SCIENCE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. [
Ca 1100
science « aptitude, habileté acquise dans un domaine, une activité particulière » (
Roland, éd. J. Bédier, 3003; sens incertain, Segre lit
escïence et rattache ce mot à
essïent dans
estre de tel essïent que...,
cf. éd. C. Segre, 1971, p. 534)]; 1269-78 (
Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 11409);
2. a) 1119
escience « savoir, connaissance compréhensive acquise par l'étude et la réflexion » (
Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 228);
b) 1174-76 « le savoir humain (opposé ici aux préoccupations religieuses) » (
Guernes de Pont-
Ste-
Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2512);
c) 1532 « le savoir (en tant qu'il est différent du sens moral) »
science sans conscience n'est que ruyne de l'âme (
Rabelais, Pantagruel, VIII, éd. V.-L. Saulnier, p. 47);
d) 1672
la science « le savoir de l'humanité dans sa recherche de la vérité ou de la compréhension de l'univers, par opposition au savoir d'un individu » (
Molière, Femmes savantes, IV, 3);
e) 1751
la vraie science (
D'Alembert, Discours préliminaire, Encyclop., t. 1, p. XXXV); 1842
la science pure « la science pour elle-même, sans autre but que le savoir » (
Sainte-
Beuve, Port-Royal, t. 2, p. 163); 1860
la science pure « la science fondée sur des principes rationnels et la stricte observation des faits » (
Flaub., Corresp., p. 399);
3. a) 1
remoit.
xiies. « la connaissance divine, celle que Dieu peut donner » (
Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, CXVIII, 66); fin
xves. (
Jean Molinet, Faictz et dictz, éd. N. Dupire, t. 2, p. 460: infuse en may don de grace et
science); 1456
don de science (
Antoine de La Sale, Jehan de Saintré, éd. J. Misrahi et Ch. A. Knudson, p. 39); d'où
b) 1646
science infuse « savoir inné, connaissances qui sont un don sans avoir besoin d'être apprises » (
Du Lorens, Satires, X, p. 171);
4. a) ca 1268 « ensemble, système de connaissances dans un domaine » sing. et plur. (
Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, p. 19, I, III, l. 1, I, II, l. 18); 1370
science politique, science speculative, science pratique, sciences mathématiques, science naturele (
Oresme, Trad. des Ethiques d'Aristote, éd. A. D. Menut, p. 130; p. 105, note 11; p. 331, note 8; p. 505, note 4); 1580
sciences humaines (
Montaigne, Essais, II, XII, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 559);
b) 1559
les sciences « le savoir, l'ensemble des sciences » (
Du Bellay, Deffence et Illustration, I, X, éd. H. Chamard, p. 68, 1, 131);
c) 1751 « ensemble, système de connaissances dans un domaine fondé sur des principes et des lois établis selon la rigueur des mathématiques et l'observation des faits » (
D'Alembert, op. cit., p. VI); spéc.
d) 1751
sciences exactes (Ch.-P.
Duclos, Considérations sur les mœurs, p. 247); 1787
science expérimentale (L.-S.
Mercier, Tabl. Paris, t. 5, p. 228); 1803
les sciences appelées positives (
Chateaubr., Génie, t. 2, p. 45); 1832
les sciences expérimentales (
Say, Écon. pol., p. 15);
5. 1269-78 « connaissance claire et exacte de quelque chose » (
Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 6831); 1291
de certene science « d'une façon tout à fait sûre » (
Chartes de Rethel ds
Runk., p. 11); 1654
savoir de science certaine (
Guez de Balzac, Les Entretiens, éd. 1657, p. 320). Empr. au lat.
scientia, -ae « connaissance, savoir, connaissances théoriques ».