Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

notices corrigéescatégorie :
SÉMANTIQUE, subst. fém. et adj.
Étymol. et Hist. 1. 1561 (Collange, Polygraphie, 14 r ods Delb. Notes mss: Lesquelles [vingt quatre lettres de l'alphabet] j'ay par bon ordre proposees a autant de dictions et paraphrasmes symentiques qui pourront servir pour toute simple description de tous et de tant de secrets que l'operateur voudra), attest. isolée; 2. 1875 art. milit. « art de mouvoir les troupes à l'aide de signaux » (Lar. 19e) − 1895, Guérin Suppl.; 2. a) 1879 (M. Bréal, Lettre à Angelo de Gubernatis, cité ds Hist. épistémol. lang., t. 3, fasc. 2, p. 128, note 8: Je prépare aussi un livre sur les lois intellectuelles du langage, auquel je travaille depuis des années: ç'est ce qu'on peut appeler la sémantique); b) 1897 adj. rapport sémantique (Thomas (A.) Essais, p. 172). Formé sur le gr. σ η μ α ι ́ ν ω « signifier » (cf. gr. σ η μ α ν τ ι κ ο ́ ς « qui signifie »; cf. chez Aristote φ ω ν η ́ « son, voix » σ η μ α ν τ ι κ η ́); à rapprocher de 2 le sens part. de σ η μ α ι ́ ν ω « faire un signal » d'où « donner un ordre, diriger une armée » et σ η μ α ́ ν τ ω ρ « qui donne le signal ou les ordres, qui commande ». En angl. l'adj. semantic est att. en ling. dès 1894 (v. NED Suppl.2), au sens gén. en 1665 semantick Philosophy (v. NED), et le subst. semantics dès 1893 (v. NED Suppl.2).

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
I. 0. subst. fém. « rapport entre l'ensemble des signes d'une langue et de leurs référents ». Attesté depuis 1887 (Lundell, RPGR 1, page 237, in Google, Recherche de Livres : ce n'est pas assez d'étudier les dialectes par provinces, il faut les étudier par cantons, par paroisses, quelquefois même par villages. D'ailleurs, la syntaxe et la sémantique n'ont guère été étudiées). - 
I. A. subst. fém. « domaine de la linguistique qui a pour objet l'étude d'une langue du point de vue de la signification ». Attesté depuis 1874 (C de G, RCHL, no 33, 15 août 1874, page 98, in Gallica : j'en dirai autant pour l'article où l'auteur, à propos des mots pugnus et pugna, rapproche des exemples où le poing a servi à former des verbes signifiant "combattre". […] Tout en se laissant aller à des études de sémantique (c'est ainsi qu'on pourrait appeler cette science), il y mêle quantité de choses étrangères et disparates). - 
I. B. subst. fém. « ensemble des règles de construction des expressions bien formées, ainsi que les règles de déduction opérant à partir des axiomes » (logique). Attesté depuis 1955 (Rougier, Traité, page 262 : un énoncé sera dit doué de sens empirique, à l'intérieur d'une théorie physique ou d'un langage objectif (se rapportant à un contenu), s'il est conforme à la syntaxe logique et à la sémantique de cette théorie ou de cette langue, c'est à dire si, étant logiquement possible, il est susceptible d'être vérifié ou infirmé en vertu des règles qui font correspondre les termes de cette théorie ou de cette langue à un donné préalablement choisi). - 
II. A. 1. a. adj. « qui relève du rapport à la signification d'un mot ou d'une structure linguistique ». Attesté depuis 1897 (Thomas, Essais, page 172 : Le dictionnaire général de MM. Adolphe Hatzfeld et Arsène Darmesteter est plus tranchant : il fond les trois mots en un, ce qui est logique, du moment qu'on admet un rapport sémantique entre eux). Contrairement à la tradition lexicographique qui relève une première attestation isolée en 1561 (citée d'après Delboulle 19e siècle, cf. TLF), il nous a semblé plus prudent d'écarter ce témoignage en raison du sens incertain de symentiques. - 
II. A. 1. b. champ sémantique loc. nom. « ensemble des mots, des notions se rapportant à un même domaine conceptuel ou psychologique ». Attesté depuis 1946 [dans une traduction de l'allemand par P. Maillard] (Wartburg, Linguistique, page 149 : Il ne fait aucun doute que Trier, aveuglé par la lumière de ses propres découvertes obtenues en prenant pour exemple le champ sémantique de l'entendement, a dépassé ici de fort loin le but et abouti à des conclusions insoutenables. Par la suite, nous retrouvons une attestation de champ sémantique seulement à partir de 1954, dans un article écrit par Paul Imbs dans Imbs, Mél.Bruneau). - 
II. B. système sémantique loc. nom. « ensemble des aspects du système logique relatifs aux notions de satisfaction et de vérité ». Attesté depuis 1957 (Beth/Mays/Piaget, Épist. Génét., page 99 : Carnap sortirait de cette impasse en disant que le langage ordinaire est vague et ambigu, et que, si nous voulons éclaircir la notion d'analyticité, nous devons d'abord construire un système sémantique artificiel, dans lequel le fait que "oculiste" peut être substitué à "médecin des yeux" devient une règle). - 

