TRÔLER, TROLLER, verbe
Étymol. et Hist. 1. 1561 intrans. cynégét. « aller de-ci de-là en parlant d'un chien qui court sans avoir aucune piste »
balancer et troller (J.
du Fouilloux,
La Vénerie, éd. G. Tilander, chap. 58, ligne 26-27, p. 137); 1759
id. trôler (
Rich.);
2. av. 1564
id. troller « aller de-ci de-là, aller en divers lieux » (
Calvin,
Serm. sur la prophétie de Christ, 3 [XXV, 627] ds
Hug.);
cf. 1640 (
Oudin Curiositez); 1680
trôler (
Rich. qui précise « mot burlesque du peuple de Paris »);
3. 1662 trans. « mener (quelqu'un) partout avec soi »
qu'on vous trolle (
Richer,
Ov. bouff., 68 ds
Brunot t. 4, p. 354); 1732
id. trôler (
Trév.). Du lat. pop.
*tragŭlare « suivre à la trace » (v.
tracer), dér. de
trahere formé soit à partir de
tragula « herse » soit parallèlement à *
traginare, dér. dir. de
trahere, v.
traîner d'où le m. fr.
treler (var.
traler, treiller) 1376 « chercher la bête avec les chiens sans avoir aucune piste et sans avoir quêté auparavant avec le limier » (
Modus et Ratio, éd. G. Tilander, v. gloss.),
trailler 1387-89 (
Gaston Phébus,
Livre de chasse, éd. G. Tilander, 19, 60:
traillant sans limier);
troller s'explique par une forme
*tragŭllare sortie par changement de suff. de
*tragulare et att. aussi par le cat.
trahullar « se balader » (
cf. sous
*Brag, FEW t. 1, p. 492); hyp. contestée par Tilander ds
Z. rom. Philol. t. 67, p. 175 et ds les
Mél. d'étymol. cyn., p. 196 − qui suppose un double développement de
tragulare dû à la chute plus ou moins tardive du
ŭ
atone:
*tragulare >
traglare >
trailler et
*tragŭlare >
trauulare >
trauler >
troler sans donner les raisons d'une telle différence (v.
FEW t. 13
2, p. 176).