| AILE, subst. fém. I.− ZOOL. Membre qui permet à la plupart des oiseaux et des insectes et à quelques mammifères de voler : 1. Les ailes sont, comme nous l'avons vu, des membres attachés aux parties latérales de la poitrine. Elles sont destinées spécialement au vol. Un ordre entier d'insectes en est privé, les aptères; un autre ordre n'en a que deux, les diptères : mais le plus grand nombre en a quatre.
G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,t. 1, 1805, p. 460. 2. De tous les volatiles, ceux dont le vol est le plus curieux et le plus à notre portée sont les insectes. Les uns ont des ailes de la plus fine gaze, comme la mouche : elle exécute toute sorte de vols, et quand il lui plaît, elle s'arrête en l'air, et y devient stationnaire; d'autres, tels que les papillons, ont des ailes couvertes d'écailles fines comme la poussière, et brillantes des plus vives couleurs.
J.-H. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 153. 3. Qu'avait donc vu ce condor? (...) L'énorme oiseau s'approchait, tantôt planant, tantôt tombant avec la vitesse des corps inertes abandonnés dans l'espace. (...) Il mesurait plus de quinze pieds d'envergure. Ses ailes puissantes le portaient sur le fluide aérien presque sans battre, car c'est le propre des grands oiseaux de voler avec un calme majestueux, tandis que pour les soutenir dans l'air il faut aux insectes mille coups d'ailes par seconde.
J. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 1, 1868, pp. 125-126. 4. Tout vivant est donc persuadé par sa forme; mémoire et prévision, c'est toujours la même chose que son corps; les deux sont ensemble dans le battement de l'aile d'un oiseau. Toute la forme, les os creux, les muscles, les plumes, le fort et la pointe de l'aile, tout cela exprime une parfaite physique de l'air. Aussi l'oiseau battra des ailes jusqu'à sa mort, toujours attaché à la règle du vol, et encore contre l'exception. Le sentiment de la règle est animal et chevillé au corps; bien mieux c'est le corps lui-même.
Alain, Propos,1923, p. 554. ♦ À titre d'aile. En battant de l'aile avec énergie, de manière à accélérer le vol : 5. ... aussi-tôt qu'il [l'aigle à tête chauve] voit l'aigle pêcheur parvenu à la hauteur de son aire, ce monarque des oiseaux quitte le sien, le poursuit à titre d'aile jusqu'à ce que le pêcheur, convaincu de son infériorité, abandonne sa proie. Alors ce fier antagoniste, les ailes repliées, s'élance comme un trait, et, avec une inconcevable adresse, ressaisit la proie avant qu'elle ait atteint la rivière.
J. de Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'État de New-York,t. 1, 1801, pp. 252-253. Rem. À tire d'aile se disait à l'orig. en parlant des aigles et des faucons. − Par métaph. Avec toute la vigueur et toute la célérité possibles : 6. Ici il nous présente l'intelligence humaine comme une chambre obscure percée de quelques fenêtres par où la lumière pénètre, et là il se plaint d'une certaine espèce de gens qui font avaler aux hommes des principes innés, sur lesquels il n'est plus permis de disputer. Forcé de passer à tire d'aile sur tant d'objets différents, je vous prie de supposer toujours qu'à chaque exemple que ma mémoire est en état de vous présenter, je pourrois en ajouter cent, si j'écrivois une dissertation. Le chapitre seul des découvertes de Locke pourroit vous amuser pendant deux jours.
J. de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg,t. 1, 1821, pp. 452-453. 7. Sans attendre la réponse d'Eugène, Madame de Restaud se sauva comme à tire-d'aile...
H. de Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 70. 8. L'inspiration, cette folie de la génération intellectuelle, s'enfuyait à tire-d'aile à l'aspect de cet amant malade.
H. de Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 200. 9. ... tandis que les autres musiques, par la multiplicité distincte des thèmes et de leurs modulations, se créent si l'on peut dire peu à peu leur propre espace sonore, l'espace sonore wagnérien nous enveloppe dès le départ, et dès le départ aussi nous sature de son tissu opulent, qui fait songer à un lourd et inusable brocart à l'intérieur duquel alors les thèmes eux-mêmes tantôt fusent et pointent à tire-d'aile comme quelque oiseau, tantôt pèsent, insistent, glissent, s'insinuent.
Ch. Du Bos, Journal,déc. 1927, p. 383. − [Chez certains oiseaux terrestres (autruche) ou aquatiques (cygnes, pingouins et manchots)] Membre dévié de sa fonction première, qui facilite la course ou la natation : 10. Cependant, si l'on considère que les oiseaux aquatiques (comme les palmipèdes), que les échassiers et que les gallinacés ont cet avantage sur tous les autres oiseaux, que leurs petits, en sortant de l'œuf, peuvent marcher et se nourrir; et, surtout, si l'on fait attention que, parmi les palmipèdes, les manchots et les pingouins, dont les ailes, presque sans plumes, ne sont que des rames pour nager, et ne peuvent servir au vol, ce qui rapproche, en quelque sorte, ces oiseaux des monotrèmes et des cétacés; on reconnoîtra que les palmipèdes, les échassiers et les gallinacés doivent constituer les trois premiers ordres des oiseaux, et que les colombins, les passereaux, les rapaces et les grimpeurs, doivent former les quatre derniers ordres de la classe.
J.-B. Lamarck, Philosophie zoologique,t. 1, 1809, pp. 150-151. − P. ext. Membrane formant parachute chez certains mammifères et reptiles; nageoire pectorale permettant à certains poissons de se soutenir dans l'air en planant : 11. Les poissons qui n'ont point de vessie natatoire ont beaucoup moins de moyens de changer leur hauteur dans l'eau. La plupart restent au fond, à moins que la disposition de leur corps ne leur permette de frapper l'eau de haut en bas avec beaucoup de force : c'est ce que font les raies avec leurs vastes nageoires pectorales, qui portent avec raison le nom d'ailes, puisque le moyen que ces poissons employent pour s'élever, est absolument le même que celui des oiseaux.
G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,t. 1, 1805, pp. 505-506. 12. Les ailes des poissons volans sont assez analogues, pour la structure, à celles du dragon; mais elles sont formées par l'extension des nageoires pectorales, ou de quelques rayons situés au-dessous de ces nageoires. Elles ne fournissent pas non plus à un vol continu.
G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,t. 1, 1805p. 517. Rem. Assoc. fréq. a) Syntagmes avoir des ailes, battre des ailes, ouvrir, étendre, déployer les ailes; battement d'aile(s), coup(s) d'aile(s), à tire-d'aile(s); b) Oppos. paradigm. aile(s)/ membre(s), pieds; aile/flèche; ailes/rames pour nager, nageoires. − P. méton. 1. Aile singulière. ,,Nom d'une espèce de petit oiseau du Paraguay.`` (Besch. 1845, attest. isolée.) 2. Aile + de + corbeau, mouche, hanneton ou scarabée. De la couleur d'une aile de corbeau, hanneton, mouche ou scarabée : 13. Aux nuances vert roseau, emma, gris fumée, flamme de punch, dont nous avons parlé, il faut ajouter les couleurs alezan doré, aile de mouche (sorte de gris) et canelle.
Journal des dames et des modes,1821, p. 488. Rem. Dans cet emploi, aile est inv. − ART CULIN. [En parlant d'une volaille préparée pour la table] Partie charnue allant du haut de la poitrine à la cuisse jointe à l'aile proprement dite : 14. Les oies saignées, on les ouvre, on les fend, on les débarrasse de leurs foies, et on les découpe en quartiers : ailes, cuisses, poitrines et carcasses.
J. de Pesquidoux, Chez nous,t. 1, 1921, p. 49. ♦ Bouts d'ailes. Plumes à écrire provenant du bout d'une aile d'oie. (Attesté ds Besch. 1845, Ac. 1878, DG). − FAUCONN. Loc. Monter sur l'aile. ,,On dit monter sur l'aile, donner du bec et des pennes, pour exprimer les différentes manières de voler. Monter sur l'aile, c'est s'incliner sur une des ailes, et s'élever principalement par le mouvement de l'autre; donner du bec et des pennes, c'est accélérer le vol par l'agitation redoublée de la tête et de l'extrémité des ailes.`` (Baudr. Chasses 1834). − MYTH. (et, p. ext., p. allus. à la myth.). L'aile est attribuée à un être mythique, à une représentation allégorique... : 15. le griffon
Lion à bec de vautour avec des ailes blanches, les pattes rouges et le cou bleu.
