SPECTRE, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. a) 1524 « apparition » (
Corresp. Guillaume Briçonnet et Marguerite d'Angoulême, éd. Martineau, Veissière et Heller, t. 2, p. 240);
b) 1586 (P.
Le Loyer,
Des Spectres, p. 1 ds
Gdf. Compl.:
Spectre est une imagination d'une substance sans corps qui se presente sensiblement aux hommes contre l'ordre de nature, et leur donne frayeur);
c) 1665 « être humain mort dont on a l'image du corps » (
Molière,
Don Juan, V, 5);
2. [1616 « illusion, apparence qui ne correspond pas à la réalité, faux-semblant » (D'
Aubigné,
Hist. universelle, t. 1, p. 209 d'apr.
Littré)] 1653 (Le P.
Le Moyne, Saint-Louis, p. 54);
3. 1694 « personne maigre et have qui évoque un cadavre » (
Ac.);
4. 1791
le spectrede (ici, de l'infortune) « évocation menaçante, pensée (d'une chose désagréable ou effrayante) » (
Sade, Justine, p. 341);
5. a) 1736 ([
Gersaint],
Catal. raisonné de coquilles, insectes..., p. 119: Volutes à fond blanc et taches couleur de pourpre foncé, appelées
Voluta spectorum, la
Volute des spectres, à cause des figures hideuses que représentent ces taches);
b) 1803 « chauve-souris » (
Boiste);
c) 1803 « insecte orthoptère de l'espèce des mantes » (
ibid.);
d) 1842 « genre de papillons » (
Ac. Compl.);
e) 1964 « tarsier » (
Lar. encyclop.);
6. 1830 « restes » (
Balzac,
Œuvres div., t. 2, p. 229);
7. 1872 (
Littré:
Spectres, affection de la vue dite plus souvent mouches volantes).
B. 1. 1720 « ensemble des rayons colorés résultant de la décomposition d'une lumière complexe » (P.
Coste,
Trad. Traité d'Optique de Newton, t. 1, p. 34);
2. p. anal.
a) 1883
spectre magnétique (
Jacquez,
Dict. d'électricité et de magnétisme, p. 182 ds
Quem. DDL t. 21);
b) 1964 math.
spectre d'une matrice (
Rob.);
c) 1964
spectre acoustique (
Lar. encyclop.);
d) 1969 méd.
spectre d'activité « liste des germes sensibles à un antibiotique » (
Pelt);
3. 1923 peint. « l'ensemble des couleurs (selon celles que l'on convient de distinguer dans le spectre solaire) » (
Mauclair,
loc. cit.). Empr. au lat.
spectrum, dér. de
specere, spicere « voir, regarder », utilisé comme équivalent du gr. ε
ι
́
δ
ο
ν « idole » dans la philos. épicurienne pour désigner, au plur., des simulacres, émanations d'objets physiques donnant lieu à des images mentales ou des apparitions. Au sens B pour traduire le terme
spectrum empl. par Newton (dep. 1671, v.
NED). L'angl.
spectrum est att. dep. 1936 au sens de « champ d'action ou extension de quelque chose selon son degré, sa qualité, etc. » et comme terme de math. dep. 1948 (
NED Suppl.2).