RENARD, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. a) Déb. du
xiiies.
savoir de renart « être maître dans l'art de tromper » (
Roman des sept sages, éd. J. Misrahi, 2250);
b) ca 1223 adj. « rusé, fourbe » (
Gautier de Coinci, éd. V. F. Koenig, II
Mir. 23, 263);
ca 1259 subst. (
Rutebeuf, Du Pharisien, 80 ds
Œuvres compl., éd. E. Faral et J. Bastin, t. 1, p. 253);
2. a) 1247 zool. (doc. ds
Du Cange, s.v. tesura2); 1589
jeu du renard (
ap. Bonnaffé, Inventaire des meubles de Catherine de Médicis, p. 89 ds
IGLF);
b) 1797 « peau, fourrure de renard apprêtée » (
Voy. La Pérouse, t. 3, p. 148);
3. fin du
xves.
écorcher le renard « vomir » (
Molinet, Faits et dits, éd. N. Dupire, p. 738, 71:
Renars escorchier);
4. a) 1578 « sorte de poisson » (
Du Bartas, 1èreSem., 5
eJ., p. 224 ds
Hug.);
b) 1611
regnard de mer ichtyol. (
Cotgr.);
5. sens techn.
a) 1676 « pierre attachée au bout d'une ficelle, servant aux maçons à déterminer la verticale » (
Félibien, p. 720);
b) 1678 « espèce de rose des vents » (
Guillet, III
epart.);
c) 1690 « fente, trou par où se perd l'eau (d'un canal, d'un bassin) » (
Fur.);
d) 1904 « sonnerie de trompe indiquant que les chiens de meute viennent de lancer un renard » (
Nouv. Lar. ill.);
6. a) 1829 « mouchard, espion » (d'apr.
Esn.);
b) 1839 « aspirant compagnon » (
ibid.);
c) 1909 « ouvrier non affilié à un syndicat, ou qui refuse de faire grève » (
ibid.). Empl., comme n. commun, de
Renart, nom du héros du
Roman de Renart, qui remonte au frq. *
Reginhart. La forme latinisée
Reinardus se trouve dans l'
Ysengrimus de Nivardus (1151-52), précurseur du
Roman de Renart (
Bossuat, Le Roman de Renard, p. 68). A remplacé l'a. fr.
volpil, goupil*, qui s'est maintenu jusqu'au
xviies.