G. Flaubert, La Tentation de saint Antoine,1874, p. 196. 16. Je me souviens de Piriac; c'est en face l'île Dumet, une île toute pleine d'oiseaux, et de Guérande aussi. Il doit y avoir dans l'église des bas-reliefs curieux représentant de bons diables à fourches et à ailes?
G. Flaubert, Correspondance,1876, p. 326. 17. ... la Liberté cuirassée d'airain qui fend les airs de ses ailes déployées (...) domine toute l'œuvre [la Marseillaise, par Rude] ...
A. Rodin, L'Art,1911, p. 98. 18. mercure. − Merci. C'est à mes pieds que les autres humains me reconnaissent, aux ailes de mes pieds.
J. Giraudoux, Amphitryon 38,1929, II, 5, p. 117. 19. Choisissez de vivre à genoux plutôt que de mourir debout afin que l'univers trouve son ordre mesuré à l'équerre des potences, partagé entre les morts tranquilles et les fourmis désormais bien élevées, paradis puritain privé de prairies et de pain, où circulent des anges policiers aux ailes majuscules parmi des bienheureux rassasiés de papier et de nourrissantes formules, prosternés devant le dieu décoré destructeur de toutes choses et décidément dévoué à dissiper les anciens délires d'un monde trop délicieux.
A. Camus, L'État de siège,1948, p. 247. II.− Emplois sc. et techn. [P. anal. de forme et/ou de disposition, plus rarement de couleur, de mouvement, de fonction] Chacun des éléments latéraux − pouvant affecter ou rappeler la forme d'une aile − qui se déploient symétriquement par rapport à un corps central auquel ils adhèrent ou sont contigus. A.− SC. BIOL. et SC. DE LA TERRE 1. ANAT. HUM. a) Chacune des parties similaires disposées symétriquement des deux côtés de certains organes impairs (nez; apophyses : os sphénoïde, thyroïde, ptérygoïde, etc.) : 20. 1) Nombre des os du crâne des mammifères.
Les quadrumanes ont tous les huit os du crâne; mais souvent le sphénoïde est divisé en deux parties, dont l'une forme les ailes orbitaires et les apophyses clinoïdes antérieures, et l'autre les ailes temporales, les apophyses clinoïdes postérieures et la fosse basilaire. (...).
Dans le cochon, le tapir et l'hippopotame, les deux pariétaux ne forment qu'une pièce unique. Leur frontal est double. Le rhinocéros a le pariétal et le frontal doubles; des animaux de cette famille et des deux suivantes reste très-long-temps divisé en deux pièces; l'une forme l'aile orbitaire ou les petites ailes d'ingrassias; l'autre produit les grandes ailes ou les apophyses temporales, qui sont ici beaucoup moindres. Cette disposition est absolument opposée à celle qu'on observe dans l'homme.
G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,t. 2, 1805, pp. 20-21. 21. ... dans le cheval. Ce cartilage, nommé semi-lunaire par les hippotomistes est analogue à l'inférieur de l'homme, il est aussi formé de deux branches; une, presque parallèle au septum, longue et étroite; l'autre, placée dans l'aile extérieure du nez, courte et presque carrée. Tout le reste de cette aile extérieure n'est qu'un repli de la peau, qui forme d'abord un cul-de-sac, dont la convexité est sensible en dehors et qu'on nomme fausse narine; une fente longue et étroite de la paroi interne conduit dans la narine vraie.
G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,t. 2, 1805pp. 662-663. 22. Elle [Jeanne] avait, sur l'aile gauche de la narine, un petit grain de beauté...
G. de Maupassant, Une Vie,1883, p. 5. 23. ... elle [une femme] cherchait Damien en aveugle, c'est-à-dire que je voyais battre flaireuses, les ailes de son parfait petit nez ...
Colette, Ces plaisirs,1932, p. 24. Rem. Noter l'assoc. syntagm. de ailes du nez avec battre, s'ouvrir. b) Sert également à désigner : ♦ La partie supérieure évasée de l'oreille. (Attesté ds Bouillet 1859, Privat-Foc. 1870, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e). ♦ ,,La partie latérale de diverses régions du cerveau.`` (Pt Rob.), ,,ailes blanches, aile grise du tronc cérébral`` (Rob.). ♦ Ailes du cœur (Séguy 1967, attest. isolée) : ,,fibres musculaires situées au-dessus du diaphragme dans la cavité péricardiale.`` (Séguy 1967, attest. isolée). 2. BOTANIQUE a) ,,On nomme ailes les deux pétales latéraux de la corolle papilionacée, qui représentent en effet assez bien les ailes d'un papillon. Ordinairement ces pétales recouvrent les deux pétales inférieurs, souvent soudés et constituant la carène qui enveloppe les organes sexuels, comme une nacelle (dans le pois de senteur).`` (Privat-Foc. 1870) : 24. Des pois de senteurs, pareils à des vols de papillons posés, repliaient leurs ailes fauves, leurs ailes roses...
É. Zola, La Faute de l'Abbé Mouret,1875, p. 1347. b) ,,On nomme aussi ailes, des lames membraneuses qui se développent dans certains fruits, tels que ceux du frêne et de l'orme.`` (Privat-Foc. 1870) : 25. Les graines apparaissent alors, (...) portant chacune une aile latérale faite d'une lame des tissus superficiels de l'écaille.
Plantefol, Cours de botanique et de biologie végétale, t. 2, 1931, p. 266. c) ,,On nomme encore ainsi toutes les membranes saillantes des végétaux disposées aux côtés de la tige, des rameaux, etc.`` (Bouillet 1859). − Ailes d'artichauts. ,,On nomme encore aile, chez les Artichauts, les têtes secondaires qui se développent sur la tige de chaque côté et un peu au-dessous de la tête principale; les petites têtes qui se développent sur cette même tige, mais plus bas encore, reçoivent dans le langage vulgaire le nom de poivrades.`` (É.-A. Carrière, Encyclopédie horticole, 1862); (attesté ds Besch. 1845, Nouv. Lar. ill. et Lar. 20e). d) Branches des arbres en espaliers qui poussent de part et d'autres des branches mères. (Attesté ds Besch. 1845, Lar. 3 et Pt Rob.) : 26. Aile se dit aussi, dans la culture des arbres fruitiers dirigés en espalier, des parties placées de chaque côté de la tige, d'où les noms d'aile droite ou d'aile gauche qu'on leur donne suivant qu'elles occupent l'un ou l'autre de ces deux côtés.
É.-A. Carrière, Encyclopédie horticole,1862, p. 13. e) Aile de pigeon. ,,Nom vulgaire d'un champignon.`` (Nouv. Lar. ill.; autre attest. ds Besch. 1845). 3. GÉOL. Aile d'un pli. Flanc : 27. Ce cas est le plus fréquent dans les Alpes, où il a pour conséquence habituelle le laminage et l'amincissement de l'aile renversée ou flanc inverse du pli...
A. de Lapparent, Abrégé de géologie,1886, p. 399. 4. ZOOLOGIE a) Embranchement des cœlentérés. Aile de mer (Nouv. Lar. ill.; autre attest. ds Besch. 1845), ,,nom vulgaire d'un zoophyte, la pennatule.`` (Nouv. Lar. ill.; autre attest. ds Besch. 1845). b) Mollusques. ♦ ,,On appelle ainsi vulgairement : 1ola lèvre de certaines coquilles (l'aile d'aigle); 2odiverses coquilles, à cause de leurs couleurs (aile de papillon), ou de leur forme générale (aile de corbeau).`` (Besch. 1845); (attesté également ds Nouv. Lar. ill. et Lar. 20e). ♦ ,,Nom donné aux nageoires de quelques céphalopodes et ptéropodes, tels que les argonautes et les carinaires.`` (Nouv. Lar. ill.); (attesté ds Besch. 1845 et Lar. 20e). B.− ARTS DE LA GUERRE, LUTTES POL. et SOC., JEUX et SP. 1. ARMÉE a) [Dans l'armée romaine] Terme militaire technique qui a présenté plusieurs sens : ♦ ,,Dans l'armée primitive, c'est une patrouille de cavalerie chargée de protéger le flanc de la légion.`` (Lavedan 1964). ♦ ,,Dans l'organisation militaire de la République, ce sont les contingents alliés qui encadrent les citoyens et, dans le combat, prennent place aux deux extrémités de l'armée : d'où leur division en deux sections principales l'ala dextra et l'ala sinistra.`` (Lavedan 1964). ♦ ,,Les alliés fournissant surtout de la cavalerie, le mot ala prit la signification plus générale d'unité de cavalerie, comme cohorte est l'unité d'infanterie. L'aile comprend de 400 à 500 hommes sous la République et de 500 à 1 000 sous l'Empire. Elle est toujours formée d'hommes de nationalités différentes.`` (Lavedan 1964). Rem. Attesté ds Nouv. Lar. ill. et Littré. b) [Dans l'armée terrestre ou navale mod.] Chacune des parties latérales d'une armée en marche ou en ordre de bataille : 28. Les frégates se tiennent peu éloignées sur les ailes, tant qu'elles n'ont pas d'ordre de chasser en avant ou en arrière; ou de s'étendre sur les ailes.
