SCEAU, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. Désigne l'empreinte
a) α) ca 1100 (
Roland, éd. J. Bédier, 486: Freint le
seel [du bref], getet en ad la cire); 1180-90 (
Alexandre de Paris,
Alexandre, III, 1597, éd. Elliott Monographs, XXXVII, p. 179: Il a prises ses letres o le
seel d'or fin); 1256, 5 avr.
scel (
Trésor des chartes de Rethel, éd. G. Saige et H. Lacaille, t. 1, p. 273); 1402
seel royal (
Pièces inédites [
...]
Charles VI, éd. L. Douët d'Arcq, t. 1, p. 244); 1403
grant séel (
ibid., p. 246); 1417
petit séel (
ibid., p. 389);
β) fin
xives. « droit de sceau » (
Eustache Deschamps,
Œuvres, VII, 220, 12 ds T.-L.);
b) 1291-95 [impr. 1529]
livre seellé de sept seaulx (
Bible en françois [trad. Guiart Des Moulins], Paris, Jehan Petit,
Apoc. V, 1,
N. T., fol. CIIIa);
c) p. ext. 1318 comm.
sayel de le vue « marque d'un vérificateur » (
Reg. de la loy, A. Tournai ds
Gdf. Compl.); 1530 « marque d'origine, de fabrique (d'un vêtement) » (
Palsgr., p. 243a);
2. ca 1175 désigne la matrice
rendre le sëel « résigner ses fonctions de chancelier » [d'Angleterre, en parlant de Thomas Becket] (
Guernes de Pont-
Ste-
Maxence,
St Thomas, éd. E. Walberg, 743); 1255
empriente de mon seel (doc. Arch. Pas-de-Calais ds
Gossen, p. 139, 26); 1260 (
Etienne Boileau,
Mestiers, 96 ds T.-L.: fonderes et moleres [...] de
sëaus); 1297
garde du seaul (doc. Arch. Yonne ds
Gdf. Compl.); 1636
garde des seaus de France (
Monet); de là
α) 1636
seau « charge, fonction de garde des sceaux, de chancelier » (
ibid.);
β) 1685 « lieu, service où l'on scelle »
au sceau (
Dangeau,
Journal, I, 241 ds
Littré);
3. fig.
a) fin
xiies. « ce qui garantit, confirme, authentifie » (
Trad. Sermons de St Bernard, éd. W. Foerster, p. 64, 11: Or est depenneie ceste uniteiz et rumpue, jai soit ceu k'ele soeleie fust del
soel de nostre signor);
b) ca 1223 « ce qui préserve, rend inviolable » (
Gautier de Coinci,
Miracles, éd. V. F. Koenig, II
Chast. 10, 543, t. 3, p. 481: brisiez n'iert ne malmis Li veus [de la nonne] qu'avez a Dieu pramis, Ne li
seax virges desfais); 1546
soubs le sceau de confession (
Rabelais,
Tiers livre, XXXIV, éd. M. A. Screech, p. 238, 27);
c) 1541 « marque distinctive, ineffaçable » (
Calvin,
Instit., X, pp. 578-79 ds
Hug.: La circoncision leur estoit [...] un
séel de la justice de foy). Du lat. vulg.
*segellum, class.
sigillum « figurine, statuette, empreinte d'un cachet [spéc. lat. chrét.
librum... signatum sigillis septem,
Apoc. V, 1]; cachet, sceau », p. ext. « signe, marque, trace », dimin. de
signum (
signe*). La graph. arbitraire
scel, sceau, peut-être pour éviter la confusion avec
seau*.