Origine :
I. A./I. 0./I. B. Transfert linguistique : emprunt au grec σημαντικὀς adj. « qui signifie, qui indique, qui fait connaître » (attesté depuis Aristote, Bailly ; Liddell‑Scott, 1593a, σἠμαν), avec substantivation. Il semblerait que le terme ait été prononcé pour la première fois en français durant la Conférence de Grammaire de l'École pratique des Hautes‑Études ("C. de G."), à laquelle Michel Bréal participa (cf. RCHL, no 14, 3 avril 1875, 220 : Ajoutons seulement, pour prévenir tout malentendu, que les initiales C. de G. qui terminaient cet article, désignent la Conférence de Grammaire à l'École pratique des Hautes‑Études, où l'ouvrage de M. Z. avait été analysé). Par la suite, le mot a été repris par Michel Bréal [1832–1915] en 1879 (cf. TLF), qui a fait partie du comité de rédaction de la RCHL de 1872 à 1878. Michel Bréal, essentiellement connu pour avoir été le fondateur de la sémantique en tant que "science des significations", contribuera très largement à la diffusion du terme grâce à son ouvrage retentissant, publié en 1897 (Bréal, Essai de sémantique). Le terme sémantique au sens de « domaine de la linguistique qui a pour objet l'étude d'une langue du point de vue de la signification » a supplanté sémasiologie, utilisé depuis le début du 19e s. par les grammairiens (cf. TLF s.v. sémasiologie). À partir de I. A., le français a développé, par extension, les sens I. 0. et I. B. Cf. von Wartburg in FEW 11, 425a, semantikós 3.
II. A. 1. a. Formation française : conversion du substantif sémantique (cf. ci‑dessus I. 0./A./B.).
II. A. 1. b. Transfert linguistique : calque de l'allemand Bedeutungsfeld subst. neutre « ensemble des mots, des notions se rapportant à un même domaine conceptuel ou psychologique » (attesté depuis 1924, Ipsen, Mél. Streitberg, 225 : Diese Verknüpfung aber ist nicht als Aneinanderreihung an einem Assoziationsfaden gemeint, sondern so, daß die ganze Gruppe ein, "Bedeutungsfeld" absteckt, das in sich gegliedert ist ; wie in einem Mosaik fügt sich hier Wort an Wort, jedes anders umrissen, doch so, daß die Konturen aneinander passen und alle zusammen in einer Sinneinheit höherer Ordnung auf –, nicht in einer faulen Abstraktion untergehen). Le terme est ensuite repris en 1934 par le linguiste allemand André Jolles dans Jolles, BGDSL 58. Cependant le terme fait débat, ainsi Jost Trier, que l'on retient comme étant un linguiste s'étant intéressé à la théorie des champs, employait plus volontiers les expressions Sprachliches Feld, Wortfeld ou Begriffsfeld. À ajouter FEW 11, 425a, semantikós 3.
II. B. Transfert linguistique : emprunt à l'anglais logico‑semantic system loc. « ensemble des aspects du système logique relatifs aux notions de satisfaction et de vérité » (attesté depuis 1936, Quine, PNAS 22/5, 321 in JSTOR : The variables used expositorily here have no place in the language ; operators will there occur in application only to constant terms. Such are the five primitives of the logico‑semantic system occupying this paper). À ajouter FEW 11, 425a, semantikós 3.


Rédaction TLF 1992 : Évelyne Bourion. - Mise à jour 2010 : Laure Budzinski. - Relecture mise à jour 2010 : Francis Corblin ; Franz Rainer ; Yan Greub ; Xavier Gouvert ; Éva Buchi ; Nadine Steinfeld ; May Plouzeau ; Jean-Loup Ringenbach.Première mise en ligne : 29 juillet 2010. - Dernière révision : 13 septembre 2010. - Mise en ligne : 02 mars 2011.