Will.1831. 29. amphitryon. − Je les gagne [mes victoires] par l'enveloppement de l'aile gauche avec mon aile droite, puis par le sectionnement de leur aile droite entière par mes trois quarts d'aile gauche, puis par des glissements répétés de ce dernier quart d'aile, qui me donne la victoire.
alcmène. − Quel beau combat d'oiseaux! Combien en as-tu gagné, aigle chéri?
amphitryon. − Une, une seule.
J. Giraudoux, Amphitryon 38,1929, I, 3, pp. 36-37. Rem. Assoc. fréq. aile droite, aile gauche. Autres syntagmes enveloppement de, par l'aile, sectionnement de l'aile, mouvement des ailes, sur l'aile; déployer les ailes; trois quarts d'aile, quart d'aile. − [Dans le mouvement de conversion d'une troupe] Aile marchante. Partie la plus éloignée du pivot, celle qui décrit un arc de cercle : 30. La 5earmée, à l'aile marchante, ne doit en aucun cas laisser l'ennemi saisir sa gauche; les autres armées, moins pressées dans l'exécution de leur mouvement, pourront s'arrêter, faire face à l'ennemi et saisir toute occasion favorable pour lui infliger un échec.
F. Foch, Mémoires,t. 1, 1929, p. 92. − P. ext. [En parlant de l'affrontement entre groupes sociaux] . Groupe offensif doué d'une grande combativité et entraînant les autres à sa suite : 31. Aile marchante de la Maçonnerie, qu'elle entraîne aux actions les plus ténébreuses et criminelles, (...) la Sûreté générale, dite « Nationale », commande aux préfets...
L. Daudet, La Police politique,1934, p. 95. 2. [En parlant de formations sociales, politiques] a) Groupement, parti de droite ou de gauche, caractérisé par rapport à un centre dit modéré : 32. À qui se plaint que ce ne soit pas sur l'opinion centrale du pays que prenne appui le revirement national : c'est nécessairement « sur l'aile » que se fait un virage. Non point sur les ailes; mais sur une aile spécialement. Une révolution a beau se dire « nationale », elle marque toujours le triomphe d'un parti.
A. Gide, Journal,17 oct. 1941, pp. 101-102. b) Aile droite d'une formation. Groupement des éléments dont l'orientation conservatrice est la plus forte au sein de la formation : 33. ... M. Hochegourde appartient au groupe le plus avancé de la « Fédération démocratique laïque », dont le programme a sans doute des parties excellentes, mais risquait de nous compromettre un peu vis-à-vis de l'aile droite du parti catholique, dont l'évolution est très lente et qui s'en tient prudemment à la tradition radicale-socialiste, au chauvinisme près.
G. Bernanos, L'Imposture,1927, p. 394. c) Aile gauche d'une formation. Groupement des éléments dont l'orientation progressiste est la plus forte au sein de la formation : 34. Thiers, dont l'influence grandissait tous les jours, s'opposait à Gambetta qu'il traitera bientôt de « fou furieux ». Les modérés du gouvernement désavouèrent leur fougueux collègue et le « dictateur » donna sa démission. Le parti républicain allait donc aux élections divisé. Son aile gauche, la plus ardente, compromettait la république par l'idée de la guerre sans fin que rejetait le bon sens du pays.
J. Bainville, Histoire de France,t. 2, 1924, pp. 220-221. 3. JEUX et SP. a) Jeu d'échecs : 35. Les Blancs cherchent à prendre l'initiative sur l'aile-dame afin de localiser le conflit sur cette partie du front...
Les Échecs, Combat, 19-20 janv. 1952, p. 3, col. 5. b) [En parlant d'une équipe de football, de rugby, etc.] Extrémité droite ou gauche de la ligne d'attaque, par opposition au centre. Demi-aile, trois-quarts aile. Joueur placé à cette position dans l'aile droite ou gauche de l'équipe : 36. Personnages.
Le demi aile, capitaine de l'équipe troisième de football dans un grand club parisien, 26 ans, 1 mètre 74, 69 kilos.
L'extrême droite Jacques Peyrony, élève de philo au lycée, 17 ans, 1 mètre 71, 62 kilos.
L'arrière Beyssac, vendeur dans une maison d'articles de sport.
Le demi centre Ramondou, étudiant.
Le chef jardinier du stade
et
le Feu.
H. de Montherlant, Les Olympiques,1924, p. 359. 37. ... le Racing jouait avec quatre trois-quarts centre, Gérald et Laurent qui opéraient aux ailes étant, en réalité, des centres.
Rugby, L'Écho des sports, 10 févr. 1941. C.− ARTS PRATIQUES et B.-A. 1. ARCHITECTURE a) Partie latérale d'un bâtiment jointe au corps principal soit à angle droit, soit dans toute autre direction : 38. ... à part deux de ses gendres qui n'habitaient pas l'hôtel, tous les autres avaient là leurs appartements, dans les ailes de gauche et de droite, ouvertes sur le jardin; tandis que le bâtiment central était pris entièrement par l'installation des vastes bureaux de la banque.
É. Zola, L'Argent,1891, p. 94. 39. Il continua donc d'errer en cherchant le lieu de l'embarcadère, autour de la longue maison châtelaine aux ailes inégales, comme une église. Lorsqu'il eut contourné l'aile sud, il aperçut soudain les roseaux, à perte de vue, qui formaient le paysage.
Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes,1913, pp. 98-99. 40. Derrière la tour et parallèlement à la vallée, un second corps de bâtiment venait former avec la façade une équerre régulière. Cette aile, bâtie dans le goût italien, à la manière des palais dont Claude Gelée aime à semer ses paysages, faisait avec la sombre façade un parfait contraste.
J. Gracq, Au château d'Argol,1938, p. 24. Rem. Assoc. fréq. aile droite, aile gauche. − P. anal. : 41. Mais ce qu'il fallait admirer, c'était la table. Six chandelles proprement ajustées dans des bouteilles illuminaient une nappe chargée de mets rustiques et d'ustensiles pittoresques; au milieu, un potage fumant; sur les ailes, trois ou quatre variétés d'omelettes; autour, et symétriquement disposées, des chopines d'étain remplies, les unes d'un petit muscat du Valais, les autres de l'eau du glacier.
R. Tœpffer, Nouvelles genevoises,1839, p. 412. 42. Il me fallait quelquefois rôder dans toute une aile de Paris...
J. Vallès, Les Réfractaires,1865, p. 48. b) ,,Les Grecs donnaient le nom de ptera (ailes) aux rangées latérales de colonnes isolées qui régnaient le long des murs d'un temple en dedans ou en dehors. Le mot latin ala, qui a la même signification, désignait une partie de la maison romaine (...). Nous appelons quelquefois ailes les bas-côtés de nos églises.`` (Chabay t. 1 1875). Rem. Selon Ac. 1835, 1878, Littré et Ac. t. 1 1932, les anciens appelaient ailes d'un temple, les murs latéraux avec ou sans péristyle : 43. Rappelez-vous un moment les vieux monastères ou les cathédrales gothiques, telles qu'elles existoient autrefois; parcourez ces ailes du chœur, ces chapelles, ces nefs obscures, ces cloîtres pavés par la mort, ces doubles sanctuaires remplis de sépulcres.
F.-R. de Chateaubriand, Génie du Christianisme, t. 2, 1803, p. 346. 44. Le portique de l'église Saint-Pierre consistait en trois galeries, l'une appliquée à la face antérieure du bâtiment, et les deux autres formant de chaque côté des ailes saillantes en guise de fer à cheval.
