VIERGE, subst. fém. et adj.
Étymol. et Hist. A. Empl. adj.
1. « (en parlant d'une fille) qui n'a eu de relation avec aucun homme » [fin
xes. lat. (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 353: la soa madre [du Christ]
virgo fu)] 1119
virjne (
Philippe de Thaon,
Comput, éd. E. Mall, 1356);
2. en parlant d'une chose
a) 1269-78 « intact, qui n'a pas été utilisé »
cire vierge (
Jean de Meun,
Rose, éd. F. Lecoy, 19460);
b) 1588 « qui n'a pas été souillé » suivi de
de [
maison]
vierge de sang et de sac (
Montaigne,
Essais, III, 9, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 966);
c) 1611 « pur de tout mélange »
or vierge (
Cotgr.);
d) 1780 « (d'un sol) qui n'a pas été cultivé »
terres vierges (
Raynal,
Hist. phil., XI, 25 ds
Littré); 1868 alpin.
cimes vierges (
Annuaire du Club alpin suisse, p. 76 ds
Quem. DDL t. 27);
3. 1588 « (en parlant d'une abstraction) qui ne peut faillir, incorruptible »
volonté si vierge et si froide (
Montaigne,
op. cit., III, 5, p. 866); 1686 [
justice]
vierge et incorruptible (
Bossuet,
Oraison funèbre Le Tellier ds
Œuvres, éd. B. Velat et Y. Champailler, 1961, p. 186).
B. Subst.
1. a) « fille qui n'a eu de relation avec aucun homme »
ca 1050 en parlant de la mère du Christ (
St Alexis, éd. Chr. Storey, 89: El num la
virgine ki portat salvetet); 1130-40 (
Wace,
Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 595; 604: Al temple Deu remest Marie, O altres
virgenes fu norrie);
b) id. en parlant d'un homme [St Jean] (
Id.,
ibid., 1228; 1589);
c) fin
xiies. [les]
sottes virgines désigne les vierges folles [
Matth. XXV, 1-13] (
Sermons de St Bernard, éd. W. Foerster, p. 17, 1);
2. a) 1130-40
la Sainte Virgene (
Wace,
op. cit., 1798);
b) 1643 « représentation de la mère du Christ » (
Poussin,
Corresp., 235 ds
Quem. DDL t. 18);
3. ca 1140 « femme célibataire consacrée au service de Dieu, dont la chasteté est reconnue par l'Église » (
Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 125: de martires et de
virgines);
4. 1512 désigne le signe du zodiaque (J.
Lemaire de Belges,
Illustrations, I, 184 ds
Quem. DDL t. 3). Empr. au lat.
virgo, -inis « jeune fille, vierge », en appos.
virgo filia « fille vierge »; désigne spéc. les Vestales (
Virgines), Diane (
Virgo); terme de cosmographie « constellation de la Vierge » (
Cicéron); fig. en appos. « vierge, qui n'a pas encore servi » (
terra virgo,
Pline). Le développement sém. du mot se fait en rel. avec la théol. chrét., notamment en parlant du Christ et de sa Mère,
cf. ives.,
Hier.,
Iov., 2, 8:
ille [
Christus]
virgo de virgine; Virgo immaculata « la Vierge Marie » (
Ambr.,
Ep., 42, 4 ds
Blaise Lat. chrét.).
Virginem a été rendu par
virgene, puis
virge par élimination de la syll. finale; devenu
vierge par développement de
e entre
i et
r suivi de cons. (
Pope, § 644 et § 500).