RÉPONDRE, verbe trans.
Étymol. et Hist. A. Faire connaître son sentiment, en retour, à celui qui s'est adressé à vous
1. a) trans.
α) fin
xes.
respondre suivi d'une prop. en style dir. (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 181: « Tu eps l'as deit »
respon Jesus; 289);
id. respondre a aucun id. (
ibid., 135);
ca 1050
respondre que introduisant une complétive au style indir. (
St Alexis, éd. Chr. Storey, 325: Icil
respondent que neüls d'els nel set);
ca 1100
respundre un mot (
Roland, éd. J. Bédier, 22);
β) id. respundre aucun « à quelqu'un » (
ibid., 216);
b) fin
xes. intrans.
respondre a aucun (
Passion, 216: Ad un
respondre non denat);
ca 1165 empl. abs. (
Benoît de Ste-
Maure,
Troie, 6325 ds T.-L.: Conseille t'en e si
respon);
2. 1130-40
respondre encontre « répliquer, protester » (
Wace,
Conception N.-D., éd. W. A. Ashford, 455);
ca 1165
respondre «
id. » (
Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 3212);
3. 1535 trans. « fournir une réponse à »
respondre [
une requeste] (
M. d'Amboise,
Babilon, 55 r
ods
Hug.); 1538 dr. (
Est.,
s.v. liber, libellus:
respondre a une requeste et y apposer le sceau:
libellos signare);
4. 1538 dr.
respondre (à une assignation) (
ibid.,
s.v. diluere).
B. 1. Ca 1100 p. anal. intrans. « (en parlant d'un son) se propager, se répercuter » (
Roland, 1756: e la voiz est mult lunge, Granz .XXX. liwes l'oïrent il
respundre);
id. id. « renvoyer l'écho » (
ibid., 2112);
2. a) ca 1190 intrans. liturg. (
Renart, éd. M. Roques, 12033: Si m'i estuet chanter demain Et ge n'ai clerc qui me
respoingne);
ca 1220 trans.
respondre ,,Aleluia`` (
Comte de Poitiers, 976 ds T.-L.);
b) ca 1228 empl. abs. (
Gerbert de Montreuil,
Violette, 718,
ibid.: Gerars cante [...] Ceste chançon [...], Et chascuns d'iaus
respondu a).
C. Relations d'échange, d'opposition
1. 1176-81 trans. « opposer comme contraste ou défense » (
Chrétien de Troyes,
Chevalier au lion, éd. M. Roques, 636: Bien set ancontre vilenie
Respondre san et corteisie);
2. a) fin
xiies.
respondre aucun « payer de retour par un signe, un geste, une parole semblables » (
Partonopeus de Blois, éd. J. G. Gildea, ms. A, 1210, p. 458: sis salüe, Et cil l'ont molt bel
respondüe);
b) fin
xiiies.
repondre aucune rien « ne pas décevoir, se conformer à (un souhait, une attente) » (
Sone de Nansai, 12144 ds T.-L.: pour
respondre son plaisir);
3. ca 1200 intrans. « (d'un cheval) obéir à une excitation » (
Renaud de Montauban, 185, 34,
ibid.);
ca 1210 (
Herbert de Dammartin,
Foulque de Candie, éd. O. Schultz-Gora, 55: Des [var. as] esperons ne li
respont il mie).
D. 1. 1180-1220
respondre a « être en rapport de conformité avec; correspondre à » (
Gace Brulé,
Chans., éd. H. Petersen Diggve, LXVIII, 42: c'Amors ne m'ait doneit pooir De conoistre s'ai cuer
respont la chiere);
2. ca 1265 notion de coordination, de symétrie
respondre a (
Brunet Latin,
Trésor, éd. Fr. J. Carmody, I, 186, 59, p. 164: que lor membre [des chevaux] soient bien ordenés, et les uns bien
respondans as autres).
E. Répondre de 1. 1174-76 « fournir des explications, justifier [un acte] devant une instance judiciaire »
respundre del mesdit (
Guernes de Pont-
Ste-
Maxence,
St Thomas, éd. E. Walberg, 801);
2. fin
xiies. « garantir; promettre; se porter garant de » (
Béroul,
Tristan, éd. E. Muret, 690: Du mesage ot Tristan parler, Au roi
respont de lui porter);
ca 1200
respondre de aucun (
Guiot de Provins,
Bible, 833 ds
Œuvres, éd. J. Orr, p. 35);
ca 1223 part. prés. subst. « garant » (
Gautier de Coinci,
Miracles, éd. V. Fr. Koenig, 2
Mir 18, 127: Plege ne
respondant n'aroye);
3. 1580 réfl.
se respondre de « avoir la certitude [de quelque chose] » (
Montaigne,
Essais, II, XII, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 502);
id. se respondre que «
id. » (
Id.,
ibid., I, 31, p. 203); de là
4. 1636
respondre que « affirmer hautement que » (
Monet, p. 761b). Du lat. vulg.
respondĕre (fin
ives.,
Peregr. Aetheriae, 24, 1:
responduntur, d'apr.
Vään., § 314), class.
respondēre [à l'orig. terme de la lang. relig.: « s'engager en retour; répondre à un engagement solennellement pris », de
spondere « promettre solennellement »] « faire une réponse oralement ou par écrit; répliquer, réfuter; répondre à un son, répéter, retentir; répondre à un appel, une citation de justice [notamment pour se justifier] (à basse époque « répondre pour quelqu'un, le défendre »
Itala,
Romains ds
Blaise Lat. chrét.); « donner en retour, rendre l'équivalent; répondre à l'attente, aux efforts; être l'équivalent, conforme; cadrer avec, faire le pendant à ».