A. Thierry, Récits des temps mérovingiens,t. 2, 1840, pp. 138-139. c) [Dans un théâtre] De chaque côté de la scène, espace où s'opèrent les mouvements des décors, où circulent les gens de service et où se tiennent les acteurs avant d'entrer en scène : 45. On va les [les comédiens] visiter dans leurs loges. « Durant la Comédie, ils observent un grand silence pour ne pas troubler l'acteur qui parle, et se tiennent modestement sur des sièges aux ailes du théâtre pour entrer juste. En quoi ils peuvent se régler sur un papier attaché à la toile, qui marque les entrées et les sorties ». Les Parisiens, vers ce temps-là, ont le choix entre une quinzaine de spectacles par semaine, près de huit cents dans la saison.
R. Brasillach, Pierre Corneille,1938, pp. 364-365. d) Terme de fortification. ,,Sorte de défense formant la partie extrême d'une contre-queue, ou l'extrémité d'un ouvrage à corne, à couronne, à tenaille, etc. L'aile est une défense composée, soit d'une, soit de deux branches (Gén. Bard.).`` (Besch. 1845); (également attesté ds Ac. Compl. 1842, Littré, Nouv. Lar. ill. et Lar. 20e). 2. ART. CULIN. ,,Partie de la lardoire où se met le lardon pour piquer la viande.`` (Besch. 1845); (attesté d'autre part ds Ac. 1878, Nouv. Lar. ill. et Lar. 20e). 3. ARTS GRAPH. Ailes(-)de(-)moulin (ou aile de moulin). ,,Imposition pour certaines formes d'impression destinées à être mises en retiration sur elles-mêmes et où les pages sont disposées à la façon des ailes de moulin. Après le premier passage, la feuille de papier est pivotée`` d'un demi-tour en son centre pour la retiration dite en ailes de moulin. Ce mode d'imposition est utilisé pour les impressions de modèles en deux couleurs ou pour la réglure des tableaux.`` (Comte-Pern. 1963) : 46. Lorsqu'on a à imprimer en double un modèle dont le verso doit être blanc ainsi que le feuillet qui l'accompagne, l'imposition se fait en aile de moulin.
É. Leclerc, Manuel de typographie,1897, p. 344. 4. CHORÉGR. Battre, faire des ailes de pigeon. S'élever et exécuter un saut en imitant avec les jambes le battement d'ailes des oiseaux. (Attesté ds Nouv. Lar. ill., Lar. 20eet Rob.) : 47. ... Leclair, qui avait appris le violon dans sa jeunesse fut d'abord danseur au théâtre de Rouen, puis maître de ballet à Turin. C'est alors qu'il composa quelques airs de danse que l'on trouva charmants, et qu'il abandonna les entrechats et les ailes de pigeon pour se livrer sérieusement à l'étude du violon.
L. Grillet, Les Ancêtres du violon,t. 2, 1901, p. 125. 5. MODES a) Bord latéral d'un chapeau : 48. ... les enseignes rutilantes [des hôtels] détonnaient comme l'habit noir et les escarpins d'un maître d'hôtel au milieu des coiffes savoyardes, des vestes de futaine, des feutres de charbonniers à larges ailes.
A. Daudet, Tartarin sur les Alpes,1885, p. 233. b) Partie saillante et rigide de quelques coiffures, dont la forme rappelle une aile d'oiseau : 49. ... il n'y passait pas grand monde [dans la rue], de temps à autre (...) le collet brodé d'un élève, deux bonnes sœurs en cornettes à ailes ...
A. Daudet, L'Évangéliste,1883, p. 32. c) Longue et large bande de tissu souple qui orne certaines coiffes et se déploie librement : 50. Puis il s'engagea dans une route bordée de haies vives, le long desquelles passaient des femmes de Dinard, droites sous leur large coiffe de batiste aux ailes flottantes.
A. France, Le Lys rouge,1894, p. 313. d) Fantaisie de plumes : 51. Pour parler de façon générale, beaucoup de jais ainsi que d'acier bleui doit orner les chapeaux : j'ai vu des plumes de coq avec paillettes de jais ou d'acier bleui et des feuillages entiers de l'un et de l'autre, enfin des ailes de fantaisie mi-plume et mi-jais et des broderies splendides sur tulle, ces dernières d'un prix relativement très-élevé. Quantité de jolies soies pour garnitures, une entre autres dont j'ignore encore le nom...
S. Mallarmé, La Dernière mode,1874, p. 728. e) Ailes de moulin. ,,Les chapeaux de nos dames, ceux au moins qu'elles portent en négligé, sont surmontés de grands nœuds que les modistes appellent ailes de moulin, et qui méritent ce nom par leur forme et leur disposition en croix.`` (L'Observateur des modes, 31 mai 1823, p. 240). f) Ailes de pigeon (...) ,,Genre de frisure en usage au xviiiesiècle et dans la première partie du xixesiècle pour la coiffure masculine, les boucles s'écartant de la tête au-dessus des oreilles et figurant un battement d'ailes.`` (Leloir 1961) : 52. L'usage de la poudre amena, dans la coiffure des hommes et des femmes, des changemens innombrables. (...) Pendant que les hommes imaginaient les coiffures en fer à cheval, en aile de pigeon, à mille boucles, à la cavalière, les femmes renchérissaient sur un ridicule dont elles voulaient se conserver le privilège.
V. de Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 4, 1813, pp. 276-277. g) Ailes de moulins. ,,xviies. manchettes de dentelles attachées aux manches du pourpoint.`` (DG, attest. unique). 6. MUS. Aile ou èle. ,,Instrument cité par Guillaume de Machaut, qui appartient à la famille des cithares et ressemble à un psaltérion, tendu de cordes verticales, dont tout ou partie affecte la forme d'une aile.`` (Duf. t. 1 1965, s.v. èle, p. 361). Rem. On lit dans Gastoué, Primitifs de la musique française, 1922, p. 106 : ,,Le frestel (...) pourrait avoir été une espèce de chalumeau (...) on trouve dans la même acception le mot aile ou èle pour désigner de semblables instruments ...`` D.− TECHNOL. DIVERSES 1. AÉRON. Organe d'élévation, de support, de propulsion, d'un appareil volant. − En partic., mod. Chacune des surfaces planes fixées de part et d'autre du corps d'un avion et qui assurent son maintien en équilibre : 53. De là, pour l'aéronaute, nécessité d'incliner le gouvernail horizontal, la queue de l'oiseau mécanique et les bonnettes latérales, ses ailes planeuses, de manière à ne point sombrer ...
La Landelle, Aviation,1863, p. 223 (Guilb. Aviat. 1965). 54. Il semble que le travail des ingénieurs, des dessinateurs, des calculateurs de bureau d'études ne soit ainsi, en apparence, que de polir et d'effacer, d'alléger ce raccord, d'équilibrer cette aile, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus une aile accrochée à un fuselage, mais une forme parfaitement épanouie, enfin dégagée de sa gangue, une sorte d'ensemble spontané, mystérieusement lié, et de la même qualité que celle du poème. Il semble que la perfection soit atteinte non quand il n'y a plus rien à ajouter, mais quand il n'y a plus rien à retrancher.
A. de Saint-Exupéry, Terre des hommes,1939, pp. 169-170. − P. méton. Les Ailes. Les avions et les aviateurs. Les Ailes françaises (Quillet 1965, attest. unique). Rem. Certaines loc., employées proprement pour les oiseaux, sont reprises dans le domaine de l'aviat. : 55. Voilà qui intéresse singulièrement Jacques L'Aumône, car il est lui-même ingénieur et travaille à plusieurs inventions sensationnelles. (...). Il phosphore, il rupine à bloc et un jour brraoumm il eurêkate ça y est il a trouvé. Il a trouvé quoi? Mais tout simplement le plus lourd que l'air. Le premier il traverse la Manche, le premier il assure la liaison Paris-New-York, le premier il fait le tour du globe d'un seul coup d'aile.
R. Queneau, Loin de Rueil,1944, pp. 45-46. 56. ... Et, cette nuit j'entendais le ronron des avions alliés qui repassaient très haut dans le ciel, retour de leur mission de destruction. Ils n'en finissaient pas. Il devait y en avoir beaucoup. Je ne sais pourquoi Aix était leur centre de ralliement, où ils tournaient longtemps en rond avant d'aller rejoindre leurs bases à tire-d'aile, en Afrique du Nord, en Sicile et peut-être déjà en Italie méridionale ou en Corse.
B. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 298. 57. Une centaine d'avions déploieront leurs ailes dans le ciel de la péninsule.
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre,Le Salut, 1959, p. 228. 2. AGRIC. Partie latérale d'un soc de charrue : 58. ... la pointe dite « carrée fixe » est constituée par un épaississement à section carrée de l'extrémité de l'aile du soc.
