ROUE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. Fin
xies.
rode « pièce de forme circulaire qui, en tournant sur un essieu, communique un mouvement » (
Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 125);
ca 1180
ruee dou char (
Proverbe au Vilain, 33 ds T.-L.); d'où loc.
a) xves. [éd. 1531]
etre la quinte roue « être inutile » (
Perceforest, t. 1, fol. 122 ds
Littré); 1700
être la cinquième roue du chariot (
Saint-
Simon, éd. A. De Boislisle, VII, 142);
b) 1559
poulser a la roue « aider à la réussite d'une affaire » (
Amyot, Pélop., 53 ds
Littré);
2. a) ca 1155
röe « disque tournant » ici fig. (
Wace, Brut, 1920 ds T.-L.: Fortune ad sa
röe tornee); 1384
roue de la fortune « décoration représentant la roue de la Fortune » (Arch. du Pas-de-Calais A 541
ads
Gay); d'où 1609
sur le haut de la roue « dans une grande prospérité » (
Régnier, Sat., XIV, 48, éd. G. Roubaud); 1666
au plus haut de la roue (
Boileau, Sats., V, 66, éd. A. Cahen);
b) 1690
rouë de Fortune « tambour où l'on enferme les numéros pour les tirer au sort » (
Fur.);
3. a) déb.
xiies.
roe « au purgatoire, grande roue à laquelle sont accrochés des gens qui tournent à toute vitesse » (
Benoit, Voyage de St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1360);
b) 1534 « roue où l'on attachait les condamnés » (
Edit, janvier ds Isambert, Rec. gén., t. 12, p. 400 [sens att. indirectement par le dér.
enrouer « soumettre au supplice de la roue », déb.
xiiies.
Jean Bodel, Jeu de St Nicolas, éd. A. Henry, 537]);
4. a) 1174-76 « objet de forme circulaire qui entre dans la constitution d'une machine comme organe de transmission » (
Guernes de Pont-
Sainte-
Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 223);
b) 1757
roue de gouvernail « roue munie de poignées qui sert à manœuvrer le gouvernail » (
Encyclop. t. 7, p. 782);
5. p. anal.
a) 1269-78
faire la roe (d'un paon) et p. ext. « déployer en rond le bas d'un vêtement » (
Jean de Meung, Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 13538: et li souviegne de la
roe Que li paons fet de sa queue: face ausinc du mantel la seue); d'où fin
xives. « se pavaner » (
Eustache Deschamps, Balades, éd. De Queux de Saint-Hilaire, t. 4, 318);
b) 1734
faire la roue « tourner sur soi-même » (
Crebillon Fils,
L'Ecumoire, p. 232); 1870 gymn. (
Littré);
6. 1725
roue de devant « pièce de deux francs »
roue de derrière « pièce de cinq francs » (
Le Vice puni ou
Cartouche ds
Sain. Sources arg. t. 1, p. 336);
7. 1932
les deux-roues « terme générique désignant tout véhicule à deux roues » (
L'Auto, 17 janv. ds
Petiot). Du lat.
rota « roue, rouleau ». La forme
roue, dont la forme anc. et rég.
ruee, et
reue qui existe encore dans les pat. du Nord, de l'Est et de l'Ouest, est due à une réfection sur le verbe
rouer* (du lat.
rotare) et le dimin.
rouelle* (du lat.
rotella). Voir
FEW t. 10, p. 496a, note 36.