TERREUR, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. 1. 1375 « crainte violente ressentie » sing. et plur. (
Bersuire,
Tit. Liv., Bibl. nat. 20312 ter, fol. 59 v
oet 36 ds
Littré);
ca 1590 suivi d'un déterm. introd. par
de [génitif objectif] (
Montaigne,
Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 445);
2. 1587 « ce qui inspire une grande peur » ici, en parlant de pers. (
Lanoue,
Discours pol. et milit., Basle, Fr. Forest, p. 238: s'appelans [les nobles] les bras de patrie, les gardiens des armes, et la
terreur des ennemis);
3. 1749 p. ext. « individu dangereux qui sème la peur » (lang. poissard d'apr.
Esn.).
B. Terme pol.
1. 1748 « principe gouvernemental du despotisme » (
Montesquieu,
Esprit des lois, VI, 9 d'apr. G.
Van den Heuvel ds
Actes 2ecolloque de lexicol. pol. 1980, t. 3, 1982, p. 894: le gouvernement despotique, dont le principe est la
terreur); 1789, 1
ermars terme crit. utilisé dans les pamphlets contre le despotisme (
L'Aristocratie enchaînée, p. 14,
ibid., p. 895 et note 20: Louis XI et Richelieu [...] substituèrent la
terreur à la confiance);
2. a) 1789, 11 nov. désigne un moyen d'atteindre un but pol. [l'ordre social fondé sur l'égalité] par la résistance et l'émeute (
Marat ds
L'Ami du peuple d'apr. G.
Van den Heuvel,
ibid. et note 23: ce sont elles [les émeutes] qui l'ont rappelée [la faction aristocratique des États généraux], par la
terreur, au devoir),
cf. H.
Kessler,
Terreur. Ideologie und Nomenklatur, Munich, 1973, p. 9
sqq. et 68
sqq.;
b) 1793, 30 août empl. du concept de terreur lié aux exigences de l',,armée révolutionnaire`` (
Royer à la séance des Jacobins d'apr. G.
Van den Heuvel,
ibid., p. 898 et note 35: Plaçons la
terreur à l'ordre du jour),
cf. A.
Geffroi ds
Mél. Guilbert (L.), pp. 125-126; formule souvent mythifiée: 1793, nov.
sainte terreur (
Musset et
Delacroix au Comité de Salut public d'apr. G.
Van den Heuvel,
ibid., p. 899 et note 42); 1794, 5 févr.(
Robespierre,
ibid. et note 45: la
terreur n'est autre chose que la justice promte, sévère, inflexible [...] elle est une conséquence du principe général de la démocratie, appliqué aux pressants besoins de la patrie),
cf. H.
Kessler,
op. cit., p. 159
sqq.;
c) 1795, 3 juill. désigne l'époque où fut appliqué ce mode de gouvernement (ds R.
Cobb,
Armée révolutionnaire, t. 2, 1963, p. 725 d'apr. G.
Van den Heuvel,
ibid., p. 902 et note 68: pendant la
Terreur),
cf. H.
Kessler,
op. cit., p. 179. Empr. au lat.
terror « terreur, épouvante » [
terrorem inferre;
terror belli]; « objet qui inspire la terreur ».
Cf. l'a. prov.
terror « menace grave, intimidation » terme de dr. 1254 doc. Arch. Narbonne ds
Levy (E.)
Prov.