T. Ballu, Machines agricoles,1933, p. 51. 3. ARMES et ARMURERIE a) ,,Évasement en forme d'éventail des parties extérieures des genouillères et des cubitières d'armure.`` (Leloir 1961); (attesté ds Nouv. ill. et Lar. 20e). b) ,,Ce mot est encore appliqué aux expansions saillantes de certaines armes, lances, bourdonnasses, masses d'armes, etc.`` (Nouv. Lar. ill.; attesté d'autre part ds Ac. Compl. 1842 et Lar. 20e). c) ,,s. f. pl. T. de chevalerie. Plaques oblongues ou carrées, représentant les armoiries de l'écu du chevalier et attachées sur chaque omoplate de la cotte de mailles ou de la cuirasse en fer plain.`` (Besch. 1845, seule attest.). 4. ARTS MÉT. a) ,,Le tourneur appelle ailes des pièces de bois plates et triangulaires qu'on attache transversalement à l'une des poupées du tour, afin de pouvoir tourner des cadres ronds.`` (Chesn. 1857); (attesté ds Besch. 1845, Nouv. Lar. ill.-Lar. 3). b) ,,Bande de plomb servant à maintenir les losanges de verre dans les panneaux des vitraux.`` (Lar. 20e). 5. AUTOM. Partie de la carrosserie qui recouvre les roues et fait office de garde-boue. Aile(s) avant, arrière, aile(s) droite(s), gauche(s) : 59. Champcenais, presque malgré lui, passait le bras par la fenêtre de la voiture pour toucher l'épaule du chauffeur et l'obliger à faire attention. Il imaginait l'aile de l'auto cognant un homme, le renversant; et aussitôt un resserrement de la foule sur la voiture, un grondement, des cris, l'auto poussée de côté vers le fleuve, basculée dans l'eau avec ce qu'elle contenait.
J. Romains, Les Hommes de bonne volonté,Le 6 octobre 1932, pp. 169-170. ♦ Prendre un virage sur l'aile. Prendre un virage à vive allure. 6. BÂTIMENT a) Ailes de cheminée. ,,Les parties du mur dossier élevées de chaque côté d'une souche de cheminée, soit d'aplomb, soit en pente pour lui donner plus de force.`` (Chabat t. 1 1875); (attesté ds Besch. 1845). b) Aile d'une cornière, d'un fer profilé (Lar. 20e). ,,Partie constitutive du fer, aux extrémités de l'âme qui est la partie moyenne.`` (Lar. 20e); ( attesté également ds Lar. 3) : 60. Pour [les chapeaux de chevalement] (...) qui comprennent des cales ou une âme en bois, les prix [de la série] comprennent les entailles et arrondis des ailes des fers.
E. Robinot, Vérification, métré et pratique des travaux du bâtiment,t. 2, 1928, p. 33. c) (...) les ailes d'une fiche (Chesn. 1857), ,,sont [en serrurerie] de petits morceaux de fer à charnières qui soutiennent et font mouvoir des portes, des fenêtres et des volets brisés`` (Chesn. 1857); (attesté ds Besch. 1845, Chabat t. 1 1875 et Nouv. Lar. ill.). d) Ailes de lucarne (Lar. 20e), ,,[en maçonnerie] parties qui reposent sur les chevrons.`` (Lar. 20e); (attesté d'autre part ds Besch. 1845, Chabat t. 1 1875 et Nouv. Lar. ill.). e) Ailes de mouche (Chabat t. 1 1875) : ,,1omouvements de sonnette en forme de branche de bascule (...); 2oles ancres des têtes de cheminée en brique; 3oespèces de scellements très-fendus.`` (Chabat t. 1 1875). Rem. Selon Besch. 1845, l'expr. ailes de mouche désigne des ,,clous qui servent à attacher une latte, Petites tiges en fer que l'on pose dans le pigeonnage des tuyaux de cheminées pour les consolider.`` f) Aile de poutre. ,,Renforcement d'équerre aux deux extrémités de l'âme de la poutre.`` (Barb.-Cad. 1963) : 61. [pour un pont roulant] (...) il faut (...) fixer des bandes de cuivre isolées sous les ailes des poutrelles...
R. Champly, Nouvelle encyclopédie pratique,t. 4, 1927, p. 35. g) ,,Charpentes formant cintre, qui soutiennent la partie postérieure d'une toiture et l'unissent à la flèche.`` (Lar. 20e; attesté d'autre part ds Nouv. Lar. ill.). 7. CORDERIE. ,,Les ailes du touret sont de petites planches qu'on place en croix pour retenir le fil sur le touret presque rempli.`` (Chesn. 1857). 8. FILATURE. ,,Instrument employé au dévidage de la laine, du coton ou du fil.`` (Nouv. Lar. ill.); attesté d'autre part ds Littré. 9. HORLOG. ,,... on donne le nom d'aile à la dent de la pièce appelée pignon ...`` (Chesn. 1857). 10. MARINE a) Aile de l'archipompe. ,,Nom donné à l'espace qui sépare chacun des côtés de l'archipompe de la muraille du navire.`` (Jal 1848); (attesté ds Nouv. Lar. ill.). b) Aile de dérive. ,,La semelle ou Aile de Dérive, ou simplement Dérive, est fixée par une cheville à la préceinte du navire qui la porte. Elle tourne autour de cette cheville (...) lorsqu'elle est à l'eau, elle s'enfonce profondément, et offre sous le vent − car c'est naturellement de ce côté que doit être la semelle − un grand moyen de résistance au navire, et par conséquent diminue beaucoup la dérive qu'il y aurait dans les routes autres que celle du vent arrière. Il y a une semelle à tribord et une autre à bâbord. On n'applique ces Ailes de dérive qu'aux bâtiments à fonds plats. C'est surtout en Hollande qu'on se sert de cet auxiliaire pour la navigation au plus près.`` (Jal 1848, s.v. semelle); (attesté ds Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, Lar. 3 et Quillet 1965). c) Aile de passerelle. ,,Plate-forme latérale, prolongeant la passerelle vers l'extérieur.`` (Besch. 1845, attest. isolée). d) Aile de pigeon. ,,Nom d'une petite voile triangulaire qu'on grée à l'extrémité supérieure des mâts; elle remplace quelquefois le Papillon, qui est une petite voile carrée.`` (Jal 1848); (attesté ds Ac. Compl. 1842, Nouv. Lar. ill., Lar. 20eet Quillet 1965). e) Aile de la cale. ,,La partie de la cale la plus éloignée du plan vertical passant par la quille. Elle suit le contour intérieur de la carène, de chaque côté du navire. Les portions du chargement ou de l'arrimage qui sont le long du bord dans la cale sont aux ailes de la cale.`` (Jal 1848); (attesté ds Besch. 1845, Nouv. Lar. ill., Lar. 20eet Quillet 1965). Rem. Selon Gruss 1952 et Quillet 1965, aile se dit aussi du côté d'un entrepont. f) ,,Yacht de régate de 7,10 m.`` (Quillet 1965, attest. unique). 11. MÉCAN. [Dans un certain nombre de mécanismes] Parties planes et larges disposées symétriquement autour d'un axe central. a) Chaque pale, chaque branche de l'hélice d'un navire, d'un avion ou de mécanismes tels que les propulseurs ou les turbines : 62. Lorsque le propulseur (...) possède plusieurs ailes ou branches, chacune est formée (...) par (...) des surfaces hélicoïdes distinctes dont les génératrices sont disposées symétriquement autour de l'axe.
L. Marchis, Leçons sur la navigation aérienne,1904, pp. 609-610. 63. L'arbre de l'hélice, vissant dans l'onde inerte ses quatre ailes frémissantes, ébranlait toute cette grande nef d'une rumeur perpétuelle, mais plus sourde encore.
P. Mille, Barnavaux et quelques femmes,1908, p. 252. b) Chaque pale, rayon ou châssis de la roue d'un moulin à vent ou à eau, des roues de soufflants ... : 64. Le poisson, comme je l'ai dit, se gouverne avec ses nageoires, et il rame avec sa queue, à laquelle il donne un mouvement d'ondulation qui le porte en avant; ce mouvement se décompose dans l'eau, comme celui du vent sur les plans inclinés du cerf-volant qu'il élève en l'air, et des ailes du moulin à vent qu'il fait tourner. Peut-être réussirait-on à employer le cours d'une rivière pour faire tourner une roue à pales obliques, plongée dans l'eau perpendiculairement à son courant : il y a apparence qu'il la ferait circuler, comme le cours de l'air fait tourner les ailes inclinées du moulin à vent; ...
