SERRER, verbe trans.
Étymol. et Hist. A. Verbe trans.
1. a) ca 1155 « fermer avec le verrou » (
Wace,
Brut, 5516 ds T.-L.);
b) déb.
xiiies. « enfermer, mettre en lieu sûr » (
Audefroi li Bastars, Bartsch,
Rom. et Past., I, 57, 67 ds
Gdf.);
c) ca 1485 « ranger, remiser » (
Mist. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 5783: ou on
serre les sciences par nous escriptes); 1507 (
Eloy,
Diablerie, 172, 17 ds
IGLF: Fauche son foin ou le
serre);
2. déb.
xiies. « saisir vigoureusement » (
Benoît de Ste-
Maure,
St Brendan, 498 ds T.-L.); 1616
serrer la main (
d'Aubigné,
Histoire, II, 272 ds
Littré);
3. ca 1160 « joindre » part. passé (
Eneas, 3999 ds T.-L.: menu
serrees ot les denz); 1176 en parlant de soldats part. passé (
Chrétien de Troyes,
Cligès, éd. A. Micha, 1667); d'où
a) 1636
serrer son écriture, serrer les lignes (
Monet);
b) id. serrer les rangs du bataillon (
ibid.); 1807 fig. (
Staël,
Corinne, t. 3, p. 164);
4. a) 1276 « rapprocher vigoureusement » (
Rutebeuf,
Voie de Paradis, 237, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 1, 349: Que toz jors
sont ses denz
serrees, Qui ja ne seront desserrees Se n'est por felonie dire); 1548
serrant de rage les dens (
N. Du Fail,
Baliverneries, p. 149 ds
IGLF);
b) 1480
genoulx serrez (
G. Coquillart,
Monologue, 135, éd. M. J. Freeman, p. 279);
c) id. serrer les fesses (
Id.,
Nouveaulx Droitz, 1757, p. 218);
5. 1527 « tenir à l'étroit en rapprochant à l'aide d'un lien » (1
eroct.-30 mars,
Compte d'ouvrages, 6esomme de mises, A. Tournai ds
Gdf. Compl.);
6. a) 1540 « pousser, presser quelqu'un contre un obstacle de manière à gêner ses mouvements » (
Amadis de Gaule, p. 207 ds
IGLF: à force de le
serrer l'ayant embrassé estoit tombé du cheval à terre);
b) 1648 « longer, passer au plus près de » (
Scarron,
Virgile travesti, V ds
Littré); 1678 terme de mar.
serrer le vent (
Guillet 3
epart., p. 307);
c) id. terme d'équit.
serrer la demy-volte (
ibid. 1
repart., p. 207);
d) 1679 terme d'escr.
serrer les mesures ici fig. (Cardinal de
Retz,
Mémoires, éd. A. Feillet et J. Gourdault, t. 3, p. 145);
7. 1690 « faire mouvoir un élément mobile de manière à rapprocher deux choses l'une de l'autre » (
Fur.).
B. Verbe intrans.
ca 1165 « être contracté par la tristesse (en parlant du cœur) » (
Benoît de Ste-
Maure,
Troie, éd. L. Constans, 15851).
C. 1. Ca 1165 « s'approcher de très près » (
Id.,
ibid., 22804);
2. 1170-83 « se contracter par une émotion douloureuse (en parlant du cœur) » (
Wace,
Roman de Rou, 3
epart., 2372, éd. A.-J. Holden);
3. a) 1593 « se comprimer la taille à l'aide d'un bandage » (
G. Bouchet,
Serées, XXV ds
Gdf. Compl.);
b) 1825 (
Brillat-
Sav.,
Physiol. goût, p. 45: se
serrer le nez);
4. 1678 équit. « ne pas prendre assez de terrain (d'un cheval) » (
Guillet 1
repart., p. 207). Du lat. pop.
*serrare, altér. du lat. tardif
serare « fermer » (dér. de
sera « serrure », à l'orig. « barre de bois qu'on fixait derrière la porte »), peut-être sous l'infl. de
ferrum « fer » ou
barra « barre » (v.
FEW t. 11, p. 507a).