − Muller 1966. − Nucl. 1964. − Nysten 1814-20. − Piéron 1963. − Pir. 1964. − Plais.-Caill. 1958. − Prév. 1755. − Privat-Foc. 1870. − Sc. 1962. − Séguy 1967. − Soé-Dup. 1906. − Springh. 1962. − Uv.-Chapmann 1956. − Will. 1831. |