J.-H. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 192. Rem. Le syntagme aile de moulin, utilisé ici dans son sens propre, est repris figurément dans d'autres techn. 12. PÊCHE Ailes de filet de pêche (Baudr. Pêches 1827). ,,Ce sont des bandes de filet qu'on ajoute aux côtés des filets en manche.`` (Baudr. Pêches 1827). 13. P. ET CH. a) Ailes d'une chaussée. ,,les deux côtés en pente d'une chaussée, séparés par la rangée de pavés du milieu qu'on appelle tas.`` (Chabat t. 1 1875). Rem. Attesté ds Besch. 1845, Nouv. ill., Lar. 20eet Lar. 3 où l'on trouve : ,,aile de pavé ou de chaussée``. Chesn. 1857 donne également : ,,ailes de pavé``. b) Aile(s) de pont. ,,Mur soutenant les berges d'une rivière ou d'un fleuve pour protéger les culées d'un pont contre le courant de l'eau, le choc des péniches ou de tout corps flottant ou entraîné.`` (Barb.-Cad. 1963); attesté ds Lar. 3 et Pt Rob.).,,Par ailes de pont, on désigne l'élargissement pratiqué sur les culées, pour faciliter les abords du pont.`` (Chesn. 1857); (attesté ds Besch. 1845, Nouv. Lar. ill., DG, Lar. 20e, Ac. t. 1 1932 et Rob.). Rem. Noter que la même expr. désigne 2 choses sensiblement différentes. c) Mur en aile. ,,Aile (mur en) : mur de soutènement prolongeant le nu d'une culée avec jonction continue et non anguleuse.`` (Barb.-Cad. 1963) : 65. ... il faut raccorder les culées avec ce dernier [le remblai]. On peut le faire, soit au moyen de murs en retour, soit au moyen de murs en aile.
Bricka, Cours de chemins de fer,1894, pp. 140-141. III.− Emplois métaph. plus ou moins usuels, plus ou moins fam. ou arg. Stylistique − Le mot et les expr. dans lesquelles il entre se prêtent, dans la lang. littér., à de très nombreux emplois métaph. Voici qq. ex. qui donneront une idée de cette richesse; plusieurs de ces emplois appartiennent déjà à une certaine lang. littér. commune qui a sa paradigmatique et sa syntagmatique :
. Les ailes (des vaisseaux). Les voiles :
97. Et toi, Marseille, assise aux portes de la France
Comme pour accueillir ses hôtes dans tes eaux,
Dont le port sur ces mers, rayonnant d'espérance
S'ouvre comme un nid d'aigle aux ailes des vaisseaux;
(...)
Reçois mes derniers vœux en quittant la patrie,
Mon premier salut au retour!
A. de Lamartine, Voyage en Orient, t. 1, 1835, p. 22.
. Une aile (de cheveux) :
98. Madeleine est un peu plus petite qu'Olivier. Elle le regarde d'en bas. Elle a des cheveux châtains avec, par-dessus, une grande aile de cheveux blonds toute libre et toujours à voler. Et des yeux par où on voit tout dans elle.
J. Giono, Le Grand troupeau, 1931, p. 82.
− L'aile, symbole de tout principe élévateur :
99. Descendre d'un mouvement où la pesanteur n'a aucune part... La pesanteur fait descendre, l'aile fait monter : quelle aile à la deuxième puissance peut faire descendre sans pesanteur?
S. Weil, La Pesanteur et la grâce, 1943, p. 13.
− L'aile est prêtée à ce qui se déplace, se meut, ce qui sert à la communication pour suggérer l'idée du mouvement :
100. Un courrier transmet la lettre; mais la réponse [du ministre] est apportée sur les ailes du télégraphe; [1811].
Raban et Marco Saint-Hilaire, Mémoires d'un forçat ou Vidocq dévoilé, t. 2, 1828-1829, p. 311.
101. Ce nuage différait des autres nuages; il était vivant. Il bruissait et battait des ailes, et s'abattait sur la terre non en grosses gouttes de pluie, mais en bancs de sauterelles roses, jaunes et vertes, plus nombreuses que les grains de sable au désert libyque; ...
T. Gautier, Le Roman de la momie, 1858, p. 333.
102. En dépit d'un « hon! » initial, le renseignement menaçait de ne pas sortir aisément de la bouche grande ouverte, lorsque du fauteuil qui bornait MmeMéridier sur la droite, une réponse vint sur les ailes d'une voix curieusement maîtresse d'elle-même, assurée et charmante, qu'Augustin ne s'était jamais lassé d'entendre et d'admirer.
J. Malègue, Augustin ou le Maître est là, t. 2, 1933, p. 37.
− [L'aile est attribuée à une abstraction] Pour suggérer une idée de mouvement, d'élan, alliée à celle de légèreté ou d'élévation, d'épanouissement, de progrès... :
103. Eh bien! l'âme est partout; la pensée a des ailes.
Volons, volons chez eux retrouver leurs modèles,
Voyageons dans leur âge, où, libre, sans détour,
Chaque homme ose être un homme et penser au grand jour.
A. Chénier, L'Invention, 1794, p. 17.
104. ... l'empirisme est un donjon étroit et abject d'où l'esprit emprisonné ne peut s'échapper que sur les ailes d'une hypothèse.
C. Bernard, Principes de médecine expérimentale, 1878, p. 77.
105. Jamais on ne songe aux mots. Directement et comme face à face on voit toujours jaillir la pensée vivante, avec ses palpitations, ses sursauts, ses essors soudainement rabattus, ses coups d'ailes inouis, depuis le sarcasme et la familiarité jusqu'à l'extase..., les hauts et les bas de la vie intérieure.
M. Barrès, Mes cahiers, t. 12, 1erjuill. 1919-juin 1920, p. 279.
Rem. Syntagmes fréq. les ailes de l'action, de l'ambition, de l'âme, de l'amour, du désir, de l'énergie, de l'enthousiasme, de l'espoir, de l'esprit, de la fantaisie, du génie, de la gloire, des idées, de l'imagination, de la liberté, de la passion, des plaisirs, des rêves, des songes, de la vertu, ...
. Pour suggérer l'écoulement (du temps, des heures, des jours...) :
106. ...minutes bienheureuses qu'on voudrait retenir toujours par le bout fragile de leurs ailes!
A. Daudet, Le Nabab, 1877, pp. 59-60.
. Plus rarement. Pour suggérer une idée de mouvement qui détruit, ravage, blesse :
107. Et il sentit maintenant − et la pleine conscience lui sembla battre son front comme l'aile même de la folie − qu'il l'avait lui-même amenée à Albert pour la plonger au sein de leur vie double, ...
J. Gracq, Au château d'Argol, 1938, p. 67.
. [P. anal. avec la poule couvrant de ses ailes les poussins] Pour suggérer une idée de protection. Sous l'aile de :
108. J'allais entrer dans la marine en 1783 quand la flotte de Louis XVI surgit à Brest : elle apportait les actes de l'état civil d'une nation éclose sous les ailes de la France.
F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 579.
. Plus rarement. [P. anal. avec les ailes d'un oiseau rapace] Pour suggérer au contraire l'idée d'une menace, d'un étouffement :
109. (...) Le silence élargi déploya
Ses deux ailes de plomb sur les choses tremblantes.
Puis, brusquement, le ciel convulsif flamboya.
Ch.-M. Leconte de Lisle, Poèmes barbares, Qaïn, 1878, p. 19.
. Rare. Donner des ailes (à qqc.). Faire prendre de l'importance, faire s'étendre :
110. Cet oubli passa pour du mépris et donna des ailes à la calomnie.
Stendhal, Lucien Leuwen, t. 2, 1836, p. 178.
− [L'aile est attribuée à une pers.] Pour suggérer l'élan, l'idéal, la vitalité qui l'animent :
111. Oui, ma vie! Oui, tout rit à deux âmes fidèles.
Tu viens : l'été, l'amour, le ciel, tout est à moi!
Et je sens qu'il m'éclôt des ailes
Pour m'élancer vers toi!
M. Desbordes-Valmore, Élégies, Le Présage, 1833, p. 153.
. Coup d'aile. Élan, mouvement :
112. Ils ont le pouvoir, ils ont l'argent; ils trouvent même autour d'eux des dévouements, un besoin de se donner. Ce qui leur manque, c'est la spiritualité, c'est la flamme, c'est le coup d'aile.
