SOUVERAIN1, -AINE, adj. et subst.
Étymol. et Hist. A. Adj.
1. a) ca 1050
suverain « suprême, excellent, qui est au plus haut point dans son genre, extrême » (
Alexis, Prol., éd. Chr. Storey, p. 91);
b) 1539 spéc. « très efficace pour soigner »
souverain remede (
Est.);
2. a) déb.
xiies. « qui règne sur tout »
li suverains reis (en parlant de Dieu) (
Saint Brendan, 564 ds T.-L.);
b) 1155 « qui relève de la souveraineté divine, surnaturel » (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 7444);
c) ca 1165 « qui exerce le pouvoir, qui règne »(
Troie, 18047 ds T.-L.);
d) 1279 [ms.
xives.] « qui relève du pouvoir du souverain ou en est sa manifestation » (
Laurent,
Somme, B. N. 22932, f
o52d ds
Gdf. Compl.);
e) 1336 « qui est au degré supérieur, le plus important, principal » (Doc.
Archives du Nord, B 1573, fol. 34 ds
IGLF:
souverain marchant des tailles);
f) 1405 « dont le pouvoir de décision est sans appel »
souverainne Court (N.
de Baye,
Journal, éd. A. Tuetey, I, 43,
ibid.);
g) 1601 « qui prédomine, qui exerce une supériorité ou une domination » (P.
Charron,
De la Sagesse, éd. 1601, p. 159);
h) 1601
estats souverains « États où la puissance publique ne dépend d'aucune autre, États non subalternes à un autre » (
Id.,
ibid., p. 188);
i) 1621 « qui manifeste la supériorité, la puissance » (Th.
de Viau,
Œuvres poét., éd. J. Streicher, p. 192).
B. Subst.
1. ca 1175 « celui, celle qui détient le pouvoir dans une monarchie » (
Chroniques Ducs Normandie, 19634 ds T.-L.);
2. ca 1350 « personne qui a pour mission de diriger une communauté » (
Gilles li Muisis,
Poésies, I, 237 et 238,
ibid.);
3. 1601 « personne (monarche) ou ensemble de personnes (l'aristocratie ou l'ensemble du peuple) incarnant la puissance publique dans un État (monarchie ou république) » (P.
Charron,
op. cit., p. 188);
4. 1654 « chose ou personne qui domine, maître, maîtresse » (
Guez de Balzac,
Dissertations chrestiennes et morales ds
Œuvres, t. 2, 1665, p. 305). Issu, comme l'ital.
soprano ou la forme d'a. prov.
sobran, d'un b. lat. *
superanus dér. de
super (v.
sur étymol.) ou *
supranus dér. de
supra, à côté de formes telles que le cat.
sobira, l'a. prov.
sobeiran, sobiran à l'orig. desquelles on suppose un type *
superianus (
FEW t. 12, p. 435). Le lat. médiév.
superanus (
Du Cange) pourrait n'être qu'une relatinisation.