ROMAN1, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1125
ronmanz « langue vulgaire (du Nord de la France) » (
Grant mal fist Adam, éd. W. Suchier, 118: Por icels enfanz Le [le sermon] fiz en
ronmanz Qui ne sunt letrez); 1130-40 (
Wace, Vie Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, ms. M, 741: ce dit Grace [Wace], Qui de latin en
romans mist Ce que Theodimus escrist); fin
xiies.
roman (
Floovant, éd. S. Andolf, 1424: Vous me sanblez François au parler lo
roman);
2. 1155 « œuvre narrative d'une certaine longueur, écrite d'abord en vers, puis en prose (au Moyen Âge, écrite en langue vulgaire p. oppos. au latin) » (
Wace, Brut, éd. I. Arnold, 3823: Co testimonie et ço recorde Ki cest
romanz fist, maistre Wace); 1188
romant (
Aimon de Varennes, Florimont, 9 ds T.-L.); 1225-30 (
Guillaume de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 37: E se nule ne nus demande Comant je veil que li
romanz Soit apelez que je comanz, Ce est li
Romanz de la Rose, Ou l'art d'Amors est tote enclose); 2
emoit.
xiiies. (
Des deux bordeors ribauz ds
Montaiglon et
Raynaud, Rec. fabl., t. 1, p. 4: Ge sai des
romanz d'aventure, De cels de la réonde Table, Qui sont à oïr delitable);
3. 1652 « tissu d'allégations mensongères ou sans fondement » (
Guez de Balzac, Socrate chrestien, 4
edisc. ds
Œuvres, éd. 1665, t. 2, p. 220); 1656 « récit invraisemblable » (
Loret, Muze histor., 17 juin ds
Livet Molière);
4. 1659 « aventure amoureuse passionnée » (
Molière, Les Précieuses ridicules, scène 4, éd. R. Bray, p. 258). Du lat. médiév.
romanice, adv. signifiant « en langue vulgaire » (c'est-à-dire en gallo-roman) p. oppos. au lat., att. dep. le
xies. (ds
Du Cange), dér. de
romanus « Romain » qui avait pris dans la Loi Salique le sens de Gallo-roman p. oppos. à Franc Salien (v. J.
Balon, Traité de Droit Salique, lexique, t. 4 et t. 1, p. 216 sqq.). Dans
romanz, s a été pris pour la marque du cas-sujet sur lequel on a refait un cas-régime
romant, d'où
roman par chute de la cons. finale. Voir
FEW t. 10, p. 454b.