M. Barrès, Mes cahiers, t. 9, 1ersept. 1911-1erjanv. 1912, p. 188.
. Pour suggérer l'idée que cette personne protège qqn ou qqc. :
113. ... la vague mélancolie physique dont sont atteintes les jeunes filles qui n'ont jamais quitté l'aile maternelle lui imprimait alors une sorte d'idéal.
H. de Balzac, César Birotteau, 1837, p. 103.A.− Arg. ou pop. 1. Aile. Bras : 66. − Mademoiselle, voulez-vous accepter mon aile. (...)
− Prends mon aile, s'y te touche, je le crève.
Ch. Virmaître, Dict. d'argot fin-de-siècle,1894, p. 6. 2. Voleuse à l'aile : 67. [Une femme, feignant de se tromper, prend votre bras par derrière.] Votre compagne est une voleuse à l'aile (l'aile ou l'aileron, c'est le bras du pante)!
Hogier-Grison, Les Hommes de proie,Le Monde où l'on vole, 1887, p. 282. 3. Avoir un coup dans l'aile. Être ivre. 4. Aile de pigeon. ,,Vieux camarade.`` (Ch.-L. Carabelli, [Langue populaire]). B.− Loc. diverses plus ou moins usuelles ou fam. 1. Loc. où l'aile est symbole de mouvement, d'élan, de rapidité, d'épanouissement, de réussite, de vie. a) [En parlant d'une pers.] Avoir des ailes. Se mouvoir avec facilité, être leste, rapide : 68. ... Séphora court à la fenêtre juste à temps pour voir Christian II franchir le perron d'un air vainqueur. Il plane, il a des ailes.
A. Daudet, Les Rois en exil,1879, p. 426. b) [Le compl. d'attrib. est une pers., un animal] Donner des ailes à. Faire courir rapidement : 69. Dans ce moment, un char paroît à l'extrémité de la plaine. Penchée sur les coursiers, une femme échevelée excite leur ardeur, et semble vouloir leur donner des ailes.
F.-R. de Chateaubriand, Les Martyrs,t. 2, 1810, p. 104. ♦ La peur donne des ailes : 70. Tiens, Berniquet, qui se sent voué à la prison, a choisi le couvent : il se fait novice! Pour voler vers Dieu, la peur donne des ailes.
H. de Montherlant, Demain il fera jour,1949, I, 2, p. 712. c) [En parlant d'une pers., d'une collectivité] Voler de ses propres ailes. Agir sans le secours, sans la protection d'autrui : 71. Et si cela pouvait être, cet homme que nous n'aurions tenu qu'à l'aimable état de chrysalide, pour voler de ses propres ailes, il lui eût fallu sortir du cocon de sa pensée?
A. Breton, Les Manifestes du Surréalisme,1930, p. 121. − Rare. [En parlant d'une chose] :
72. Lorsque l'œil, se confiant à ses premières habitudes, aux leçons qu'il a reçues du tact, commence à voler de ses propres ailes, et va saisir la couleur à l'extrémité des rayons où la main avait déjà rencontré la résistance, cette impression simple et isolée de couleur suffit pour effectuer dans le centre cérébral la détermination ou l'idée de résistance, associée par une constante répétition; ...
Maine de Biran, De l'Influence de l'habitude sur la faculté de penser,1803, p. 75. 2. Loc. où aile a la même valeur, mais qui suggèrent par ailleurs une idée d'empêchement, d'obstacle. − [En parlant d'une pers., d'une entreprise, d'une idée] Avoir du plomb dans l'aile. Être sérieusement touché : 73. Mardi 30 août. Gambetta a décidément du plomb dans l'aile et les popularités ne se refont pas plus que les virginités.
E. et J. de Goncourt, Journal,août 1881, p. 126. 74. Un équilibre, dans la paix, est-il seulement concevable, avec les éléments actuels? L'idéal démocratique a du plomb dans l'aile.
R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 898. − En avoir dans l'aile. [En parlant d'une pers.] Être malade, subir un revers, un échec; être amoureux : 75. Voici mon frère, dit-il à l'amazone... Traitez doucement le pauvre garçon; il en a dans l'aile depuis un certain jour qu'il vous a vue au Louvre.
P. Mérimée, Chronique du règne de Charles IX,1829, p. 98. ♦ P. ext. : 76. Enfin, cette chère Commission en a dans l'aile.
Le Figaro,3 juill. 1888(L. Larchey, Dict. hist. d'argot, Nouv. suppl., 1889, p. 4). − En donner dans l'aile. Rendre amoureux : 77. C'est une magicienne, aimable petit Brettinoro; une ensorceleuse, une Circé, une Manto, que la charmante qui m'en a donné dans l'aile. Elle laisse reposer sur mon visage son regard de Cynthie égarée au royaume des Ondines, et voilà ma gueuse d'âme qui me quitte, qui s'en va, qui s'enfuit je ne sais où, telle une somnambule.
O.-V. Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 44. − Baisser l'aile. Être triste, fatigué, découragé. − Battre des ailes, de l'aile. Chercher à s'élancer, à s'élever, à se réaliser sans y parvenir : 78. Et de même que sous ses doigts [de Désirée] les petits oiseaux morts retrouvaient un semblant de vie, ses illusions, ses espérances mortes elles aussi (...) battaient encore des ailes de temps en temps avec un effort mêlé d'angoisse et l'élan d'une résurrection.
A. Daudet, Fromont jeune et Risler aîné,1874, p. 239. ♦ Battre de l'aile. Être en difficulté : 79. ... son personnel [de Ferry] (...) haïssait Clemenceau, lui prêtait les pires noirceurs et, pour son journal qui battait de l'aile, des combinaisons malpropres.
L. Daudet, La Vie de Clemenceau,1942, p. 56. ♦ Ne battre que d'une aile. Avoir perdu de sa vigueur, de son crédit, de sa prospérité : 80. À partir de ce moment, la fabrique ne battit plus que d'une aile; petit à petit les ateliers se vidèrent, chaque semaine un métier à bas, chaque mois une table d'impression de moins.
A. Daudet, Le Petit Chose,1868, p. 10. 81. Alors, un beau jour, on entend dire : − Vous savez... Gontran; je viens de le revoir. Il est fichu.
Depuis huit jours, il ne battait plus que d'une aile. Il répétait : « Je sens, je sens que je m'en vais. » Pourtant on espérait encore. Mais c'en est fait.
A. Gide, Les Nouvelles Nourritures,1935, p. 294. − Arracher, brûler, casser, couper, rogner les ailes. ♦ Arracher, brûler, casser, couper, rogner les ailes à qqn. Lui retrancher de ses richesses, de son autorité, de son pouvoir, de son assurance. ♦ Arracher, brûler, casser, couper, rogner les ailes à qqc. Lui ôter tout pouvoir, tout élan : 82. Mais les échevins sont là; ils rognent les ailes au génie sous prétexte d'alignement.
L. Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 243. 83. Ne craindra-t-il pas, s'il ne casse les ailes à ses idées, d'épouvanter les éditeurs prudents, les journaux timides?
J. Vallès, Les Réfractaires,1865, p. 23. 84. Notre âme a peur... peur de banni!
Elle recule devant la mort et plus encore devant la vie. Elle redoute tout ce qui lui ôte l'espérance, tout ce qui la limite, l'emprisonne et l'étouffe, tout ce qui lui coupe les ailes. Or la vie détruit tous ses rêves et la mort lui fait regretter la vie.
H.-F. Amiel, Journal intime,10 avr. 1866, p. 236. − S'arracher, se brûler, se casser les ailes, griller ses ailes : 85. − (...) Elles s'inclinent devant Dieu comme des herbes qu'un vent presse, sans malice, sans trouble, sans beauté. Elles se tiennent pour peu remarquables et savent qu'elles ne doivent quelque valeur qu'à leur effacement devant Dieu.
− Alissa! m'écriai-je, pourquoi t'arraches-tu les ailes?
A. Gide, La Porte étroite,1909, p. 570. 86. Je suis sûre que sous votre gravité de jeune quakeresse, vous êtes toute prête à vous brûler les ailes comme un petit insecte éphémère, à la première bougie venue...
