SOLITAIRE, adj. et subst.
Étymol. et Hist. 1. Fin
xiies. « qui est seul, qui vit dans la solitude »
simple et solitaire (
Sermons St Grégoire sur Ézéchiel, 36, 40 ds T.-L.);
2. ca 1200 « où l'on est seul, sans compagnon »
vie solitaire (
Dialogue Grégoire, 142, 21,
ibid.); 1805
plaisir solitaire « masturbation » (
Cuvier, Anat. comp., t. 5, p. 57);
3. 1546 « qui pousse à vivre solitaire » (
Est.);
4. 1285 « situé à l'écart, en pleine solitude »
lieus ... solitaires (
Rutebeuf, Vie de Ste Marie l'Égyptienne, 703-704 ds
Œuvres compl., éd. E. Faral et J. Bastin, t. 2, p. 41);
5. a) 1701 archit.
colonne solitaire (
Fur.);
b) 1803 « qui se présente seul de son espèce, qui n'est pas accompagné d'autres spécimens de son espèce »
le palmier solitaire (
Chateaubr., Génie, t. 1, p. 539);
6. a) 1759
ver solitaire (
Rich.);
b) 1839 zool. « animal qui vit isolé »
le nycticorax solitaire (
E. de Guérin, Lettres, p. 319);
7. 1805 bot. (
Lunier, Dict. des sc. et des arts, t. 3, p. 341);
8. 1933
fièvre solitaire (
Lar. 20e).
B. Subst.
1. a) ca 1200 « anachorète, religieux qui vit seul, dans un lieu retiré »
uns solitaires de grande vertut (
Dialogue Grégoire, 233, 22 ds T.-L.); en partic. 1680 « tout homme qui vit retiré » (
Rich.: les illustres
solitaires de Port-roial);
b) 1764 ornith. (
Valm. t. 3, p. 282);
c) 1834 « vieux sanglier qui vit isolé » (
Baudr. Chasses);
2. a) 1752 jeux (
Trév.);
b) 1798 joaill. (
Ac.). Empr. au lat. class.
solitarius « isolé, solitaire », dér. de
solus, v.
seul; en a. et m. fr. existaient aussi
soltain «
id. »,
ca 1160 (
Enéas, 2142 ds T.-L.),
sostain 1176 (
Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 5496),
soutain 1181-90 (
Id., Perceval, éd. F. Lecoy, 75), lat. pop. *
sōlitānus, du b. lat.
sōlitāneus « séparé, isolé » et
sultif «
id. », déb.
xiies. (
Psautier Cambridge, 101, 7 ds T.-L.,
s.v. soutif), de même étymol., avec infl. de
soutif « adroit, ingénieux », autre forme de
soutil, v.
subtil, une action adroite pouvant être une action secrète.