| ÉMONCTOIRE, subst. masc. A.− ANAT., PHYSIOL. Organe ou canal servant à l'élimination des déchets, à l'évacuation des sécrétions de l'organisme. Émonctoires naturels : anus, narines, reins, pores de la peau, urètre; émonctoires artificiels : cauthère, vésicatoire : L'insuffisance des grands émonctoires, tels le rein et le foie, entraîne une auto-intoxication de l'organisme, due à la rétention de produits qui eussent dû être normalement éliminés avec l'urine ou avec la bile.
Delay, Ét. de psychol. méd.,1953, p. 213. − P. métaph. Sans doute cette persécution (...) comme tant d'autres, eût pu susciter des héros, elle n'a malheureusement réussi qu'à décharger les émonctoires d'une foule de palabreurs et d'avocats (Bernanos, Gde peur,1931, p. 135). B.− Au fig., péj. [En parlant de pers., de choses qui éliminent ce qui est superflu ou nuisible] Il retrouve l'épiderme éléphantin des mendiants dans l'enveloppe noire et rugueuse des vieux chênes; (...) des trous baillent, des orifices où l'écorce fait bourrelet sur des entailles en ovale, des hiatus plissés qui stimulent d'immondes émonctoires (Huysmans, Là-bas, t.2, 1891, p. 20).J'avais exigé que ses parents (...) s'abstinssent de venir chez nous. Offense qui ne sera jamais pardonnée. La vierge sale issue de leurs émonctoires nous gratifie d'une scène atroce (Bloy, Journal,1899, p. 353). Prononc. et Orth. : [emɔ
̃ktwa:ʀ]. Ds Ac. 1694 puis 1762-1932. Gattel 1841 enregistre le mot au pluriel. Étymol. et Hist. 1314 emontoire (H. de Mondeville, Chirurgie, 1485 ds T.-L.). Empr. au lat. médiév.emunctorium attesté au xiiies. dans le sens méd. (Latham), en b. lat. au sens de « instrument pour moucher les chandelles » (de emunctum part. passé de emungere « moucher »). Fréq. abs. littér. : 5. |