J. Anouilh, La Répétition,1950, III, p. 87. − Gagner de l'aile : 87. Le fait est que Chambre, Sénat, ministres gagnent de l'aile et laissent bravement à la Cour de Cassation le soin de nous tirer d'affaire. MM. Dupuy et Freycinet ont les pouvoirs nécessaires, mais n'en veulent pas user. La Cour de Cassation n'a qu'un devoir douteux : à elle d'en faire usage pour sauver d'embarras les députés qui n'osent prendre un parti, les ministres qui n'osent agir.
G. Clemenceau, Vers la réparation,1899, p. 501. − Laisser une aile, ses ailes. Être diminué : 88. Les idéalistes comme nous doivent n'approcher de ce feu-là qu'avec beaucoup de précautions. Nous y laisserions presque toujours notre tête ou nos ailes.
E. Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse,1883, p. 194. 89. ... je veux que dans huit jours le Paris-Bonheur révolutionne la place (...) la lisière bleu et argent sera connue d'un bout de la France à l'autre... Et vous entendrez la plainte furieuse de nos concurrents. Le petit commerce y laissera encore une aile.
É. Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 47. − Traîner l'aile. Être en difficulté : 90. Tante Alix était bien. Eugène traînait l'aile.
H.-F. Amiel, Journal intime,23 sept. 1866, p. 463. − Vouloir voler sans avoir d'ailes, avant d'avoir des ailes; n'avoir pas l'aile assez forte. Entreprendre une chose au-dessus de ses forces. 3. Loc. dans lesquelles l'aile est symbole de protection. − Être sous l'aile de, s'abriter sous l'aile de, vivre sous l'aile de : 91. Ce nouvel état, de vivre sous l'aile de sa mère, défrayé de tout, et dans une insouciance de petit garçon, fut de son goût. Il ne demanda qu'à le conserver. Il le conserva vingt ans.
H. de Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 758. − Prendre sous son aile, couver de ses ailes, couvrir de ses ailes, garder sous ses ailes, mettre sous son aile : 92. Voilà encore un ennui qui va vous arriver; car je m'adresserai encore à vous pour mille soins fraternels et paternels; vous avez pris les Contemplations sous une de vos ailes; voudrez-vous prendre les Petites épopées sous l'autre?
V. Hugo, Correspondance,1857, p. 276. 4. Loc. dans lesquelles l'aile − que l'on enlève − représente un profit. − Vx. Tirer pied ou aile de (ou à) qqc., de qqn, rapporter ou emporter pied ou aile de qqc. En tirer ou en rapporter quelque avantage : 93. Chacun se lance; non : à la cour, on se glisse, on s'insinue, on se pousse. Il n'est fils de bonne mère qui n'abandonne tout pour être présenté, faire sa révérence avec l'espoir fondé, si elle est agréée, d'emporter pied ou aile, comme on dit, du budget, et d'avoir part aux grâces.
P.-L. Courier, Pamphlets politiques,Lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-1820, p. 33. 94. ... cette grande dame vient me demander quelque chose qui dépend de moi uniquement (...); j'ai toujours pensé que l'arrivée de ce neveu m'en ferait tirer pied ou aile.
Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 230. 95. J'ai appris à Fontainebleau qu'il y avait à Londres une serre admirable... Si je l'avais su plus tôt, j'aurais essayé de vous en rapporter pied ou aile.
P. Mérimée, Lettres à Madame de la Rochejacquelein,1870, p. 159. − Tirer une plume de l'aile à qqn, arracher une plume à l'aile de qqn. Lui extorquer quelque chose : 96. ... ça faisait vingt-cinq mille. Une affaire superbe! De toutes les façons, Muffat la [Rose Mignon] lâchait; c'était un joli tour de force [pour son mari] d'avoir tiré cette dernière plume de son aile.
É. Zola, Nana,1880, p. 1344. Prononc. − 1. Forme phon. : [εl]. Passy 1914 transcrit [ε
ˑ] mi-long; Goug. 1961 transcrit une durée longue. Pour l'explication de cette durée, cf. abaisser. − Rem. DG transcrit le mot avec une durée longue; Fér. Crit. t. 1 1787, cependant, a déjà senti cette syllabe comme brève : ,,Ce mot se prononce comme elle, pr. pers., mais s'écrit bien différemment.`` 2. Homon. : elle (pron.), hèle (il, verbe héler), ale (subst. fém.). 3. Dér. et composés : ailer, aileron, ailetage (cf. Lar. encyclop.), aileter (cf. ibid.), ailette, ailier, alifère, aliforme, aligère. Étymol. ET HIST. − Entre 1121 et 1135 « partie du corps des oiseaux qui leur sert à voler » (Philippe de Thaün, Bestiaire, éd. Walberg, 1250 ds T.-L. : De chameil dous piez at [Assida], D'oisel dous eles at); d'où p. ext. 1. 1172-1174 « partie latérale d'un bâtiment » (G. de Pont-Sainte-Maxence, La Vie de St Thomas le martyr, éd. Walberg, 5651, ibid. : Pur l'iglise del Nort, e en l'ele del Nort, E vers le Nort turnez, suffri sainz Thomas mort); 2. av. 1307 « partie latérale d'une armée en ordre de bataille » (Guillaume Guiart, Branche des Royaux Lignages, éd. Buchon, II, 11225, ibid. : Leur granz batailles ordenoient, Dont moult furent longues les eles); 3. id. « flanc d'un navire » (Id., op. cit., id. II, 10229, ibid. : La nef Gui de Namur... Cele ou l'amiraut est costoie De tel äir au trespasser Qu'ele en esmie et fait quasser Du lonc de l'un costé les eles); 4. 1546 anat. « moitiés inférieures des faces latérales du nez » (Ch. Estienne, Dissect. des Parties du Corps, 17, 9 ds Quem. t. 1 1959 : aelles du nez [ou] narines [ou] pinnes); 5. 1680 (Rich. t. 1 : ailes de moulin à vent. On parle d'ordinaire de la sorte, mais les meuniers disent les volans d'un moulin à vent).
Du lat. ala attesté dep. Plaute, Bacch., 51 ds TLL, 1463, 84, à l'emploi 1 dep. Vitruve, 4, 7, 2, ibid., 1468, 41; à l'emploi 2 dep. Cato, Orig., 99, ibid., 1469, 18. STAT. − Fréq. abs. litt. : 6 432. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 9 961, b) 13 098; xxes. : a) 8 234, b) 6 883. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bar 1960. − Barb.-Cad. 1963. − Baudr. Chasses 1834. − Baudr. Pêches 1827. − Baulig 1956. − Bél. 1957. − Bible 1912. − Boiss.8. − Bouillet 1859. − Bréz. Pierre 1968. − Canada 1930. − Chabat t. 1 1875. − Chauss. 1969. − Chautard 1937. − Chesn. 1857. − Comte-Pern. 1963. − Cuisin 1969. − Daire 1759. − Darm. Vie 1932, p. 111. − Dauzat (A.). L'attraction paronymique dans le français populaire contemporain. Archivum romanicum. 1937, t. 21, p. 202. − Dauzat (A.). Études de linguistique française. 2eéd. Paris, 1946, p. 254 (Bibl. du Fr. mod.). − Duf. t. 1 1965, p. 361. − Dumas 1965 [1873]. − Dup. 1961. − Éd. 1967. − Esn. 1966. − Fér. 1768. − France 1907. − Gautrat 1970. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Giteau 1970. − Gottsch. Redens. 1930, pp. 82-84; p. 96, 121. − Gruss 1952. − Guilb. Astronaut. 1967. − Guilb. Aviat. 1965. − Jal 1848. − Jossier 1881. − Lacr. 1963. − Larch. 1880. − La Rue 1954. − Lavedan 1964. − Le Breton 1960. − Le Clère 1960. − Leloir 1961. − Littré-Robin 1865. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 145, 234. − Michel 1856. − Mont. 1967. − Noter-Léc. 1912. − Nysten 1814-20. − Poignon 1967. − Pope 1961, § 182, 231, 494, 589, 687, 708, 725, 1098. − Prév. 1755. − Privat-Foc. 1870. − Remig. 1963. − Rog. 1965, p. 45. − Sain. Lang par. 1920, p. 411. − Sandry-Carr. 1963. − Sandry-Carr. Cycl. 1963. − Séguy 1967. − Soé-Dup. 1906. − Timm. 1892. − Will. 1831. − Zastrow (D.). Entstehung und Ausbildung des französischen Vokabulars der Luftfahrt mit Fahrzeugen ,,leichter als Luft`` (Ballon, Luftschiff) von den Anfängen bis 1910. Tübingen, 1963, p. 210, 388, 410, 459, 468 (Beih. zur Z. rom. Philol. 105.). |